Ile Maurice: Travaux immobiliers - quand les escrocs construisent du vent

Les arnaques des «contracteurs» engagés dans des travaux immobiliers sont monnaie courante. De nombreuses personnes ont porté plainte auprès de la police contre les agissements frauduleux de certains entrepreneurs qui ont disparu après avoir empoché une partie de l'argent qui leur avait été remis pour des travaux.

Retards exagérés, majorations de prix, malfaçons, ou encore certains qui ne donnent plus signe de vie, des personnes qui se lancent dans un projet immobilier sont de plus en plus victimes d'escrocs en l'absence d'un véritable contrôle des autorités.

Sur les réseaux sociaux ou encore au poste de police, ils sont nombreux à faire part de leur mésaventure après avoir engagé un entrepreneur pour des travaux immobiliers. Pourtant, ces derniers leur ont bel et bien donné un contrat et des reçus pour l'argent fourni en guise de dépôt pour commencer les travaux. Se présentant comme des «contracteurs» aguerris depuis de nombreuses années, ils relatent leur savoir-faire et exposent leurs projets en cours et ont l'art de convaincre leurs clients de la qualité de leur travail.

Hélas, bon nombre d'entre eux sont souvent des escrocs qui disparaissent dans la nature après avoir encaissé l'argent. Rapidement, les travaux commencent, mais s'arrêtent tout aussi vite. Il faut dire que les «contracteurs» qui travaillent à leur propre compte subissent bien peu de contrôles, ce qui ouvre la voie à de nombreuses dérives.

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Paroles, paroles, paroles

Ces entrepreneurs ont changé leur modus operandi depuis quelque temps et font le marketing de leurs travaux sur les réseaux sociaux. Photos de projets déjà complétés et portfolio à l'appui, ils savent comment gagner la confiance des clients potentiels. Mais, malgré les nombreux messages qui circulent sur les réseaux et le bouche-à-oreille de mise en garde, le nombre de victimes de ces malfaiteurs continuent d'augmenter.

Une famille de Saint-Pierre raconte son calvaire après avoir donné plus de Rs 180 000 à des frères pour des travaux de rénovation de leur maison et pour le carrelage. «Ce sont deux frères qui s'étaient présentés comme des contracteurs. Ils nous avaient même montré les reviews d'anciens clients satisfaits de leurs services. Après être tombés d'accord sur le montant des travaux, ils ont effectué une visite des lieux et nous ont donné un devis officiel avec le logo de leur compagnie.

On leur a donné un premier dépôt de Rs 50 000 pour commencer le travail et on avait même eu un reçu avec un Business Registration Number. Les travaux devaient débuter fin avril. On a commencé à échanger plusieurs photos et ils nous envoyaient des modèles pour les travaux de rénovation. Arrivé fin avril, on les a contactés pour finaliser le tout et c'est là qu'ils commencent à venir avec toutes sortes de prétextes pour retarder le travail», relate la famille Jhingroo.

Après plusieurs appels et messages, les deux entrepreneurs assurent qu'ils vont effectuer le travail et leur racontent un tas d'histoires. «À sak fwa zot ti pe res donn nou parol lor parol ki travay la pou fer, enn kou JCB kase, lot kou pena travayer. Lin res roul nou mem ziska letan nou finn contakte proprieter JCB la, nou apran ki zame li ti angaze par se dé-la pou travay kot nou.»

Par la suite, s'enchaîne une série de mésaventures avec les deux entrepreneurs qui, réalisant qu'ils ont été démasqués, tentent de prendre la fuite pour ne pas rendre l'argent qu'ils avaient déjà empoché. «On les amême accompagnés à la banque pour qu'ils nous retournent notre argent et là on a appris qu'ils avaient tout dépensé. Au début, ils ne voulaient pas aller à la banque, faisant croire qu'ils avaient perdu leur carte d'identité», confie la famille Jhingroo. Ses membres ont porté plainte à la police mais disent ne pas avoir grand espoir.

Beaucoup d'autres personnes sont victimes de ce type d'arnaque et les histoires se ressemblent. K. R., une habitante de Rose-Hill, s'est aussi fait escroquer par un entrepreneur à qui elle a déjà donné Rs 50 000 pour des portes pour sa maison. Après plus d'un mois, l'homme a disparu avec son argent et ne répond plus à ses appels. Elle ne sait plus où le chercher afin de récupérer son argent.

D'autant plus qu'elle a contracté un emprunt auprès d'une banque pour les travaux. «Le pire, c'est qu'il n'y a aucun contrôle et à part la police on ne sait même pas vers quelle autorité se tourner. Si l'on veut vérifier les détails d'un entrepreneur avant de se lancer dans un quelconque contrat, c'est une longue procédure auprès du Registrar of Companies. Pourtant ces arnaqueurs ont bien des Business Registration Numbers. Sa osi zot fose aster», souligne notre interlocutrice.

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