Congo-Kinshasa: Face au risque de manquer des moyens adéquats - CREFDL met le Gouvernement en garde contre tout recours aux emprunts obscurs

Le respect du délai constitutionnel des prochaines élections en République démocratique du Congo est une question de vie ou de mort pour le gouvernement. Depuis les élections de 2018, le pays de Lumumba s'efforce de s'affranchir du soutien financier de la communauté internationale. Le principe semble acquis pour 2023.

Cependant, face aux moyens limités de l'Etat congolais, le centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) tire la sonnette d'alarme, en réaffirmant de nouveau son hypothèse selon laquelle le gouvernement risquerait de faire recours à des emprunts obscurs faute des moyens adéquats pour organiser les élections.

Ces experts des finances publiques en veulent pour preuve son monitoring de l'exécution de la loi de finances 2023. En effet, après les difficultés de trésorerie de l'État congolais à financer certaines priorités, le gouvernement de la République éprouverait des difficultés qui impacterait négativement sur le financement du processus électoral.

A titre indicatif, ce centre évoque la situation allant du mois de janvier à mai 2023 où il indique que les dépenses non payées par l'Etat sont de l'ordre de 2,3 milliards de dollars américains. Et d'expliquer : « On se souvient que la CENI attend environ 434,9 millions, selon les prévisions contenues dans la loi de finances 2023. A moins de 6 mois de la tenue des scrutins, moins de 10% de décaissement a été effectué, et pourtant la CENI doit lancer plusieurs commandes publiques et payer les dépenses de l'éducation civique et électorale, non réglées depuis les opérations d'enrôlement des électeurs ».

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Parlant toujours de ces difficultés de trésorerie, le CREFDL a indiqué, en outre, que le gouvernement qui attendait mobiliser 280 millions de dollars américains grâce au bon du trésor, au deuxième trimestre, c'est-à-dire, du mois d'avril au mois de juin, pour financer le déficit budgétaire, voit ses chances se rétrécir.

« Le 14 juin, par exemple, à l'ouverture de l'émission des bons du trésor, le gouvernement attendait un montant de 60 milliards de francs congolais, soit environ 30 millions de dollars américains. Au terme de l'opération, un communiqué du ministère des finances révèle que l'opération n'a rapporté que 29,50 milliards CDF (14 millions $), soit un taux de couverture de 49,17%. Une semaine auparavant, le 9 juin, sur 120 milliards CDF (60 millions $), l'Etat a encaissé 30 milliards CDF (15 millions), soit 25% », poursuit-il.

Et d'ajouter : « D'après les informations à notre possession, ces fonds n'ont servi qu'à financer les rémunérations et le fonctionnement des institutions. Entre-temps, la dette publique a connu une augmentation de plus de 80% entre 2019 et 2023 ».

Par conséquent, le CREFDL exhorte le gouvernement d'arrêter un collectif budgétaire en vue d'orienter des fonds nécessaires vers des dépenses prioritaires, en l'occurrence celles en rapport avec des opérations électorales. C'est l'occasion, insiste-t-il, pour la Cour des comptes d'initier un audit des fonds reçu par la CENI dans le cadre de la reddition des comptes 2022, dont le montant s'élève à plus de 500 millions de dollars américains.

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