Le programme de digitalisation du système de santé (Pdss) fait son bonhomme de chemin au Sénégal. Les acteurs du ministère de la Santé et de l'action sociale s'activent pour mettre en oeuvre le dossier patient mais aussi pour vulgariser ce nouvel outil qui reste un défi. Et c'est dans ce cadre que la cellule de la Carte de santé sanitaire et sociale de la santé digitale et de l'observatoire de santé (Cssdos) a initié depuis hier, mardi 20 juin, à Thiès un atelier pour une meilleure connaissance de la santé numérique.
Le Sénégal s'est doté depuis 2020 du plan d'action de santé digitale à travers son programme de digitalisation de la santé. Un programme composé de six projets numériques dont ceux relatifs au dossier patient partagé et à la télémédecine. Toutefois, il faut souligner que l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins et celle des données sanitaires restent toujours une préoccupation des acteurs malgré des efforts consentis par le ministère.
Pour Dr Ibrahima Khalilou Dia, coordonnateur de la cellule de la Carte sanitaire et sociale, de la santé digitale et de l'observatoire de santé (Cssdos), le gouvernement du Sénégal a érigé en priorité la santé digitale depuis plusieurs mois. « Le Sénégal a accepté de mettre un financement de 30 milliards sur la question. Nous avons estimé qu'il était bien de sensibiliser la presse surtout celle qui travaille sur la santé », a-t-il fait comprendre. Et de poursuivre : « la santé digitale est un domaine assez nouveau et si vous n'êtes pas outillés, vous n'allez pas pouvoir être à l'aise et la presse doit en parler ».
En atelier de deux jours depuis hier, mardi, à Dakar avec les journalistes spécialisés en santé, les acteurs de la santé numérique soutiennent que la santé digitale va héberger les données médicales en ligne notamment les scanners, les Irm, les bilans qui pourront être mis dans des serveurs sécurisés pour aider le patient dans la coordination des soins. « Un patient peut avoir son dossier médical qui le suit, qui circule d'une manière sécurisée dans une base de données nationale et c'est une grande valeur ajoutée pour le patient parce qu'il y'aura des économies, des radios qu'il ne va pas reprendre mais également, il aura une meilleure prise en charge », a fait savoir Dr Dia.
Et de renseigner : « dans ledit programme, il y'a la télémédecine. Nous avons fait beaucoup d'efforts pour construire des postes de santé et des hôpitaux, mais nous pouvons faire des gains si nous arrivons à faire de la médecine entre les centres de santé et les hôpitaux. Si nous arrivons aussi à équiper les centres de santé pour qu'un patient qui doit y être évacué puisse déjà à distance avoir l'avis d'un médecin qui est à Dakar et qui va apprécier s'il y'a besoin d'être déplacé ».
Pour rappel, la cellule existe depuis 2017 avec un plan stratégique validé par le gouvernement. « La cellule a initié la question du pass sanitaire lors de la Covid-19. Nous avons également fait d'autres initiatives mais dans la E-santé, il y'a d'autres directions qui font des choses. La Direction de la ressource humaine (Drh) va mettre en place un mirador pour le personnel de santé. Aujourd'hui, l'Etat est conscient de la situation, des efforts sont en train d'être faits en renforcement pour mieux accompagner le système de santé et mieux accompagner le patient », a-t-il dit.
Les manquements de cette plateforme
Pour Dr Dia, il y a l'absence de texte juridique sur la santé numérique au Sénégal. Une situation qui ne facilite pas la mise en oeuvre. « Nous venons de finaliser le projet de loi d'orientation sur la santé numérique et le décret d'application. Ces textes ont été transmis la semaine dernière au secrétariat général du gouvernement. Ces textes sont très bien élaborés et ils reviennent sur la télémédecine, le dossier patient, l'hébergement et des peines sont prévues si quelqu'un entre dans le dossier de quelqu'un d'autre sans autorisation », a renseigné Dr Dia.
Et d'avancer : « il y'a qu'un seul pays africain qui a fait un décret d'application sur cela et c'est le Sénégal. L'autre défi est que c'est un domaine qui attire les partenaires et nous avons des besoins de gouvernance des données de santé. Nous sommes ouverts à avoir des appuis mais il faudrait qu'ils ne remettent pas en question cette exigence d'héberger les données dans de bonnes conditions où nous sommes sûrs qu'il n'y a que des personnes assermentées qui y accèdent ».