Une douzaine d'acteurs de la société civile et des Associations de taxis-motos de la ville de Beni ont échangé mardi 20 juin avec la MONUSCO sur la lutte contre l'insécurité, mais aussi le renforcement de la collaboration entre les deux parties. Un geste de plus qui témoigne du « renouveau » dans les relations entre la mission des Nations Unies et cette couche de la population souvent en pointe lors des manifestations exigeant le départ de la MONUSCO.
Les relations entre la MONUSCO et une partie de la population de Beni ont été entachées au cours de l'année 2022 à cause de la désinformation. De fausses nouvelles véhiculées à travers les réseaux sociaux avaient occasionné de violentes manifestations contre la Mission.
C'est dans ce cadre que le bureau de Beni au Nord-Kivu, a organisé une matinée d'échange à laquelle ont prit par des acteurs de la société civile et des représentants de différentes corporations de conducteurs de motos.
Josiah Obat, le chef de bureau de la Mission onusienne à Beni, et son adjoint, Abdourahamane Ganda, ont saisi cette opportunité pour rappeler les actions de MONUSCO dans cette région : « Nous avons un rôle dissuasif, mais la MONUSCO n'est pas seule dans le processus de retour de la paix », avant d'ajouter « la population doit comprendre que nous devons travailler ensemble, et qu'elle ne doit pas nous empêcher d'exécuter notre mandat par des attaques de nos convois. Nous devons travailler en étroite collaboration pour résoudre les problèmes ».
Abdourahamane Ganda les invités à toujours vérifier les informations reçues et en lien avec la Mission « Si vous entendez quelque chose sur la MONUSCO, venez à la source vous renseigner, vous serez toujours reçus. Tout ce qu'on vous dit en ville sur nous est faux ».
Adjedje Kambale Kisambya, est délégué des motards de l'Association FENECO, Fédération nationale des entrepreneurs du Congo. Il fait partie des onze représentants (dont deux femmes) des Associations de taximen motos et de la société civile de la commune de Mulekera venus au Quartier général de la MONUSCO.
Il réalise qu'il ya quelques mois, il avait été victime de désinformation et manipulation : « Avec le temps, nous avons compris que nous étions floués par des personnes de mauvaise foi », affirme-t-il.
Papy Kambale de l'ONG AGIR était aussi de la partie. Il a apprécié l'organisation de cette rencontre et affirme avoir entendu l'appel de la MONUSCO. Mais pour y répondre, il a sollicité un appui de la Mission pour aider à combattre la criminalité dans la ville de Beni, la principale préoccupation de la population, avec notamment la réalisation des projets à impact rapide « Nous voyons circuler dans la ville deux engins de la PNC offerts par la MONUSCO. Qu'elle nous aide aussi avec des motos pour renforcer les mécanismes d'alerte ».
Pour lui, la paix est un long processus dans lequel chacun a son rôle à jouer. Y compris les motards. « Nous sommes sont très forts en matière de renseignements qui peuvent aider les services de sécurité et la MONUSCO ».
Monsieur Kambale a souligné que la population de Beni n'a aucun problème avec la MONUSCO « il y a eu amalgame par le passé ». La rencontre de ce mardi est une preuve des « retrouvailles » entre ces deux partenaires et acteurs clés impliqués dans la protection des civils. Le contexte sécuritaire et les incompréhensions sur « qui fait quoi » dans la longue chaine de la protection des civils sont à la base des malentendus. Surtout sur le rôle de la MONUSCO, conclu-t-il.
Il faut continuer à se parler
C'est depuis quelques mois que le dialogue a repris entre la MONUSCO et cette couche de la population civile de Beni. En mai dernier, la Mission a lancé une formation de trois mois sur le code de la route au profit des taximen motos de la ville. Une autre façon de lutter aussi contre la désinformation dont ces motards sont souvent l'objet. Il faut rappeler que ces échanges se déroulent également dans l'optique du retrait progressif de la MONUSCO de la RDC.
A la fin de la rencontre, les deux parties ont renouvelé leur engagement à poursuivre le dialogue à travers la mise en place d'un cadre de concertation. Désormais et une fois par mois, elles vont se retrouver pour faire le point sur l'état de leur collaboration.