En Côte d'Ivoire, l'artiste Bassamuka a sorti un single appelé « Tchatcho » pour sensibiliser le grand public aux dangers de la dépigmentation. Une pratique dont il est difficile de parler dans le pays, selon le chanteur. Rencontre à Yopougon.
En Côte d'Ivoire, un artiste tente de sensibiliser sur la dépigmentation. Mamadou Diomandé, alias « Bassamuka » est chanteur et comédien, membre de la compagnie Djély Théâtre d'Abidjan.
Son dernier single, « Tchatcho », « dépigmentation » en argot abidjanais, est un appel à une prise de conscience par rapport aux séquelles de la dépigmentation.
« Arrête de te Tcha, mon frère de sang. Arrête de te Tcha ma soeur de sang », chante ainsi Mamadou Diomandé. « J'utilise un langage assez familier en Côte d'Ivoire, explique l'artiste. Quand on dit "tcha", cela veut dire se dépigmenter ».
« Il y a des grincements de dents quand j'en parle »
À l'origine de ce single, un constat : de plus en plus de jeunes ont recours à la dépigmentation. L'artiste Bassamuka s'est régulièrement heurté à l'indifférence de ses proches, en évoquant ce sujet tabou : « Il y a des grincements de dents quand j'en parle. Beaucoup savent que c'est dangereux, mais il y a ce complexe-là qu'ils ont d'avoir un teint clair. Beaucoup se sentent frustrés, choqués. »
Il poursuit : « Quand j'ai sorti le single, j'ai demandé à des amis : aidez-moi à relayer l'information sur Facebook. Ils ont refusé parce qu'ils ont peur d'offenser ou de frustrer une personne qu'ils connaissent qui fait cela. »
En Côte d'Ivoire, les produits pour s'éclaircir la peau sont interdits. Et malgré ces mesures de prévention, la pratique de la dépigmentation persiste. Bassamuka veut alerter sur les dangers de ces produits sur la santé : « Le fait de se dépigmenter engendre des maladies telle que le cancer de la peau, la tension artérielle. Le plus dangereux c'est pour les femmes lorsqu'elles mettent la pommade et qu'elles allaitent. C'est dangereux pour les enfants qui tètent. Donc, c'est un véritable danger. C'est de l'autodestruction. »
L'artiste ivoirien associe la voix du rappeur sénégalais Oliblez. Un clin d'oeil à une mobilisation menée il y a dix ans, par la société civile sénégalaise contre cette pratique.