Madagascar: Carburant - Possible retour à la vérité des prix en 2024

Casse-tête. Les questions relatives au secteur des hydrocarbures et de l'électricité constituent, à chaque fois, les éléments qui font le malheur des techniciens dans l'élaboration de la loi de finances.

C'était notamment le cas en 2022 où les pétroliers n'ont pas pu payer les droits et taxes sur les carburants et ont failli provoquer ainsi, une difficulté passagère de trésorerie pour l'Etat.

Protection des consommateurs

Il s'agit d'un phénomène lié au fait que l'Etat lui-même n'a pas pu régler à temps, le passif des pétroliers. Un passif, rappelons-le, découle de la prise en charge par l'Etat de la différence entre le prix réel du carburant et le prix à la pompe revu à la baisse pour nécessité de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, à chaque exercice budgétaire, l'Etat est obligé de décaisser des milliards d'ariary pour cette protection des consommateurs.

Un exercice difficile que le gouvernement a quand même pu régler, une fois de plus. « Les autorités ont réglé les dettes croisées avec les distributeurs pétroliers et la reprise du paiement des droits et taxes à l'importation sur les carburants devrait contribuer à améliorer le solde budgétaire en 2023 », indique notamment le FMI dans le communiqué de presse publié à l'issue de l'approbation de la quatrième revue de la Facilité Elargie de Crédit (FEC).

%

Impopulaires

À terme, la solution à ce sempiternel problème des coûts des hydrocarbures n'est autre qu'un retour à la vérité des prix. Une option qui pourrait être effectuée dès l'année prochaine. Du moins si l'on se réfère aux propositions du FMI qui suggère « la mise en place d'un mécanisme automatique de fixation des prix des carburants en 2024 ». Le Fonds suggère également la réforme de la Jirama qui veut dire implicitement pratique de la vérité des prix, c'est-à-dire une révision à la hausse des prix au Kwh auprès des consommateurs.

Ces deux décisions devraient, selon le FMI, « contribuer à atténuer les risques budgétaires et créer un espace budgétaire indispensable pour les dépenses sociales et de développement ». Il reste à savoir si les autorités auront le courage de prendre de telles décisions qualifiées d'impopulaires et dont les impacts sociaux et politiques seront difficiles à gérer. Ce sera, dans tous les cas, un autre casse-tête.

Environnement difficile

En attendant, le pays continue de faire face à une conjoncture difficile aussi bien sur le plan interne qu'externe. « Madagascar continue de faire face à un environnement difficile, avec de multiples chocs climatiques, une croissance plus lente et de fortes pressions inflationnistes qui pèsent sur les segments les plus vulnérables de la population », indique le FMI qui reconnaît par ailleurs que des efforts ont été réalisés.

« Les autorités ont fait des progrès dans l'avancement des réformes structurelles, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer l'exécution budgétaire et la gouvernance, mieux contrôler l'inflation et renforcer les politiques de résilience climatique ». Quoiqu'il en soit, l'espoir est encore permis quand on sait que même s'il s'agit d'une croissance mitigée, Madagascar est encore au-dessus de la moyenne mondiale fixée à 1,7%. Selon la Banque mondiale, « la croissance de l'économie mondiale devrait s'établir à 1,7% en 2023, puis à 2,7% en 2024 ».

Alors que pour Madagascar, les prévisions du FMI font état d'une croissance de 4%. « La croissance de Madagascar a ralenti et l'inflation reste élevée. La croissance devrait se stabiliser à 4,0 % et l'inflation annuelle moyenne dépasser 10% en 2023. Le ralentissement de la croissance et les pertes de la Jirama pèsent sur le solde budgétaire. Le ralentissement des exportations de vanille a affecté les entrées de devises, exerçant une pression sur le taux de change ». L'approbation de la 4e revue de la FEC constitue en tout cas, un engagement du FMI, et partant des autres bailleurs de fonds à soutenir Madagascar dans ses efforts pour la relance économique.

L'achèvement de la revue de la FEC, permet, rappelons-le, le décaissement de 24,44 millions de DTS, soit environ 32,7 millions de dollars pour couvrir les besoins de financement extérieur et budgétaire, portant le total des décaissements au titre de l'accord à 171,08 millions de DTS soit environ 228,7 millions de dollars.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.