Ile Maurice: RES Choisy-Les-Bains - La méthode de Citya Iliad Immobilier pour diminuer les coûts

À voir comment a été licencié un pisciniste, on se demande si le syndic de ce complexe sous le «Real Estate Scheme» (RES) connaît bien nos lois du travail, ou s'il les connaît mais en fait fi...

Le gouvernement avait fait rêver les Mauriciens avec la création de milliers d'emplois dans les différents projets immobiliers sous l'Integrated Resort Scheme (IRS), le RES et autre Property Development Scheme (PDS), pour lesquels il octroie des permis à tour de bras. Malheureusement, le rêve s'est plutôt transformé en cauchemar pour certains employés.

Le complexe Choisy-Les-Bains dans le Nord, avec pourtant 84 appartements, 14 penthouses, 32 duplexes, des infrastructures pour la pratique du sport, un leisure park et un wellness centre, n'emploie que sept personnes, autres que les femmes de ménage employées individuellement par les copropriétaires. Ces derniers se partagent parfois une femme de ménage pour deux, voire trois appartements. Et lorsqu'ils vont passer leurs vacances à l'étranger, certains résidents licencient la femme de ménage et la reprennent ou une autre à leur retour. C'est pour dire que ces prétendus riches étrangers sont très près de leurs sous.

Le syndic d'Iliad Immobilier, qui gère ce complexe emploie une personne pour la maintenance générale, trois pour la sécurité, deux dames pour le nettoyage - moins une qui vient d'être licenciée -, une responsable de gestion assistée d'un Accounts Officer et une jeune stagiaire. Les cinq jardiniers viennent d'être licenciés et remplacés par trois jardiniers d'un prestataire de service.Et ce, toujours par souci d'économie. Un des trois piscinistes, qui était employé depuis cinq ans, vient d'être renvoyé, car trop cher pour le syndic.

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Licenciement et bourdes La façon dont ce dernier s'est débarrassé du pisciniste, approuvé par les copropriétaires, a de quoi choquer, de même que l'amateurisme des responsables du syndic. En effet, le 3 avril, Avishkaar Bhoyrub reçoit une lettre du syndic «confirmant son licenciement qui prendra effet à partir du 3 mai 2022 (sic, au lieu de 2023)». Mais cette confusion d'année n'est pas le vrai problème comme on le verra plus bas. Le 6 avril 2023, le syndic rédige un Compromise Agreement, qu'il demande au pisciniste de signer et où celui-ci accepte l'équivalent de 75 jours par année de service, plus une gratification de Rs 9 200 comme indemnisation. De plus, le pisciniste devra promettre de ne pas insister pour l'indemnisation de trois mois par année de service auquel il a droit, et cela, même devant un tribunal.

Avishkaar Bhoyrub refuse cette offre et, le 18 avril, il adresse une lettre au syndic à l'attention d'Isabelle Jeannot, la directrice d'agence, dans laquelle il déclare que si le syndic veut le remplacer sans qu'aucun reproche ne lui ait été fait sur son travail, il demande à être indemnisé selon la loi, par l'équivalent de trois mois par année de service. Il rappelle aussi qu'il a contracté un gros emprunt bancaire pour financer la construction de sa maison et qu'il a un bébé d'un an à sa charge.

Il faut savoir qu'entre le 6 et le 18 avril, Avishkaar Bhoyrub tombe sur un email adressé par le syndic aux copropriétaires, en date du 11 avril, qui informe ces derniers qu'Avishkaar sera renvoyé pour être remplacé par un autre «moins coûteux». Cela, alors qu'Avishkaar n'avait pas encore signé le document proposé par le syndic. Le pisciniste demande donc des explications dans sa même lettre du 18 avril pour cette annonce prématurée aux copropriétaires.

Que lui répond Isabelle Jeannot ? Après les gaffes dans la lettre de licenciement du 3 avril concernant l'année de licenciement, mais surtout le mail du 11 avril adressé un peu trop vite aux copropriétaires, elle commettra une autre gaffe : elle répond, le 24 avril, à Avishkaar en le menaçant que s'il n'accepte pas la somme offerte par le syndic, cet argent sera versé à la Mauritius Revenue Authority (MRA), qui la lui remettra lorsqu'il aura ... 65 ans (Avishkaar a 42 ans) ! Isabelle Jeannot prend le soin de préciser que «the law is clear...» dans sa lettre à Avishkaar.

Que dit la loi du travail ?

Oui, la loi est claire, mais visiblement pas pour Isabelle Jeannot. Selon l'article 16 du Workers' Rights Act, un Compromise Agreement entre l'employeur et l'employé n'est valide que si, entre autres, le document a été approuvé par un conseiller indépendant. Or, non seulement il n'y a pas eu de conseiller indépendant, il n'y a même pas eu de compromis, car Avishkaar n'a jamais signé le document proposé par le syndic. De plus. il n'existe aucune loi prévoyant la remise de l'indemnité totale ou en partie au Portable Retirement Gratuity Fund de la MRA dans de tels cas. Isabelle Jeannot ignorait-elle la loi ou la connaissait-elle, mais a tenté d'induire Avishkaar Bhoyrub en erreur ? Et est-ce vrai que le syndic a voulu se débarrasser d'Avishkaar Bhoyrub rien que pour économiser sur les coûts ? Contactée, Isabelle Jeannot a refusé de commenter.

Il y aura une quatrième bourde faite par Isabelle Jeannot. Se rendant compte qu'elle n'aurait pas dû annoncer le licenciement d'Avishkaar avant que celui-ci ne signe le document - d'ailleurs, ce dernier n'a jamais signé ce Compromise Agreement - et qu'elle n'aurait pas dû lui remettre la lettre de licenciement avec la date du 3 avril, elle a rédigé une deuxième lettre, datée du 27 avril, c'est-à-dire après l'annonce intempestive faite aux copropriétaires le 11 avril. Cette seconde lettre contient toujours l'erreur sur l'année, soit que le licenciement prend effet le 3 mai 2022 au lieu de 2023. Mais pourquoi deux lettres de licenciement, voulions-nous demander à Isabelle Jeannot mais en vain.

Il existerait d'autres violations flagrantes des lois du travail par le syndic et cela envers tous les employés. Le ministère du Travail en a pris note et est déjà intervenu dans l'affaire d'Avishkaar. Si le syndic ne se conforme pas aux lois, il sera trainé en justice. «Ce sera l'occasion pour ce syndic d'apprendre nos lois du travail», nous a dit un inspecteur du ministère. Tout en se demandant combien d'autres cas similaires ont eu lieu sans que le ministère n'en soit au courant.

«Il existerait d'autres violations flagrantes des lois du travail par le syndic et cela envers tous les employés. Le ministère du travail en a pris note et est déjà intervenu dans l'affaire d'Avishkaar.»

Isabelle Jeannot nous a rappelé un peu plus tard pour nous dire ce que nous savions déjà, à l'effet que le dossier est entre les mains du ministère du Travail qui calculera le montant dû au pisciniste et le remettra au syndic.

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