Nigeria: Une foule lynche un homme accusé de « blasphème »

Usman Buda, un boucher travaillant dans les abattoirs de la ville de Sokoto, « a été lynché et attaqué par des fidèles musulmans qui lui ont infligé de graves blessures », a déclaré hier dimanche le porte-parole de la police locale Ahmad Rufa'i.

Les agresseurs ont pris la fuite lorsque la police est arrivée sur les lieux et M. Buda a été transporté à l'hôpital, où son décès a ensuite été confirmé, a ajouté M. Rufa'i.

M. Buda, un musulman salafiste, a été lapidé et battu à mort par ses collègues à la suite d'une dispute, a expliqué son collègue boucher Isa Danhili.

Selon lui, «Tout a commencé lorsque de jeunes mendiants sont venus demander l'aumône au nom d'Allah et du prophète », a-t-il déclaré à l'AFP.

Lorsque M. Buda a désapprouvé la mendicité des enfants, une vive dispute a éclaté, a-t-il ajouté. Le boucher est devenu émotif et a fait des « déclarations » que ses collègues ont jugé insultantes pour le prophète et « se sont rués sur lui avec des pierres et des bâtons », a déclaré M. Danhili.

Une vidéo de l'attaque, largement partagée sur les réseaux sociaux, montre un homme vêtu d'un maillot sans manches ensanglanté titubant et tombant alors qu'une foule lui jette des pierres. En arrière-plan, on entend une voix crier « Tuez-le! » en haoussa, langue la plus parlée dans le Nord du Nigeria.

Le blasphème est passible de la peine de mort en vertu de la loi islamique, ou charia, qui s'applique parallèlement au droit commun dans une dizaine d'États du Nord du Nigeria où la majorité de la population est de confession musulmane. Ces dernières années, la peine de mort a rarement été appliquée. Cependant, dans plusieurs cas, les accusés ont été tués par des foules sans passer par une procédure judiciaire.

 

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.