Afrique: World Trade Center et l'Afrique

La PNQ sur le Mauritius Africa Fund n'a pas généré des réponses pouvant nous permettre de cerner notre stratégie africaine parce que le sympathique Sunil Bholah, qui remplaçait le ministre des Finances, ne maîtrisait visiblement pas le dossier.

Se réfugiant derrière le Covid-19, le ministre des Finances par intérim n'a pas pu expliquer pourquoi pratiquement trois ans après son grand déballage, et malgré plus de Rs 250 millions dépensées en allocations, consultancy et en voyages, les premiers coups de pioche n'ont toujours pas eu lieu au pied du World Trade Center version mauricienne, qui est censé être l'Empire State Building de Côte-d'Or. Entre-temps, le site identifié a été revu pour «raisons administratives». Sans préciser si c'était pour faire place à des centres culturels...

Et quid de Maurice, l'audacieuse, à la conquête de l'Afrique et de ses zones économiques ? Au Sénégal ? Au Ghana ? En Côte d'Ivoire ? Rien non plus. Même pas un fencing de chez Neetoo pour clôturer quelques arpents ? Il est manifestement plus facile de faire des plans sur papier que d'investir le terrain africain sur lequel s'activent déjà plusieurs acteurs internationaux et multinationaux. Le rapport Performances et perspectives macroéconomiques de l'Afrique de la Banque africaine de développement (BAD), rendu public vers la fin de janvier 2023, souligne que la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021. Cependant, en dépit de ce ralentissement économique, «53 des 54 pays d'Afrique affichent une croissance positive».

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Le Top 5 des économies africaines les plus dynamiques devrait connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Ce qui leur fera regagner leur place parmi les dix économies les plus performantes du monde. Le Top 5 comprend le Rwanda (7,9 %), la Côte d'Ivoire (7,1 %), le Bénin (6,4 %), l'Éthiopie (6,0 %) et la Tanzanie (5,6 %). À noter que la République démocratique du Congo (6,8 %), la Gambie (6,4 %), la Libye (12,9 %), le Mozambique (6,5 %), le Niger (9,6 %), le Sénégal (9,4 %) et le Togo (6,3 %) vont également connaître une croissance supérieure à 5,5 % au cours de la période 2023-24.

Sur le continent, il existe des risques tant mondiaux que régionaux. Toujours selon la BAD, ces risques comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l'augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure et l'environnement sécuritaire.

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Maurice n'échappe par ailleurs pas au syndrome africain du «Big Man», qui reste trop souvent tributaire des politiciens qui s'accrochent au pouvoir et qui politisent tout. Sobrinho a essayé de s'implanter avec les résultats que l'on sait. 2023 verra sept présidentielles sur le continent. Ces rendezvous polarisent les populations concernées. La sur-ethnicisation du profil des candidats est au rendez-vous, tout comme les accusations ou allégations de fraude, qui sont devenues légion, quand la violence n'éclate pas.

Le coup d'envoi de cette année a été donné le 8 janvier au Bénin. Mais le pourcentage de votants a été largement en deçà des attentes : plus de 60 % de Béninois ne se sont pas exprimés, et le gouvernement a été reconduit aux affaires. Pour expliquer le faible taux de participation, les partis de l'opposition avancent que nombre d'électeurs n'ont pas su où il fallait aller voter. D'autres ont pris peur car ils ont toujours en mémoire les violences de 2019. Plusieurs abstentionnistes ont confié avoir douté «de la fiabilité et du sort qui sera réservé à leur suffrage». Au manque de confiance, se greffe aussi la désaffection pour la politique et les politiciens : «Les élections ne changent pas notre quotidien ; ils sont tous les mêmes, ces politiciens.»

Dans plusieurs endroits aux quatre coins du continent africain, l'on souffre déjà doublement de la famine, à cause de la crise climatique et de la guerre en Ukraine. Et alors que nous construisons des gratte-ciel sur papier, une éventuelle famine pourrait entraîner la mort de millions de gens, sinon plus, et d'énormes mouvements de population. La priorité des priorités alors ne devrait-elle pas être pour ces populations vulnérables, afin de leur trouver des moyens autonomes pour qu'elles mangent à leur faim ? Et pour que des politiciens arrêtent de manger des commissions sur des projets démesurés et exorbitants ?

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