Dakar — Le prêt-à-porter fait fureur à Dakar à l'approche de la Tabaski, la principale fête musulmane prévue jeudi 29 juin, mais la clientèle se fait désirer, a appris l'APS des couturiers du marché HLM.
Anta Ndiaye tient un atelier de couture dans le centre commercial Elizabeth-Diouf, au coeur du marché HLM, dans la capitale sénégalaise. Ici, la clientèle est majoritairement constituée de femmes.
"Je couds des habits brodés mais aussi le Getzner, le wax et la cotonnade. Ma clientèle comprend surtout des Maliennes, des Guinéennes et des Congolaises", explique Anta Ndiaye en train de couper un voile brodé.
Une partie de sa clientèle est basée en Europe, d'où elle passe d'importantes commandes, selon elle. "Certaines femmes sont en France et en Italie. Nous travaillons beaucoup plus avec elles qu'avec les Sénégalaises. Elles font de grosses commandes", dit Mme Ndiaye, ajoutant faire de bonnes affaires pendant la Tabaski, une fête pendant laquelle les fidèles s'habillent avec goût. "Je remercie Dieu [...] Il m'arrive de faire un bénéficie de 300.000 francs CFA en un jour. Pour d'autres jours, je peux gagner 100.000 ou 50.000."
Pour la Tabaski, Anta Ndiaye, âgée d'environ 40 ans, constate que les clients ne viennent pas en nombre. "C'est à cause de la situation économique et politique du pays. Ça touche tout le monde", raconte-t-elle, déplorant avoir perdu de vue une partie de la clientèle habituelle.
Mais Mme Ndiaye garde l'espoir de faire de "bonnes affaires" à l'occasion de la Tabaski. Elle dit offrir des coupes à "toutes les bourses", les grandes comme les petites. "Les prix varient selon la qualité des tissus. Il y a des broderies que nous vendons à 75.000 francs CFA, d'autres à 50.000, 40.000 ou 30.000. Les robes, nous les confectionnons et les vendons à 12.000 francs. Le prêt-à-porter est vendu à 16.000, voire 17.000 francs l'unité, pour ceux qui en font des commandes en nombre."
Par souci des délais de livraison des commandes, Anta Ndiaye emploie quatre couturiers payés au quotidien. "Il y a des journées où je paie 6.000 francs, pour d'autres la paie peut atteindre 30.000 par couturier. C'est le cas de ceux qui font la broderie", confie-t-elle.
Le bazin riche aussi est très convoité
Serigne Saliou Sogué s'est lancé dans le prêt-à-porter. Le jeune tailleur tient un atelier au premier étage du centre commercial Elizabeth-Diouf. Comme Anna Ndiaye, il mise surtout sur la clientèle étrangère en offrant ses coupes aux Maliens, Bissau-Guinéens et Nigériens.
M. Sogué évoque les "tensions politiques", qui sont une source d'ennuis économiques pour lui. Malgré tout, dit-il, les Sénégalais sont très attachés à la Tabaski et tiennent à s'habiller tout neuf le jour de cette fête. "On arrive à faire des bénéfices, malgré les difficultés. L'essentiel, c'est de livrer les commandes dans les délais fixés. Si on y arrive, on gagne de l'argent."
Au marché HLM, les machines à coudre tournent à plein régime. Les couturiers travaillent durant presque toute la nuit. Les moments de repos ne durent qu'une heure ou deux, selon eux.
La confection d'habits pour les tout-petits est l'une des activités favorites des couturiers du marché HLM.
"Les enfants, les filles notamment, aiment beaucoup le bazin, surtout le prêt-à-porter. La plupart d'entre elles optent pour le Getzner ou le bazin riche, qui sont les tissus les plus cotés, qui durent plus longtemps que les autres", dit Abou Diallo, un tailleur du marché HLM.
Les marchands ambulants s'investissent également dans le prêt-à-porter pour enfants. "Il y en a pour les filles et les garçons", assure Ousseynou Fall.
"Cette année, la clientèle arrive au compte-goutte. Ce n'est pas sa faute. L'argent fait défaut", philosophe-t-il.
"Nous sommes là chaque jour pour gagner de quoi entretenir la famille et préparer la fête. Ce n'est pas facile du tout mais nous remercions Dieu. C'est dur, nous arrivons à peine à nous en sortir", commente M. Fall.