Ile Maurice: Alliance de l'opposition - Entre irritation, santé et «Privy Council»

Cela fait un mois que les trois leaders, Navin Ramgoolam du Parti travailliste (PTr), Paul Bérenger du Mouvement militant mauricien (MMM) et Xavier-Luc Duval du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) se sont rencontrés. Un point de presse et puis s'en va pour le trio. Depuis, point de rencontre. Que se passe-t-il ?

Le samedi 27 mai, les trois leaders ont tenu une conférence de presse, surtout pour parler du Budget qui allait être présenté le 2 juin. Ils avaient laissé entendre que les discussions pour la concrétisation d'une alliance reprendraient après les débats parlementaires. Or, tel n'a pas été le cas car durant ces deux dernières semaines, c'est surtout le leader du PMSD qui a reporté les rencontres, en raison de son état de santé. Mais pour certains, un froid s'est installé entre le leader du PMSD et celui du MMM, au niveau de la répartition des tickets et aussi pour l'occupation du frontbench.

Toutefois, cette rencontre, qui devait avoir lieu courant de la semaine dernière, allait être consacrée à l'analyse du document que leur a fait parvenir le commissaire électoral sur l'organisation des élections générales. Ils devaient accorder leurs violons sur ce document. Mais, il n'y a point eu de réunion.

Le retard pris dans la poursuite des discussions commence à irriter des parlementaires des trois partis, et seul Patrick Assirvaden a eu, jusqu'ici, le courage de dire publiquement ce qu'en pensent les autres membres des trois partis. Vendredi dernier, lors d'une conférence de presse, il a déclaré : «Sa zafer là (NdlR, la concrétisation d'une alliance) pé tardé et irit mwa.» Il souhaite que cette alliance se concrétise rapidement.

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Interrogé, hier, Patrick Assirvaden a laissé entendre qu'il y a une grande attente parmi la population pour que cette alliance voie le jour. «Il y a un cri d'espoir de la population. Je veux qu'on termine cette étape de discussions et qu'on passe à celle de mobilisation.» Il a ajouté qu'il y aura une réunion du comité exécutif des Rouges, jeudi, et qu'il soulèvera ce retard au niveau des discussions.

Néanmoins, avec l'état de santé de Paul Bérenger, admis en clinique vendredi, on ne prévoit pas de réunion des leaders cette semaine-ci. Donc, les discussions vont être repoussées. On se demande s'ils pourront alors se rencontrer avant le 10 juillet, date à laquelle les Law Lords du Privy Council écouteront les arguments des pétitionnaires dans l'affaire Suren Dayal contre Pravind Jugnauth. D'aucuns estiment que cette affaire pourrait avoir un impact sur l'échiquier politique. Que ce soit du côté de l'alliance gouvernementale aussi bien que celui de l'opposition. Même si Pravind Jugnauth a publiquement déclaré qu'il est confiant que le ruling des juges lui sera favorable, pour beaucoup d'hommes de loi ou de politiciens, c'est du 50/50. Un ruling qui peut être rendu assez vite, bien avant décembre, pour ceux habitués aux affaires du Conseil privé du Roi.

Pas de coordination parlementaire

Autre fait à noter : il est fort possible que la réunion des parlementaires du PTr-MMM-PMSD n'ait pas lieu cet après-midi, la veille de la séance parlementaire de demain, comme cela s'est régulièrement fait depuis la rentrée parlementaire, le 28 mars. Ce qui explique qu'il n'y ait pas cette coordination, surtout au niveau des questions parlementaires.

La semaine dernière, bon nombre d'élus de l'opposition auraient souhaité que Xavier-Luc Duval adresse une Private Notice Question (PNQ) sur la Special Striking Team. Mais il avait choisi le Mauritius Africa Fund. D'ailleurs, pour la séance parlementaire de demain, deux questions sont inscrites sur l'arrestation d'Akil Bissessur. L'une de Nando Bodha, qui figure à la première place, et l'autre, (à la troisième place) de Vikash Nuckcheddy. Ce sera, sans doute, une occasion pour Pravind Jugnauth de faire le procès de cet avocat qui, on se rappelle, avait lui-même dit qu'il est proche du PTr. À moins que Xavier-Luc Duval ne vienne bouleverser le plan des députés de la majorité en adressant une PNQ sur toute l'affaire, évitant du même coup des questions qui seront plantées par des backbenchers du gouvernement. Mais, sans une réunion de coordination, un tel scénario est peu envisageable.

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