Afrique: Sommet pour un nouveau pacte financier mondial - Les travaux se sont achevés sur des ajustements structurels

La rencontre de Paris s'est achevée le 23 juin. L'événement devait notamment répondre aux besoins de financement pour le développement et la lutte contre le réchauffement climatique. Un enjeu qui se chiffre en milliers de milliards de dollars.

En première ligne des engagements qui devaient être pris dans la capitale française, les pays du Sud, les moins responsables du changement climatique mais les plus vulnérables face à ses conséquences.

En clôturant le sommet, le président français, Emmanuel Macron, a salué le résultat de ces deux jours de discussions. "Nous sommes tous tombés d'accord sur un nouveau consensus pour les peuples et la planète, avec toujours un même objectif : éliminer la pauvreté et préserver la planète", s'est-il félicité, déclinant une feuille de route avec plusieurs annonces, mais sans grande révolution ; plutôt un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le système financier mondial.

Pour la dernière journée de vendredi, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement était à nouveau au Palais Brongniart dont le Congolais Denis Sassou N'Guesso, le Brésilien Lula et le Saoudien Mohammed ben Salmane, dans une réunion censée concrétiser des idées nées à la dernière COP, en Egypte, avant la prochaine, aux Emirats arabes unis, à la fin de l'année.

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En guise de bilan, quelques annonces ont été faites.

La Banque mondiale prévoit ainsi d'intégrer à ses accords avec les pays les plus vulnérables une nouvelle clause de suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe.

Le réseau international d'organisations non gouvernementales Climate Action Network a toutefois critiqué un sommet "qui a fait du neuf avec du vieux" et l'idée d'une possible suspension des remboursements "plutôt qu'une annulation complète de la dette".

"Nous sommes favorables à une taxe internationale sur le transport maritime parce que c'est un secteur qui n'est pas taxé", a aussi dit Emmanuel Macron, qui voudrait voir cette question avancer lors d'une prochaine réunion de l'Organisation maritime internationale.

Mais cette question épineuse semble encore loin de faire consensus. "Si la Chine, les États-Unis et plusieurs pays européens clés qui ont aussi des grandes entreprises impliquées ne nous suivent pas, alors vous mettez une taxe en place mais elle n'a pas d'effet", a-t-il regretté.

L'inertie de la communauté internationale déplorée

Dans une longue tirade passionnée, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, pour sa part, a déploré pêle-mêle l'inertie de la communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique et de réduction des inégalités, ainsi que le protectionnisme des Occidentaux.

Il a vertement critiqué les institutions financières internationales. "Celui qui est riche est toujours riche et celui qui est pauvre est toujours pauvre", a-t-il rappelé.

Le sommet avait cependant engrangé quelques autres progrès le premier jour. Des pays riches vont ainsi payer le Sénégal pour l'aider à se débarrasser du fioul lourd dans son énergie. La Zambie verra sa dette allégée, une annonce saluée à Lusaka, où les parlementaires ont entonné l'hymne national pour marquer leur joie.

Le Fonds monétaire international va, pour sa part, augmenter à 100 milliards de dollars ses financements pour les pays pauvres.

Les ambitions du sommet reposent cependant "trop sur les investissements privés et assignent un rôle démesuré aux banques multilatérales de développement", a regretté toutefois Harjeet Singh, de l'immense réseau d'organisations non gouvernementales internationales Climate Action Network. "C'est ignorer le rôle pivot que les finances publiques doivent jouer", a-t-il indiqué.

"La vision de la Banque mondiale doit évoluer", a concedé Ajay Banga, son président. Il a annoncé notamment la mise en place d'une "assurance-catastrophe" dans les prêts et la possibilité de suspendre la dette d'un pays en cas d'aléas climatiques.

"La dette est un défi mondial", a pour sa part admis Janet Yellen, secrétaire du Trésor des Etats-Unis, qui se félicite des avancées avec la Chine, celle-ci prêtant beaucoup d'argent aux pays en développement en dehors du cadre traditionnel. Elle a annoncé aussi que 200 milliards de dollars de prêts vont être alloués par les banques multilatérales de développement.

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