Sénégal: Recherche en Afrique - Mary Teuw Niane prône une mutualisation des financements

Dakar — L'universitaire et homme politique sénégalais, Mary Teuw Niane, a invité les pays africains à aller vers une mutualisation des financements, en vue notamment de favoriser une »politique mixte » d'équipement des laboratoires et instituts de recherche devant »porter le développement de l'Afrique ».

Par exemple, »si le Burkina, le Mali et le Sénégal s'y mettaient, les chercheurs de ces pays pourraient circuler et participer au développement de leur pays », a martelé M. Niane.

L'ancien ministre en charge de l'Enseignement supérieur au Sénégal a fait ce plaidoyer lors d'un un panel tenu à Dakar sur le thème "Développement et décolonisation de la recherche en Afrique ». A l'initiative de l'African Population and Health Research Center (APHRC), cette rencontre entre dans le cadre de l'organisation des festivités marquant le 20-ème anniversaire de l'APHCR, précisent les organisateurs. Ils parlent également d'une occasion pour »réfléchir sur notre parcours, nos succès et nos défis dans la poursuite de notre mission de transformer les vies en Afrique grâce à la recherche ».

»Il faut faire fonctionner les laboratoires, les doter d'équipements avec des équipes mixtes », a encore fait valoir l'universitaire, se désolant toutefois du fait que malgré les chercheurs dont dispose l'Afrique, »l'on continue à envoyer certaines analyses dans des des laboratoires à l'étranger ».

Mary Teuw Niane est convaincu que cette »mutualisation » devrait permettre de résoudre »la faiblesse des moyens financiers alloués à la recherche par beaucoup de pays africains.

Il a également fait le lien entre l'indisponibilité de laboratoires adéquats sur le continent et le phénomène des spécialistes africains qui ont tendance à aller vers les universités européennes et en Amérique du nord pour plus de perspectives professionnelles.

La perte de la faculté d'orienter

»Si l'Etat ne met pas les moyens, nous assisterons à une dispersion des chercheurs », a averti M. Niane, disant constater que »les centres de recherche (en Afrique) ont perdu beaucoup de leur capital humain ».

»Les instruments manquent pour faire de la recherche. C'est un problème au niveau de nos pays, surtout francophones (...) où vous verrez rarement un Etat qui a un ministère exclusivement dédié à la recherche », déplore le panéliste.

Mary Teuw Niane a aussi fustigé »le manque d'articulation » entre innovation, recherche et développement.

La sociologue Maréma Touré Thiam a pour sa part relevé une »vassalisation de la pensée africaine », inhérente, selon elle, à »une invisibilité des savoirs africains ».

»L'Afrique, en perdant la souveraineté avec la colonisation, a perdu certainement quelque chose de très important. Il s'agit de la faculté d'orienter », a fait observer la sociologue.

En cela, préconise Maréma Touré Thiam, »il nous faut un nouveau narratif et réinventer le récit africain sur le savoir africain ».

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