Thiès — Une start-up composée d'étudiants de l'Ecole nationale supérieure d'agriculture (ENSA) et de l'Ecole polytechnique de Thiès (EPT) a remporté lundi le premier prix d'innovation technologique en agriculture de la deuxième édition du Concours dénommé Ayute Africa Challenge.
Les trois étudiants membres de la start-up classée première sur cinq, pour son projet Pastolait, ont reçu un chèque de 6 millions de FCFA, à l'issue de la finale de cette compétition lancée en 2022 par l'ONG américaine Heifer. Elle a eu lieu à Thiès en présence d'autorités administratives et de partenaires, en plus des lauréats.
Les cinq start-ups ont été retenues, suite à une sélection parmi plus de 100 projets de solutions numériques appliquées à l'agriculture au sens large, c'est-à-dire prenant en compte l'élevage.
Un jury constitué de représntants de l'IPAR, de l'incubateur de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, de l'ENSA, du ministère de l'Agriculture et d'autres structures partenaires comme les ONG Eclosio, Eau vive et Reach for Change, a départagé les candidats.
Le projet Pastolait comporte deux volets, l'un aidant à améliorer la productivité laitière des vaches, grâce à une application sur laquelle l'éleveur renseigne des informations entre autres, sur le poids et l'âge de ses animaux, pour recevoir des messages sur la formule alimentaire adéquate pour chacun d'eux.
L'autre aspect met en relation les mini-laiteries et les éleveurs, grâce à un système de géolocalisation, répondant ainsi à la cruciale question d'autosuffisance du pays en produits laitiers. Seuls 38% de la demande locale en produits laitiers sont satisfaits par le cheptel national, les 62% restants étant importés, a relevé Fallou Dieng de l'ENSA, l'un des développeurs de l'application.
Il note que grâce à une bonne alimentation, les vaches élevées de manière intensive ou semi-intensive peuvent optimiser leur production laitière. Si à cela, s'ajoute un bon système de collecte du lait, la production nationale s'en trouve boostée.
Le deuxième prix doté d'un montant de 3 millions de FCFA est allé au projet Agrosoft d'étudiants de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il propose un dispositif autonome de détection des maladies de plantes, mais aussi d'une agriculture de précision en collectant les données sur le taux d'humidité, le niveau de l'engrais, etc. Sans internet, le système qui fonctionne avec des capteurs disposés sur l'aire de culture, qui envoie des notifications au producteur.
Agrotic, de l'Université du Sine-Saloum Elhadji Ibrahima Niass (USSEIN), remporte le troisième prix - deux millions -, avec un système similaire destiné au maraîchage, et équipé d'un boitier couplé à des sondes, qui des messages vocaux en langue locales.
Quant au 4-ème prix Doctor Veto, il permet de mettre en relation les vétérinaires et les éleveurs. Il reçoit un million, tandis que le 5-ème prix PlanteScan détecte précocement des maladies de plantes, une fois scannées.
Selon le directeur national de Heifer, Abdou Karim Guèye, l'institution de ce prix fait suite à une étude menée en 2021 dans 11 pays africains pour déterminer la cause du manque d'attractivité de l'agriculture pour la jeunesse africaine. Cette enquête avait montré que la non-intégration du numérique dans l'agriculture, dans un contexte de transformation numérique était à l'origine de cette désaffection.
"Nous avons appris de nos lacunes de l'année dernière" où les lauréats qui "n'ont pas été suivis de bonne manière", se sont retrouvés dans d'autres pays africains où ils ont gagné encore des concours et sont en train de s'installer.
Heifer entend suivre les lauréats de cette année pour voir comment ils développent leurs entreprises, qui sont de potentielles pourvoyeuses d'emplois, a dit M. Guèye. Les cinq lauréats ont suivi une formation sur le business plan il y a un mois.
Certains partenaires ont suggéré que Heifer augmente le nombre de lauréats. Le représentant de la sous-préfecture de Thiès Sud a assuré que le gouvernement accompagnera Heifer dans cette initiative en droite ligne des politiques publiques.
Il a évoqué la question de l'autosuffisance en moutons dans un contexte pays d'avant fête de Tabaski où le Sénégal attend une bonne partie de ses béliers du Mali et de la Mauritanie. Il a noté que l'espoir est permis avec ces jeunes innovateurs et une technologie qui "avance à grands pas".