Ile Maurice: Jessica Govind d'ODV Production - «Kobita Jugnauth a tout de suite accepté d'être la marraine»

Au Parlement mardi dernier, la députée mauve Joanna Bérenger a posé une question sur les cas de non-respect des conditions lors de tournages avec des baleines. Dans ses réponses, Avinash Teeluck, ministre des Arts et du Patrimoine culturel, affirme qu'une plainte a été reçue du ministère de l'Economie bleue concernant «l'autorisation donnée à M. R. H., qui représente la société ODV Production Ltd, pour le tournage des baleines où les mammifères marins auraient été stressés et harcelés». Nous avons sollicité ODV Production Ltd pour avoir sa version concernant la plainte. Jessica Govind, la directrice, a répondu à nos questions.

La députée Joanna Bérenger a parlé de vous au Parlement mardi, vous y attendiez-vous ?

Non, mais c'est une très bonne chose que le sujet a été évoqué au Parlement. C'est un sujet d'actualité qui mérite une attention de nos parlementaires, politiciens, décideurs politiques et la population. C'est une très bonne chose que Joanna Bérenger ait posé la question. Mais elle aurait dû venir avec une vraie question. Il faut savoir, une plainte faite par qui ? Une plainte à propos de quoi ? Que René Heuzey, un cameraman professionnel à but scientifique qui a fait des documentaires à travers le monde entier harcèle des cachalots à l'île Maurice ?

Que répondez-vous à la plainte évoquée ?

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Pour répondre à sa question, c'est simple. René Heuzey est venu à Maurice et a travaillé pour le gouvernement mauricien il y a 12 ans. Il avait une mission pour le gouvernement puis il a fait des tournages pour BBC, National Geographic, France 2, Ushuaïa... C'est un professionnel qui tourne des documentaires avec le but de protéger des animaux marins. Il a commencé il y a douze ans avec un collaborateur et le professeur François Sarano. Ce dernier est un observateur scientifique et René Heuzey est un cameraman. Le collaborateur donnait un service de bateau et équipements de plongée si besoin.

Il les emmène sur le site pour plonger et filmer les cachalots. Cette collaboration a duré 10 ans jusqu'au début du Covid-19. Soudain quand le professeur François Sarano et René Heuzey ont terminé la collaboration avec le collaborateur en question qui était payé à un montant de 1400 euros (selon le taux de change du jour, Rs 70 812) par journée, comme par hasard, il y a la plainte pour harcèlement de ces animaux marins. Mais pendant 10 ans, avant la collaboration, tout marchait bien et il n'y avait pas de harcèlement.

Tout le monde doit savoir avant de poser la question, qui emmène les touristes en bateau «pou sot lor ledos bann baleine et cachalot» et qui fait de vraie observation scientifique. Rene Heuzey et le professeur François Sarano, font, tous les ans, un rapport annuel au Bureau du Premier ministre sur leur observation scientifique, ceux qui viennent sur le bateau, quels cétacés ont été observés. Ce rapport contient tous les détails. René Heuzey est toujours accompagné par un scientifique agréé et approuvé du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français qui représente le professeur François Sarano. A chaque sortie que fait René Heuzey, il est accompagné par un garde-côte national de Maurice. Ce sont des accusations gratuites, malveillantes, mal fondées et surtout avec beaucoup de méchanceté derrière.

Et les critères dont la députée a dit que vous ne respectez pas ?

Nous avons respecté tous les critères. C'est le Bureau du Premier ministre qui met en place les critères. Pour chaque plongée que René Heuzey fait pour les clients comme National Geographic, BBC etc., nous avons une autorisation du Bureau du Premier ministre, du ministère de l'Economie bleue et du ministère des Arts et du Patrimoine culturel. Et le permis délivré par la Mauritius Film Development Corporation compte plusieurs critères dont les principaux concernent le nombre de personnes qui ont le droit d'entrer dans l'eau en même temps, soit trois plongeurs sont autorisés.

Ils sont accompagnés de trois autres plongeurs... qui agissent comme garde de sécurité. Quand un plongeur est en train de filmer, il est accompagné en binôme par un deuxième plongeur qui est à 20 mètres au-dessus de lui en cas de problème. Il y a un autre plongeur de sécurité en dessous de lui et en plus de cela, sur le bateau, il y a pour chaque plongeur, un membre qui le surveille à la surface. Et chaque bateau est accompagné par un officier de la garde-côte nationale. Ce n'est pas un critère imposé mais un critère que nous avons demandé pour contrecarrer des accusations malveillantes que l'on pourrait avoir et aussi pour assurer la sécurité des gens quand ils sont dans l'eau. Il y a un clash entre les scientifiques et les «tourist operators».

Les scientifiques veulent voir les baleines dans leur comportement naturel et le touriste veut faire des selfies, etc. et risque de faire fuir la baleine. Cela dérange les scientifiques. Pour éviter ce clash, nous avons un garde-côte sur le bateau. Ne toucher aucune baleine fait partie des critères. Tous les films se font par observation et sans contact physique, entre autres critères (...) Pour une observation scientifique, tous ces critères ne posent aucun problème mais aux opérateurs touristiques qui doivent observer ces animaux marins à 200 mètres oui.

Comment se passe votre collaboration avec la marraine de votre fondation, Kobita Jugnauth ?

René Heuzey est un cameraman avec des connaissances scientifiques et filme des documentaires. Il envoie ses films au professeur François Sarano et son équipe qui travaillent en collaboration avec le centre national de recherche en France et autres institutions. René Heuzey et le professeur François Sarano identifient les cachalots et leurs comportements et écrivent un rapport scientifique qui est publié dans des revues scientifiques. Le Bureau du Premier ministre reçoit aussi une copie du rapport (...) Mais personne ne mettait en avant ces découvertes scientifiques sur nos cachalots, ni dans le système de l'éducation... les Mauriciens n'en savaient rien.

D'où la décision de la mise en oeuvre de la fondation (Indian Ocean Marine Life Foundation). Le professeur François Sarano et René Heuzey ont gracieusement donné toutes leurs découvertes scientifiques à la fondation. Celle-ci travaille avec les jeunes puis travaillera avec l'Université de Maurice, les grandes entreprises qui sont dans le «consulting» pour la mise en oeuvre dans le système éducatif et faire connaître cette richesse. Avec le soutien des autorités l'on peut couvrir un maximum de terrain.

Quand on a approché Mme Kobita Jugnauth, elle a tout de suite accepté d'être la marraine. Elle nous envoie toujours un mot d'encouragement et propose son aide. Des milliers de Mauriciens ont pu découvrir à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) qu'il y a des cachalots qui vivent sur le territoire mauricien. Elle nous aide actuellement sur le côté éducatif, pour être en contact avec les écoles. Nous travaillons actuellement sur un programme, des épisodes de 20 minutes par la Mauritius Film Development Corporation, ODV Production Ltd et le professeur François Sarano, qui seront distribués dans les écoles gratuitement pour faire l'éducation des jeunes Mauriciens. Donc un grand merci à Mme Kobita Jugnauth pour son parrainage.

Indian Ocean Marine Life Foundation: «Nous alertons sur l'indispensable protection des espèces»

L'Indian Ocean Marine Life Foundation a, en effet, été lancée le 24 mars de cette année. Les objectifs de la Fondation, indique Clarisse Coufourier, vice-présidente, sont «de mener des missions d'étude sur l'océan Indien. Nous avons un programme de cinq ans pour étudier l'acoustique et le lien social entre les cachalots dans les eaux de Maurice et aussi de protéger l'océan Indien en sensibilisant le public à la protection de l'environnement marin. Nous allons notamment aller dans les écoles pour expliquer aux enfants la biodiversité, les lagons, la barrière de corail entre autres.» La fondation vise aussi la diffusion des connaissances sur l'océan Indien à l'international.

Les projets développés depuis le lancement sont l'annonce d'une première scientifique mondiale sur la constitution d'un arbre généalogique d'une famille de cachalots à Maurice ; une seconde première scientifique mondiale sur le langage des cachalots et leur comportement tels que l'allaitement, organisation en crèche, le rôle des femelles, le rôle des mâles ; la signature d'un partenariat de cinq ans avec le CNRS pour poursuivre les études sur les cachalots et la sensibilisation dans les écoles mauriciennes à la protection de l'environnement marin, programme qui devrait commencer en septembre.

Clarisse Coufourier explique que les baleines viennent à Maurice aux alentours de l'hiver. Quant aux cachalots, femelles et petits, et les dauphins sont dans les eaux de Maurice toute l'année. Il est constaté qu'il y a une grande envie des touristes à vouloir nager avec les cachalots et les dauphins. «Nous préconisons une observation passive et pas intrusive. Le bébé VARUNA, née dans la nuit du 24 au 25 mars après le lancement de la Fondation et baptisée VARUNA par Kobita Jugnauth, a été râpé récemment par un bateau. Le bébé MYRIAM née 10 jours plus tard a pris un coup d'hélice de bateau tout comme Éliot qui a 12 ans. Trois accidents que nous avons pu constater en deux mois, c'est beaucoup et nous alertons sur l'indispensable protection des espèces. C'est leur habitat, pas le nôtre...»

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