Dakar — Plus de la moitié des pays d'Afrique de l'Ouest affiche un taux de dépendance de 90 % des exportations de produits primaires, produits pétroliers, miniers et agricoles notamment, a déclaré, jeudi, à Dakar, la coordonnatrice des institutions spécialisées des Nations unies au Sénégal, Aminata Maïga.
« Notre sous-région ouest-africaine est caractérisée par sa forte dépendance de la production et des exportations de produits de base. Plus de la moitié de nos pays affiche des taux de dépendance de plus de 90 % envers les exportations de produits primaires, les produits pétroliers, miniers et agricoles notamment », a-t-elle signalé lors d'une réunion régionale des organisations intergouvernementales de l'Afrique de l'Ouest.
« Promouvoir les chaînes de valeur régionales et la sécurité alimentaire pour renforcer l'intégration régionale et le développement durable en Afrique de l'Ouest » est le thème de cette rencontre de deux jours.
Elle est organisée par bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique.
Le Programme alimentaire mondial, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel sont représentés à cette rencontre.
L'Afrique de l'Ouest « se prive d'opportunités de création de revenus et d'emplois » à cause de sa dépendance de la production et des exportations de produits primaires, selon Mme Maïga.
Cette dépendance est « associée à la faiblesse de son tissu industriel, qui aurait dû servir [...] de base pour la transformation des produits, les produits agricoles et miniers surtout », a-t-elle signalé.
La directrice du bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, Ngoné Diop, estime que l'Afrique regorge d'importantes ressources, dont 60 % des terres arables du monde.
Ces ressources doivent être utilisées pour « propulser le développement durable », par une agriculture verte, « fer de lance de la diversification économique », selon Mme Diop.
La CEA s'est fortement impliquée, depuis 2020, dans la suspension du service de la dette, a-t-elle dit. « Cela a permis aux pays africains d'accéder aux ressources financières leur permettant de répondre au mieux aux impératifs de sécurité alimentaire. »
Ngoné Diop a relevé « la dépendance importante de nos pays » vis-à-vis de la Russie et de l'Ukraine en matière d'approvisionnement en céréales.
Plus de la moitié des pays d'Afrique de l'Ouest dépend de ces deux pays, concernant les céréales, selon la directrice du bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique.
« Certains pays, dont le Sénégal et le Bénin, importent plus de 20 % de leurs engrais de ces deux pays (la Russie et l'Ukraine) », a-t-elle dit, estimant que cette dépendance engendre un déficit commercial pour les pays d'Afrique de l'Ouest et un « rétrécissement de leur assiette fiscale ».
« Il y a une crise de l'alimentation. On n'arrive pas à nourrir nos populations », a souligné Ngoné Diop. Selon elle, quand on n'arrive pas à satisfaire les besoins alimentaires de nos populations, la pauvreté gagne du terrain.