Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS lors du point presse - 21 juin 2023

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Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.

Je souhaiterais tout d'abord évoquer la Barbade, où je me suis rendu la semaine dernière. J'ai eu l'honneur de me joindre aux dirigeants des petits États insulaires en développement et d'approuver la Déclaration de Bridgetown de 2023 sur les maladies non transmissibles et la santé mentale.

Les maladies non transmissibles (MNT) telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète sont responsables de plus de 70 % de l'ensemble des décès dans le monde.

La menace des MNT n'est ressentie nulle part ailleurs avec plus d'acuité que dans les petits États insulaires.

En effet, un nouveau rapport de l'OMS montre que 8 des 15 pays présentant un risque de décès prématuré supérieur à 30 % par maladie cardiovasculaire, cancer, diabète ou maladie respiratoire chronique sont de petits pays insulaires.

Par ailleurs, les 10 pays ayant les taux d'obésité les plus élevés au monde sont de petites îles du Pacifique, où plus de 45 % des adultes vivent avec l'obésité.

Les problèmes de santé mentale sont également fréquents dans les petits États insulaires.

La menace des MNT est aggravée par la crise climatique.

Les petits États insulaires représentent 1 % de la population et de l'économie mondiales et émettent moins de 1 % des gaz à effet de serre, toutefois ils sont touchés de manière disproportionnée et grave par le changement climatique et les catastrophes naturelles.

Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer l'impact paralysant de ces menaces qui se heurtent.

La déclaration de Bridgetown est un appel collectif lancé à tous les pays afin qu'ils aident les petits États insulaires à faire face aux répercussions des MNT et des problèmes de santé mentale.

Et j'appelle tous les dirigeants et les partenaires à leur apporter leur soutien.

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L'un des principaux facteurs de risque des MNT est une mauvaise nutrition, en particulier au cours des premiers stades de la vie.

Un allaitement maternel inadéquat augmente les risques d'obésité infantile, de mort subite inexpliquée du nourrisson, de leucémie, de diabète maternel ou de cancer.

L'OMS recommande l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie et la poursuite de l'allaitement maternel pendant deux ans ou plus.

Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la commercialisation agressive des substituts du lait maternel a entraîné des réductions importantes des taux d'allaitement maternel exclusif.

En réponse à cette menace, en 1981, les États Membres de l'OMS ont adopté le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel.

Le Code permet de protéger la santé, la nutrition et le développement au cours des premières années de la vie, afin que les parents et les aidants reçoivent des conseils médicaux judicieux, qui ne soient pas influencés par des intérêts commerciaux.

Depuis l'introduction du Code il y a plus de quarante ans, de nets progrès ont été réalisés.

En effet, plus de 70 % des pays ont adopté une législation qui met en place au moins quelques dispositions du Code.

Au cours des dix dernières années, la prévalence de l'allaitement maternel exclusif a augmenté de dix points de pourcentage à l'échelle mondiale, atteignant 48 % des enfants de moins de 6 mois, soit le niveau le plus élevé depuis que nous avons commencé à la mesurer dans les années 1980.

Toutefois, de nombreux problèmes subsistent.

On constate que peu de progrès ont été accomplis dans les pays à revenu élevé, où le code n'a pas été transformé en législation efficace et où, par conséquent, les taux d'allaitement maternel exclusif stagnent.

En outre, les fabricants de substituts du lait maternel utilisent des tactiques de commercialisation de plus en plus sophistiquées, y compris des publicités ciblées sur les téléphones mobiles des femmes enceintes, la participation clandestine à des clubs en ligne sur les nourrissons ou le fait d'inciter les mères à commercialiser mutuellement des préparations pour nourrissons.

Hier, des experts du monde entier se sont réunis ici, au Siège de l'OMS à Genève, pour le premier Congrès mondial sur la mise en oeuvre du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel.

La réunion réunit des délégués d'environ 130 pays pour discuter de la manière de renforcer la législation en vue de contrer les tactiques de l'industrie et de donner à plus d'enfants le meilleur départ possible dans la vie.

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Je vais maintenant évoquer le Soudan, où deux mois de violence ont eu de graves conséquences sur la prestation des services de santé, laissant ainsi 11 millions de personnes supplémentaires ayant besoin d'une assistance sanitaire.

Environ deux tiers des établissements de santé dans les zones touchées sont hors service. Les attaques répétées contre les établissements de santé, les entrepôts médicaux, les ambulances et les agents de santé empêchent les patients et les personnels de santé de se rendre dans les hôpitaux.

Depuis le début des combats, l'OMS a vérifié 46 attaques visant les services de santé.

Des services essentiels ont été interrompus, notamment les services de soins de traumatologie et d'urgence, de soins aux mères et aux enfants, aux survivants de violence fondée sur le genre, et de lutte contre la malnutrition et les MNT.

On observe des difficultés importantes dans la lutte contre les épidémies de rougeole, de paludisme et de dengue qui sévissent actuellement au Soudan.

Le risque d'épidémies ne fera qu'augmenter compte tenu de la prochaine saison des pluies, de l'accès limité à une eau sans risque sanitaire, des déplacements de population et des capacités limitées en matière de détection des épidémies.

La semaine dernière, l'OMS a lancé un nouvel appel de fonds d'un montant de 150 millions de dollars des États-Unis pour répondre aux besoins sanitaires croissants des personnes touchées par la violence au Soudan et de celles qui ont fui vers des pays voisins, notamment la République centrafricaine, le Tchad, l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan du Sud.

Je suis profondément préoccupé par la santé et le bien-être du peuple soudanais, et l'OMS étudie toutes les voies possibles pour lui fournir le soutien dont il a besoin.

Mais nous ne saurions y arriver seuls. Il est urgent que la communauté internationale fasse preuve de solidarité pour permettre à l'OMS et à ses partenaires de continuer à fournir des interventions vitales au cours des six prochains mois.

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Enfin je vais évoquer le Pérou, qui a déclaré l'état d'urgence en raison de la pire épidémie de dengue jamais enregistrée dans le pays.

Depuis le début de cette année, près de 150 000 cas suspects ont été signalés, dont plus de la moitié ont été confirmés en laboratoire.

Le nombre de cas notifiés jusqu'à présent cette année représente plus du double de celui signalé à la même période l'an dernier et ces chiffres sont plus de quatre fois supérieurs à la moyenne enregistrée ces cinq dernières années.

Bien que moins d'un pour cent des cas soient des cas de dengue sévère potentiellement mortelle, ces cas font peser un lourd fardeau sur le système de santé du Pérou.

Dans le cadre de la riposte à cette situation, l'OMS aide le Pérou à renforcer la lutte antivectorielle, la surveillance et la prise en charge clinique, par le biais de la formation de plus de 6000 agents de santé.

Au cours des dernières décennies, l'incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier, en particulier dans les Amériques, où 2,8 millions de cas et 1280 décès ont été signalés l'année dernière.

L'OMS se prépare à la très forte probabilité que les années 2023 et 2024 soient marquées par un événement El Niño, ce qui pourrait augmenter la transmission de la dengue et d'autres arbovirus tels que le virus Zika et le virus du chikungunya.

Les effets du changement climatique favorisent également la reproduction des moustiques et la propagation de ces maladies.

Pour faire face à cette menace, l'OMS a lancé l'année dernière l'Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus, qui vise à renforcer la capacité du monde à prévenir, à détecter et à combattre les flambées de ces maladies.

Bon nombre des mêmes capacités que celles mises en place par les pays dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 peuvent également être mises à profit pour lutter contre la dengue et d'autres maladies.

Par ailleurs, plusieurs des actions susceptibles de prévenir la dengue sont les mêmes que celles qui peuvent contribuer à prévenir beaucoup d'autres maladies, notamment l'action climatique.

Fadéla, c'est à vous.

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