Ile Maurice: Le pouvoir et la stratégie de la peur !

Atmosphère de frayeur, colère collective intériorisée, ressenti d'injustice ! D'un côté, des élus de la République, payés des fonds publics, sur qui pèsent des accusations sérieuses, allant d'emplois fictifs aux terrains alloués sous forme de contrats douteux, mais nullement inquiétés, car pouvant se réfugier derrière des enquêtes infinies menées par des institutions complaisantes ! Ceux-là, qu'ils soient trempés dans de sombres histoires, dorment sur leurs deux oreilles, parce que faisant partie du cercle privilégié des pouvoiristes intouchables !

De l'autre, de troublantes arrestations, ressemblant à des actes de vengeance politique, qui choquent une population en perte de repères et demeurant impuissante face aux tracassantes dérives ! Plus le temps passe, plus nous dépassons le seuil de dangerosité dans lequel notre pays est plongé ! En l'espace de quelques jours, on aura assisté à plusieurs événements : des arrestations de citoyens, laissant derrière une perception d'actions arbitraires, des scénarios abracadabrants, des images inacceptables de l'intrusion d'une bande de «tapeurs» dans les locaux d'une radio privée - Top FM -, qui n'ont pas hésité à se rendre sur le lieu de travail d'un journaliste (Murvind Beetun) pour tenter de le menacer.

Puis, on aura vu le député orange Sawmynaden, convoqué aux Casernes centrales, faisant à peine 40 minutes au poste, ce vendredi, alors qu'il est accusé de délit «d'usage de faux», sur toile de fond d'une affaire de meurtre que la police voulait présenter comme un suicide ! Et voilà l'élu de la République - qui, depuis deux ans, a juste perdu son maroquin ministériel en continuant à siéger à l'Assemblée nationale - d'affirmer devant les caméras qu'il «n'est pas venu aux Casernes accompagné de partisans, que le but n'est pas de faire du tam-tam».

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Faut-il lui rafraîchir la mémoire sur ses précédentes comparutions en cour, quand les rues de la capitale furent fermées, alors qu'un déploiement excessif de la police, incluant même des tireurs d'élites, était posté à Port-Louis pour assurer sa sécurité ?

Faut-il lui rappeler son autre comparution où on a assisté à un défilé de gros bras s'en allant intimider ceux présents, principalement les journalistes ?

S'il faut se remémorer ces épisodes, c'est parce que les images vidéos faisant état de ce qui s'est passé à l'intérieur des locaux de Top FM nous renvoient à ces viles méthodes, qui montrent notre pays sous l'angle d'une République de voyous, avec des bandits croyant que tout leur est permis.

Alors que dans le cas de Sawmynaden, il y avait une mobilisation d'une multitude d'unités de la police pour assurer la sécurité d'un ministre, qui s'en allait en cour, à Top FM, c'est pour soi-disant assurer la protection d'un haut gradé de la force policière qu'il y a eu des intrusions inadmissibles, suivies de menaces condamnables !

Ce, envers un journaliste, qui malgré ces actes d'intimidations, au milieu de son émission, a fait montre de courage en retournant à l'antenne, ne se laissant déstabiliser ni par les avocats, qui manifestement n'avaient pas leur place sur ce plateau, ni par ceux venus jouer les «bouncers» ! Un révoltant épisode qui allonge la liste d'exemple d'une société autocrate. C'est cette façon de faire, cette gestion au travers d'une politique de la peur, avec la complicité d'une police au service d'un gouvernement dictatorial, n'hésitant pas à toucher le fond pour rester au sommet, qui donne une impression de persécution dans le cas d'une série d'arrestations, dont celles des Bissessur !

Tant que le gouvernement ne se ressaisit pas et continue de nourrir ce système fasciste, utilisant des pions pour des intérêts loin d'être publics ; tant que les institutions se transforment en bouclier d'un pouvoir qui bascule graduellement dans la folie ; tant que tout sera mis en oeuvre pour empêcher les voix libres de s'exprimer (opposants parlementaires et extra-parlementaires, journalistes, observateurs avisés, avocats), les Mauriciens se retrouveront asphyxiés par une atmosphère de frayeur. Dans un pays méconnaissable ! Mais la colère collective intériorisée finira bien par se manifester ! Elle obéira au ressenti d'injustice !

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