Des milliers de personnes qui ont échappé au conflit au Soudan vivent désormais dans des centres de transit dans les États du Haut-Nil et du Bahr El Ghazal du Nord, au Soudan du Sud. Les équipes de Médecins Sans Frontières sur place constatent une insuffisance de l'aide humanitaire déployée pour porter assistance à cette population, parmi laquelle se trouvent beaucoup de femmes et d'enfants.
La plupart des personnes qui ont franchi la frontière pour trouver refuge au Soudan du Sud étaient originaires de ce pays. Aujourd'hui, ces rapatriés, qui vivent dans des camps de transit le long de la frontière, disposent d'une quantité insuffisante d'abris, de nourriture et d'eau potable.
« Les États du Haut-Nil et du Bahr El Ghazal du Nord, en particulier, font face à un afflux massif de rapatriés et les organisations humanitaires sont débordées, explique Jocelyn Yapi, chef de mission MSF au Soudan du Sud. Ces déplacés sont traumatisés par la violence du conflit au Soudan, il est urgent que les autorités accélèrent leur transfert et leur installation dans d'autres régions du pays. »
Les mauvaises conditions de vie dans les camps de transit ont déjà un impact négatif sur la santé des populations et, avec l'arrivée de la saison des pluies, la situation pourrait devenir catastrophique.
« Nos équipes prennent déjà en charge des patients atteints de maladies qui pourraient être évitées si les conditions de vie n'étaient pas aussi mauvaises, poursuit Jocelyn Yapi. Avec l'arrivée prochaine de la saison des pluies, si ces besoins ne sont pas satisfaits rapidement, nous craignons des épidémies et une catastrophe sanitaire. »
Plus de 127 000 personnes ont trouvé refuge au Soudan du Sud, principalement à Renk dans l'État du Haut-Nil. Chaque jour, entre 800 et 1 000 personnes se rendent dans cette ville depuis le Soudan, souvent après avoir fait de longs et dangereux trajets pour traverser la frontière.
« Nous avons fui Khartoum pour sauver notre vie, déplore Awel, qui a voyagé 15 jours durant avec son frère. En chemin, nous avons rencontré des hommes armés qui ont pris notre argent, nos biens et notamment nos téléphones portables. » Les rapatriés qui cherchaient la sécurité à Renk atterrissent pour la plupart dans un centre de transit surpeuplé, qui accueille actuellement plus de 12 000 personnes.
Il y a un mois environ, ce centre de transit a été le théâtre d'affrontements intercommunautaires. Depuis lors, certains membres de la communauté ont quitté le centre, se coupant d'un accès à l'aide humanitaire. « Nous n'avons pas de nourriture, explique Anyr, qui dort dans un entrepôt de Renk, après 40 ans de vie au Soudan. Nous n'avons rien pour survivre, il n'y a pas assez d'eau potable et nous sommes à la merci des serpents et des scorpions. Les gens ne veulent pas rester ici. Ils sont tellement désespérés de partir qu'ils sont prêts à vendre tout ce qu'ils ont pour quitter cet endroit. »
Les camionneurs locaux facturent environ 25 000 livres sud-soudanaises (25 euros) par personne le trajet jusqu'à Palouch, une ville distante de 150 km, d'où la plupart espèrent prendre un vol pour une autre région du pays. Ceux qui n'ont pas les moyens de voyager sont obligés d'attendre que l'aide arrive.
Les autorités locales de Renk avaient annoncé un plan de transfert des rapatriés vers un autre centre de transit installé dans la ville de Malakal. Cependant, tous les déplacements entre Renk et Malakal ont été temporairement suspendus après que des violences intercommunautaires dans un camp préexistant à Malakal ont fait au moins 17 morts au début du mois de juin.
À Aweil, dans l'État du Bahr El Ghazal du nord, la situation est similaire. Tandis que les ressortissants soudanais séjournent dans un centre de transit pour réfugiés, de nombreux rapatriés sud-soudanais vivent toujours sous les arbres, sans nourriture, sans eau potable ni assainissement adéquat. Les besoins humanitaires étaient déjà élevés dans cet État et les coupes budgétaires avaient érodé les services de santé.
« L'arrivée de nouveaux rapatriés et réfugiés va avoir un impact énorme sur la situation humanitaire, explique Margot Grelet, coordinatrice de projet MSF à Aweil. Nous constatons déjà une augmentation des cas de malnutrition. En raison de la réduction des financements internationaux ces dernières années, le système de santé est grandement affaibli. »