La journée internationale dédiée aux lanceurs d'alertes a été célébrée le vendredi 23 juin 2023. En République Démocratique du Congo, cette célébration n'est pas passée inaperçue. Ensemble avec l'Inspection Générale des Finances( IGF), la Ligue Congolaise de la Lutte Contre la Corruption (Licoco) a organisé un point de presse dans l'amphithéâtre de l'IGF à Gombe. Un message clair a été donné aux lanceurs d'alertes: «Bravez la peur et dénoncez la corruption».
Jules Alingete, Inspecteur Général des Finances et chef de service, s'est appesanti sur le mode de collaboration entre son institution et les lanceurs d'alertes. Pour celui qui, depuis un certains temps, est considéré comme défenseur des deniers publics, la corruption et le détournement des deniers publics constituent un cancer contre le développement d'une nation mais à des degrés différents.
Il a fait savoir que le développement des pays africains est hypothéqué à cause de ce phénomène de corruption. Si tout le monde ne se lève pas, l'avenir des enfants reste hypothéqué. Il est inconcevable que, depuis 1960, la RDC par exemple garde les mêmes infrastructures, sans création d'emplois. Et pourtant, il y a eu accroissement de la population. Tant qu'il y aura un nombre impressionnant de corrupteurs, il n'y aura pas de développement. Le pays tournera en rond.
Pour ce qui est du lanceur d'alerte, selon Jules Alingete, il reste la personne qui aide les organes de contrôle d'aller rapidement pour éradiquer le mal. Ce dernier donne des informations qui permettent d'attaquer le mal avec assurance. En Europe, ce sont les lanceurs d'alertes qui font avancer les dossiers. C'est cela l'esprit qui doit animer le peuple congolais.
Mais, la question que doit toujours avoir en tête le lanceur d'alerte est celle de savoir comment dénoncer quand on sait que la mafia financière est capable de frapper. Le Congo, qui est un héritage de tous les Congolais, ne peut pas être détruit. Personne n'accepterait de partir et laisser ses enfants dans un environnement qui ressemble à la jungle. C'est ici qu'il faut prendre conscience et travailler ensemble. Le bonheur individuel n'est rassurant que dans un environnement collectif. Si le pays continue dans un développement individuel, il faut s'attendre aux pillages comme vers les années 1990, a mis en garde Jules Alingete.
Poursuivant son éveil des consciences, Jules Alin a soutenu qu' il est inadmissible que le pays évolue dans un environnement où chaque personne, quand elle a une opportunité de servir l'Etat, commence par se servir en premier lieu. Raison pour laquelle, il faut tout faire pour que la RDC reprenne conscience. Il ne doit pas être question de laisser la tâche du redressement du pays aux générations futures.
Demandant aux lanceurs d'alertes d'être partout à travers le pays, l'Inspecteur Général des Finances a reconnu que c'est grâce aux lanceurs d'alertes que son institution, lors des enquêtes,travaille avec assurance. Car, il s'agit des dénonciations faites en interne. En faisant preuve de patriotisme, le lanceur d'alerte ainsi que le dénonciateur doivent éviter de s'exposer. En aidant le pays à se vider des antivaleurs, le lanceur d'alerte aura sa meilleure récompense. Voilà pourquoi l'IGF les encourage car leur action reste salvatrice pour le pays. Il n'est pas question d'avoir des acteurs d'une part et des spectateurs d'autre part.
Les deniers publics appartiennent à tous, vu que chacun paye les impôts.Pour bien comprendre le mal que ces détourneurs, qu'il faut appeler voleurs, causent au pays, il suffit de se faire voler l'argent dans un marché. Même si la justice acquitte toutes ces personnes, le meilleur acquittement reste dans la société, a conclu Jules Alingete.
La création des parquets financiers s'impose.Parlant des acquittement, l'Inspecteur Général des Finances adjoint a fait savoir que seule la mise en place des parquets financiers peut être une solution efficace dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics. Souvent les juristes, pour comprendre les chiffres, font appel aux experts pour interpréter les chiffres. Avec les parquets financiers, personne ne pourra échapper à la justice.
Saluant les avancées enregistrées dans l'exercice du travail des lanceurs d'alerte, depuis l'arrivée de Félix Tshisekedi, le prof Muteba a souligné que pendant le régime de Joseph Kabila, il y avait plusieurs intimidations qui ont fait que les gens ne prennent plus le risque de dénoncer par peur. Mais, ces avancées enregistrées avec Félix Tshisekedi ne peuvent pas empêcher les lanceurs d'alertes d'être prudents.