Burkina Faso: Pour plus d'efficacité

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C'est la surprise du chef. Alors que les Burkinabè ne s'y attendaient pas, le chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a procédé à un remaniement ministériel, le 25 juin 2023.

Même la presse, très souvent dans le secret des Dieux, n'a visiblement pas flairé le coup. Si fondamentalement l'ossature gouvernementale demeure, quatre ministres ont quitté le navire. Ce sont notamment, ceux en charge de l'administration territoriale et de la sécurité, le colonel Boukaré Zoungrana, de l'agriculture, Dr Dénis Ouédraogo, de la justice, Bibata Nebié et de l'environnement, Dr Augustin Kaboré.

Ils ont respectivement été remplacés par le magistrat Emile Zerbo, le commandant Ismaël Sombié, l'avocat Edasso Rodrigue Bayala et le technicien supérieur de l'environnement, Roger Baro. Avant leur entrée dans l'équipe gouvernementale, ces personnalités occupaient déjà des fonctions dans l'administration publique. Jusque-là procureur près le Tribunal de grande instance Ouaga 2, Emile Zerbo avait la charge du pôle antiterroriste. Réputé être un magistrat expérimenté et intègre, il a à son actif, la tenue de la première session de jugement des présumés terroristes, du 9 au 13 août 2021.

L'avocat,Edasso Rodrigue Bayala, est connu des prétoires, pour son implication dans plusieurs dossiers, tel le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 et de la scène politique. Il a été député à l'Assemblée nationale, sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré, pour le compte de l'Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR-PS). Me Bayala n'en est plus membre depuis sa démission pour « convenance personnelle », en septembre 2022.

Pour sa part, l'officier Ismaël Sombié était précédemment Directeur général (DG) de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS). Il avait assumé auparavant, d'autres fonctions, dont celles de directeur de cabinet au ministère des Sports et des Loisirs, de DG de l'Office de gestion des infrastructures sportives, de chef de service sport à la direction centrale des sports des Armées et de directeur des sports de la Gendarmerie nationale. Roger Baro était aux commandes de la Direction de la prévention des pollutions et des risques environnementaux avant de parvenir au sommet.

Ces nouveaux ministres vont prendre en main les dossiers de leurs départements respectifs et travailler à les faire avancer, dans un contexte sécuritaire et humanitaire difficile. lls vont évoluer aux côtés de leurs collègues restés en poste, dont entre autres, Bassolma Bazié à la Fonction publique, Olivia Rouamba aux Affaires étrangères, Jean-Emmanuel Ouédraogo à la Communication, Aboubacar Nacanabo aux Finances et Adama Luc Sorgho aux Infrastructures.

Si ce réaménagement de l'équipe gouvernementale s'inscrit dans l'ordre normal de la pratique du pouvoir, on peut légitimement se poser des questions,ce d'autant plus qu'il consacre l'éviction de quatre ministres. Qu'est-ce qui n'a pas marché avec les sortants ? Ya-t-il eu des divergences de vues sur certaines questions ou des départs pour convenance personnelle ? Les interrogations fusent, mais les réponses ne sont pas toujours évidentes à trouver.

A tout point de vue, ce remaniement laisse entrevoir, à considérer le maintien d'un certain nombre de ministres à leur poste, que le président de la Transition a constitué un noyau d'hommes autour de lui. Le capitaine Traoré a manifestement trouvé les hommes qui cadrent avec sa vision de reconquérir le territoire national et de refonder la nation burkinabè, pour lui donner plus d'indépendance et de dignité.

On peut épiloguer à souhait, mais tout porte à croire que le chef de l'Etat veut insuffler une nouvelle dynamique à l'action gouvernementale, eu égard aux nombreux défis à relever. Il recherche certainement plus d'efficacité, en injectant du sang neuf dans l'Exécutif.

Cette option est salutaire, dans la mesure où le Burkina Faso traverse les pires moments de son histoire. Sur le plan sécuritaire et humanitaire, la situation n'est pas encore à la hauteur des attentes des Burkinabè, mais d'importants efforts ont été consentis, en matière de réorganisation et d'équipement des forces armées nationales, sous le leadership du capitaine Traoré. Ces avancées, couplées à une stratégie offensive, ont permis de faire subir des revers aux ennemis de la nation et de reconquérir certaines localités, à l'image de Solenzo, dans la province des Banwa.

Mais le diable est toujours dans la maison Burkina et il faut oeuvrer à ce qu'il sorte pour de bon. Il ne fait l'ombre d'aucun doute, que le capitaine Traoré est déterminé à ramener la quiétude dans le pays, mais il faut véritablement une union sacrée autour de sa personne. Les Burkinabè doivent aller au-delà de leurs divergences, pour sauver ce qu'il y a de plus cher : le pays. C'est le seul combat, qui doit être mené, par ces temps qui courent...

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