Burkina Faso: Affaire Zongo - Justice pour la mort d'un journaliste burkinabé

17ème anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert ZONGO
communiqué de presse

Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, journaliste d'investigation au Burkina, ses deux collaborateurs et son jeune frère, ont été assassinés. Leurs corps ont été retrouvés calcinés dans la voiture dans laquelle ils voyageaient ensemble.

La police arrive le jour même sur le lieu du crime, et le procureur arrive le lendemain. La justice burkinabé est saisie et commence une enquête pour déterminer les circonstances de cet assassinat. Le journaliste Norbert Zongo menait des enquêtes sur des scandales politiques, économiques et sociaux, notamment concernant le décès du chauffeur du frère du président de l'époque, ce qui pouvait lui valoir des ennemis haut placés. Un suspect est inculpé en 2001.

Pourtant, plus de sept ans après l'ouverture de l'enquête, en juillet 2006 le juge en charge de l'affaire rend une ordonnance de non-lieu. Les recours de la famille de Zongo n'y changent rien, la justice abandonne l'affaire.

A cette époque, bien que les premiers juges de la Cour africaine des droits de l'Homme et des Peuples aient été nommés, celle-ci n'est pas encore entièrement fonctionnelle. Elle le devient en 2010, et la famille de Zongo, accompagnée de l'association le Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP), n'ayant jamais abandonné leur quête de justice, la saisissent alors en décembre 2011.

Le 28 mars 2014, la Cour conclut que les procédures judiciaires ont été prolongées de façon anormale pendant des années et que les poursuites ont été abandonnées avant que les coupables soient retrouvés et jugés, et ainsi, le Burkina Faso a échoué à rendre justice aux proches de Zongo, ses deux collaborateurs et son frère. De plus, la Cour a considéré que la défaillance du Burkina Faso dans la recherche et le jugement des assassins du journaliste Zongo a également suscité des peurs et des inquiétudes dans les milieux des médias, et que par là même l'Etat avait violé le droit à la liberté d'expression des journalistes qui ne se sentaient plus protégés¹.

La Cour africaine a ensuite ordonné le Burkina Faso à payer des réparations financières aux femmes, fils et filles, pères et mères des défunts pour la souffrance psychologique qu'ils ont enduré, ainsi qu'à reprendre les investigations en vue de rechercher, poursuivre et juger les auteurs des assassinats de Norbert Zongo et ses trois compagnons. Les familles, qui n'avaient plus aucun recours possible au Burkina Faso, ont vu s'ouvrir grâce à ce jugement une nouvelle voie pour enfin obtenir la vérité sur ce qui s'était passé et justice pour leurs proches.

[post judgment : Le Burkina Faso a indemnisé les familles en deuil, et s'est ressaisi de leur quête de justice. L'enquête a été réouverte et a progressé en temps record. Un mandat d'arrêt international a été lancé en mai 2017 contre François Compaoré, le frère de l'ancien président. Le défi depuis quelques années est que celui-ci, donc principal suspect dans le meurtre de Zongo, s'était enfui en France. Cependant il a arrêté en 2017 à la suite de la requête du Burkina Faso et depuis il y a une bataille judiciaire entre les avocats de Compaoré et les autorités françaises, les premiers soulevant tous les recours possibles pour empêcher l'extradition vers le Burkina Faso en vue de faire comparaître Compaoré devant un tribunal dans son pays d'origine.]

[1] Violations des articles 7 et 9 de la Charte Africaine

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