Afrique: 3e édition du FAPEF - La place du journalisme économique débattue à Abidjan

La 3e édition du Forum africain de la presse économique et financière (FAPEF) s'est tenue en présentiel et en distanciel, le 22 janvier 2023, à Abidjan, en Côte-D'Ivoire, sous le thème : « quelle place pour l'information économique dans la construction de l'intégration régionale ».

Le journalisme économique et financier joue un grand rôle dans le développement des économiques nationales et régionales. Malheureusement, il reste peu développé en Afrique subsaharienne, surtout francophone. Ce constat est à l'origine de la création du Forum africain de la presse économique et financière (FAPEF) en 2021 qui s'est donné pour objectif d'inverser la donne.

La 3e édition de ce rendez-vous majeur dédié aux professionnels de l'information économique et financière a eu lieu en présentiel et en distanciel, le jeudi 22 juin 2023, à Abidjan, en Côte-D'Ivoire.

Selon le président-fondateur du FAPEF, Michel Russel Lohoré, cette rencontre annuelle a été conçue comme une tribune de promotion de la presse économique et financière et comme un espace de valorisation de l'information économique et financière.

«Le FAPEF se veut également un haut lieu de rencontres et de débats féconds entre journalistes économiques, institutions de développement, experts économiques, chercheurs, entreprises et étudiants dans le but de promouvoir une culture économique et financière dont l'expansion ne peut qu'être bénéfique pour nos différents Etats en quête de développement et de mieux être », a-t-il souligné.

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Et d'ajouter que l'information économique étant un vecteur clé pour accélérer le développement et l'épanouissement collectif, l'Afrique ne pourrait s'en sortir sans une presse économique et financière de qualité, avisée et performante à même de déclencher le changement sociétal et les transformations qui précèdent l'émergence économique et le développement.

Et face aux multiples défis que les pays africains doivent relever dans un contexte crise généralisée, le 3e édition du FAPEF a jugé opportun de mener la réflexion autour de deux thèmes à savoir « l'Afrique au défi du renforcement de la résilience économique » et « quelle place pour l'information économique dans la construction de l'intégration régionale », sous forme de panels modérés par le rédacteur en chef du magazine Emergence économique, Valentin Mbougueng.

Au cours du premier panel, le rédacteur en Chef de l'Agence Ecofin, Idriss Linge, en plantant le décor, a d'amblée fustigé les narratifs venus d'ailleurs et souvent repris en choeur sur le continent et présentant l'Afrique comme une région à problèmes, alors qu'à bien d'égards, elle n'est pas toujours la moins lotie, notamment en matière de dette extérieure. Mieux, le continent est un relais de croissance pour les autres régions du monde, a insisté M. Linge.

Mais cela ne doit pas amener à fermer les yeux sur les véritables problèmes qui freinent l'essor de l'Afrique et en situant les responsabilités, a souligné le banquier et directeur général de William Khamey Advisors, Guillaume Liby. Pour lui, il sera difficile pour l'Afrique de s'en sortir avec son capital humain, financier, naturel sous-employé, notamment avec 80% de sa population inactive et 3% de contribution à la valeur ajoutée mondiale.

Sortir de l'économie de cueillette

L'émergence des pays africains passe par une croissance d'au moins 10% ; et pour arriver à ces seuils de croissance, ils doivent se doter de moyens et de stratégies nécessaires.

Tout en reconnaissant le rôle essentiel de la presse économique pour le développement du continent et la déconstruction des narratifs dévalorisants, le conseiller technique du directeur général de la BADEA (Banque Arabe pour le développement économique en Afrique), Dr Teshepelayi Kabata, a indiqué que le numérique, le renforcement des infrastructures routières constituent aussi des leviers de résilience pour l'Afrique.

Pour ce qui est de ses axes stratégiques d'intervention, la BADEA met l'accent sur le financement des infrastructures de de production d'énergie, de transport, des chaines de valeurs, du secteur privé, des PME.

Sortir de l'économie de la cueillette pour promouvoir la transformation locale, aller vers des financements alternatifs comme l'actionnariat populaire, améliorer la gouvernance économique sont également, entre autres, des propositions faites par les panélistes pour le renforcement de la résilience économique de l'Afrique.

Au deuxième panel, le journaliste économique sénégalais et spécialiste en économie des médias, Dr Abdou Diaw, a abordé le rôle combien central des médias à la construction de l'intégration régionale.

Qu'il s'agisse de faire connaitre les organes, le fonctionnement de l'UEMOA, les réformes des finances publiques et les projets de développement qu'elle conduit, la contribution des journalistes économiques et financiers demeure essentielle, a-t-il insisté.

C'est pourquoi le rédacteur en chef adjoint de l'Agence Ecofin, Fiacre Kakpo, a insisté sur la nécessité pour les institutions économiques et financières africaines, surtout celles ouest-africaines de contribuer à la promotion du journalisme économique et financier, à la formation des journalistes.

La rédactrice en chef adjointe de Tribune Afrique, Ristel Tchounand, a pour sa part appelé à reconsidérer le regard sur le journaliste économique et financier que certains acteurs économiques ont tendance à présenter comme de simples diffuseurs de communiqués de presse. Loin de ce rôle réducteur, ces professionnels sont des analystes qui donnent du sens, du contenu à l'information économique et financière.

En tout de cause, au regard des problèmes d'emplois, de développement, d'intégration que connait l'Afrique, la presse économique a toute sa place sur le continent, a fait remarquer le directeur général du Cabinet Conseils NAG, Gérard Amangoua. Il a appelé les journalistes économiques africains à prendre leurs responsabilités et à réussir la phase de transition qu'ils traversent.

Absence de programme régional pour les médias

Outre les deux panels, une plage a été donnée à la BCEAO et à l'UEMOA. Dans la présentation des instruments de la BCEAO pour accompagner l'essor économique de l'Afrique de l'ouest, l'adjoint au Directeur des études économiques et de l'intégration régionale de la BCEAO, Sékou Camara, a, entre autres, fait savoir que les crédits injectés par la banque centrale dans les économies de l'UEMOA a quasiment triplé, passant de 10 000 milliards à 30 000 mille milliards FCFA entre 2012 et 2022, avec 16% de ces crédits affectés aux PME.

Dans son rôle de régulation du crédit, la BCEAO a aujourd'hui l'un des taux directeurs les plus bas du continent (l'ordre de 3%), a-t-il ajouté.

Dans sa présentation des acquis de l'UEMOA, le conseilleur du Bureau de Représentation Résidente de la Commission de l'UEMOA en Côte d'Ivoire, Jean-Jacques Olivier Mongbo, a décliné les principales réalisations de l'organisation sous-régionale en matière d'infrastructures et services de transport routier, aérien, maritime, d'aménagement du territoire, de chaines de valeurs, de gouvernance agricole et de sécurité alimentaire, de développement humain.

S'agissant des défis auxquels l'organisation communautaire doit faire face, M. Mongbo a cité le marché commun, la question sécuritaire, des convergences monétaires, la libre circulation et l'entrée en vigueur de la ZLECAf.

Lors des échanges, l'absence de projet ou programme porté par l'UEMOA et dédié au secteur de la communication et des médias, et surtout de la presse économique et financière, a été relevée et déplorée. Et au regard de l'important rôle que le journalisme économique et financier joue dans la construction de l'intégration régionale et le développement socioéconomique des États africains, suggestion a été faite aux organisations régionales de prendre une part active dans la promotion du journalisme économique et financier, en contribuant au renforcement des capacités des hommes et femmes de médias et en soutenant davantage le FAPEF.

Tout en traduisant sa gratitude aux partenaires que sont l'UEMOA, la BCEAO, la BRVM, la BADEA, le président-fondateur du Forum a rappelé les Chefs d'État et décideurs africains que l'avenir de ce continent dont nous vantons tant les potentialités économiques et les ressources humaines ne peut se faire sans des médias économiques et financiers de référence ou sans des journalistes spécialisés.

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