La Banque mondiale "élargit la boîte à outils" de l'aide internationale avec de nouveaux instruments, a annoncé jeudi à Paris son nouveau président Ajay Banga, lors de sa première prise de parole devant la communauté internationale depuis sa prise de fonctions.
"Nous annonçons aujourd'hui une approche globale qui élargit considérablement la boîte à outils de la Banque mondiale pour la préparation aux crises", a affirmé l'Indo-américain en fonction depuis début juin, lors d'un sommet international à Paris.
La mesure jugée la plus importante par le dirigeant consiste à "offrir une pause dans le remboursement de la dette, pour que les pays puissent se focaliser sur ce qui compte (...) lorsqu'une crise survient et ne pas s'inquiéter de la facture qui va tomber", a affirmé M. Banga.
Concrètement, la Banque mondiale (BM) prévoit d'intégrer cette nouvelle clause à ses accords avec les pays les plus vulnérables.
Pour l'heure, la mesure ne concernerait que les prêts accordés par la BM mais "nous espérons en tirer des leçons et l'élargir à l'ensemble des parties prenantes", a ajouté M. Banga.
Cette proposition se rapproche fortement d'une des idées fortes de l'initiative de Bidgetown, portée par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui prévoit notamment la mise en place d'une telle pause en cas de catastrophe naturelle liée au réchauffement climatique dans un pays en développement.
Une autre mesure, annoncée par le patron de l'institution de Washington au cours d'une table ronde en compagnie notamment de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen et du ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, consiste à offrir des assurances aux États pour des projets de développement.
Dans un communiqué, la BM a également annoncé la création d'un mécanisme permettant de "proposer des solutions visant à abaisser les barrières à l'investissement privé dans les pays émergents" et ainsi associer le secteur privé au financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette idée était l'une des principales défendues par M. Banga durant sa campagne en vue de son élection à la tête de l'institution financière.
Impulsée par les États-Unis et soutenue par un certain nombre de pays dont l'Union européenne, la réforme des institutions financières internationales (IFI) est en cours de négociations depuis fin 2022.
L'objectif est à la fois d'améliorer leur gouvernance, en accordant notamment plus de place aux grands pays émergents, de renforcer leur efficacité et d'élargir leurs missions, en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.
Les réformes doivent être finalisées lors de la prochaine réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, en octobre à Marrakech.
La Banque mondiale a d'ores et déjà annoncé en mars une augmentation de la capacité de financement de son institution et de banques régionales de 5 milliards de dollars par an sur dix ans, soit 50 milliards en tout.
Ajay Banga est arrivé à la tête de l'institution après que son prédécesseur, David Malpass, a été plusieurs fois accusé de climatoscepticisme.