Pour mieux profiter de la Zone de libre-échange continental africaine (Zlecaf), les pays de la zone ouest africaine doivent miser davantage sur les chaines de valeur agricoles régionales pour augmenter le taux encore faible de la transformation des produits agricoles.
Promouvoir les chaines de valeur agricoles régionales et la sécurité alimentaire pour accélérer l'intégration régionale et le développement durable en Afrique de l'Ouest, mais aussi mieux profiter de la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Ce thème a fait l'objet d'un échange, hier, à l'ouverture de la réunion régionale des organisations intergouvernementales de l'Afrique de l'Ouest. Cette rencontre de deux jours (22-23 juin), organisée par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (Cea), en collaboration avec des organisations du Système des Nations unies et de la Cedeao, a permis de mettre en exergue le rôle essentiel des chaines de valeur agricoles régionales dans la mise en oeuvre de la Zlecaf.
La sous-région ouest africaine étant encore caractérisée par une forte dépendance en production et exportation de produits de base, elle doit donc promouvoir davantage les chaines de valeur régionales pour mieux profiter de la Zlecaf. Un marché continental de 1,2 milliard de consommateurs avec un important potentiel en termes de création de ressources, a déclaré Ngoné Diop, Directrice du Bureau ouest africain de la Cea. À son avis, les données récentes concernant la hausse de l'insécurité alimentaire dans cette partie du continent africain prouvent à suffisance qu'il est urgent de développer davantage les chaines de valeur régionales. Elle a saisi l'occasion pour plaider en faveur du développement des actions novatrices à la hauteur de cette ambition. « Il s'agit de permettre à nos États de s'insérer dans l'anticipation et de booster la transformation des produits agricoles pour créer plus de ressources et profiter des opportunités de la Zlecaf », a-t-elle ajouté. La Directrice du bureau sous-régional de la Cea a souligné les efforts et initiatives entrepris, ces dernières années, par l'institution onusienne pour accompagner les États africains dans cette dynamique. Elle a cité deux actions phares développées par la Cea. Il s'agit de l'accompagnement des États africains à mobiliser plus de ressources financières afin de renforcer les investissements dans le domaine de la sécurité alimentaire et de l'écosystème de la production, et de la facilitation de l'accès de nos États à la limitation du service de la dette en 2020.
Il y a également le plaidoyer de la Cea pour le compte de l'Afrique auprès des partenaires pour augmenter l'accès aux ressources financières, notamment les Droits de tirage spéciaux (Dts). « La Cea va continuer à aider nos pays dans la mise en oeuvre de la Zlecaf à travers certains projets économiques », s'est-elle engagée.
Abondant dans le même sens, Aminata Maïga, Coordinatrice résidente du Système des Nations unies au Sénégal, a estimé que la promotion des chaines de valeur et de la sécurité alimentaire s'inscrive dans l'action conjointe pour la mise en place de systèmes alimentaires durables, indispensables à l'atteinte des objectifs fixés par la Zlecaf et l'Agenda 2063 de l'Union africaine, à savoir la promotion de la croissance durable, l'industrialisation inclusive, la production et la consommation.
Ouvrant les travaux au nom du Ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Souleymane Diallo, coordonnateur de la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe), a souligné les initiatives mises en oeuvre par le Sénégal en matière de politiques industrielles, des politiques « volontaristes développées par le Président Macky Sall » et les efforts concernant « les politiques d'intégration régionale ».
Insécurité alimentaire
Près de 42,5 millions de personnes menacées au Sahel et en Afrique de l'Ouest
Une étude du Bureau ouest africain de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (Cea), partagée hier, lors de la réunion régionale des organisations intergouvernementales de l'Afrique de l'Ouest, à Dakar, fait ressortir que les défis de la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest restent une préoccupation majeure pour le Système des Nations unies. Elle souligne avec inquiétude la hausse croissante de l'insécurité alimentaire, notamment dans la zone sahélienne. Selon les données, près de 42,5 millions de personnes seraient menacées par la crise alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l'Ouest pendant la période de soudure (juin-août 2023). Ce niveau, comme l'a souligné la Coordinatrice du système des Nations unies au Sénégal, Aminata Maïga, représente plus de cinq fois celui ayant précédé le lancement des Objectifs de développement durable (Odd) en 2015. Elle a donc invité les États concernés et les partenaires au développement à faire face à ce défi à travers des réponses appropriées.. S P. SADIO