Afrique de l'Ouest: Ecrasante victoire pour une nouvelle Constitution au Mali

Les Maliens ont approuvé par référendum le projet de nouvelle Constitution avec 97% des voix. Le taux de participation a été de 39,40% selon l'AIGE.

Les Maliens ont approuvé le projet de nouvelle Constitution avec 97% des voix, selon l'Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).

Le taux de participation à la consultation référendaire du 18 juin s'est toutefois établi à à peine un peu plus de 39%, toujours selon l'AIGE. Les groupes armés du nord ont notamment empêché la tenue du vote pour ce texte qu'ils estiment contraire à l'accord de paix conclu avec l'Etat central en 2015. Ils ont dénoncé des bourrages d'urnes dans les localités du nord où le vote a eu lieu.

Au-delà du boycott dans une partie du pays, ce faible taux de participation serait toutefois, selon Abdoulaye Guindo de la mission de l'Observation électorale au Mali, une habitude chez les électeurs maliens.

"Les Maliens ne se bousculent pas vraiment pour les élections", note Abdoulaye Guindo. "Jamais dans l'histoire du Mali, nous avons atteint un taux de participation supérieur à 40%. La deuxième raison est que la Ligue des imams, la Limama, a décidé de s'opposer à ce référendum en raison de la laïcité. Les imams ont ainsi prêché dans les mosquées et ont apparemment réussi à convaincre les fidèles qui, au lieu de sortir pour voter, ont préféré s'abstenir. Donc, cette abstention en masse de ceux qui ont été convaincus par le discours des imams dans les mosquées a apparemment eu un impact négatif sur le taux de participation."

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"Processus de désolation"

L'organisation "Appel du 20 février pour sauver le Mali" conteste toutefois la légitimité du référendum constitutionnel. Le collectif a déposé plusieurs requêtes devant la Cour constitutionnelle pour l'annulation du nouveau texte de Constitution.

Pour Dramane Diarra, membre de l'Appel du 20 février, le processus en cours viole toutes les lois du Mali.

"C'est un processus incestueux, un processus anticonstitutionnel", fustige le magistrat. "Nous ne voulons pas nous associer à cette illégalité. Comme on le dit en bambara, celui qui est au fond d'un puit par le fait du mensonge ne doit pas, pour vouloir s'en sortir, tenir d'autres mensonges. Nous avons également appelé le peuple malien à ne pas s'associer à ce processus de désolation."

Les requêtes déposées par l'Appel du 20 février pour sauver le Mali, ainsi que celles du Front uni contre la laïcité, devant la Cour constitutionnelle et la Cour suprême pour l'annulation du processus d'élaboration d'une nouvelle Constitution, mais aussi pour l'annulation du référendum du 18 juin, ont toutes été jugées irrecevables par les autorités judiciaires.

Part belle aux forces armées

Le projet de Constitution met en exergue la "souveraineté", mantra de la junte depuis son arrivée au pouvoir.

La réforme se distingue surtout en renforçant les pouvoirs du président, qui "détermine la politique de la Nation" alors que cette prérogative revenait au gouvernement dans la Constitution de 1992.

Elle prévoit l'amnistie pour les auteurs de coups d'Etat antérieurs à sa promulgation, et alimente les spéculations persistantes sur une éventuelle candidature à la présidentielle du colonel Assimi Goïta, le chef de la junte.

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