Etant l'une des chevilles ouvrières de la 6e édition du Salon international des voix de femmes, le journaliste culturel malien, correspondant de RFI et animateur de l'émission « Couleurs tropicales » ; et promoteur de « Radio Afrika », s'exprime sur des opportunités qu'offre Escale Bantoo.
Deux prix mis en jeu lors de la 6e édition d'Escale Bantoo ont été remis à deux lauréates au cours de la cérémonie de clôture le 17 juin y Yaoundé. Est-ce qu'on peut dire que ce salon rivalise déjà d'adresse avec des plus importants en Afrique subsaharienne ?
Évidemment que cette sixième édition est montée d'un palier par de très beaux contenus, le nombre de panelistes et la pertinence des thèmes de conférences abordés. En termes de programmation, nous avons eu de magnifiques concerts avec des artistes du Burkina-Faso, du Tchad, du Gabon du Nigeria, du Cameroun entre autres. Nous pouvons affirmer que ce salon devient important car c'est à des occasions pareilles que le réseautage se fortifie et se bonifie. Nous avons vu avec le speed meeting de grande envergure aussi bien à Douala qu'à Yaoundé. Les prix constituent la valeur ajoutée aux acquis.
En participant à ce salon le prix Visa For Music décerné à la chanteuse tchadienne Géneviève Matibeye lui donne d'aller prester devant plus d'une cinquantaine de programmeurs et directeurs de festivals du monde lors de la 10e éditions de Visa For Music au Maroc. Estelle Mveng quant à elle, a été lauréate du prix Babel, ce qui lui ouvre les portes de plusieurs salon et festivals partenaires tels que le Rema au Burkina ; le Masa en Côte-d'Ivoire ou le Moca etc. Il est donc clair qu'Escale Bantoo est devenu important dans l'écosystème de la musique que nous sommes en train de construire.
Qu'est-ce qui reste à travailler dans la suite de leur carrière pour rivaliser avec d'autres artistes internationaux ?
Être artiste international convoque le diptyque volonté et vision. C'est vrai qu'il y a l'état d'esprit qui doit être en synergie avec le travail d'abord à travers sa passion et ensuite, il faut être entouré d'une bonne équipe. Participer à ce genre de salon permet d'accroitre son carnet d'adresses et profiter de l'expérience des experts qui viennent dans ses salons car nombre d'entre eux ont des passifs de managers de bookers ou de programmeurs.
Le conseil que je donnerai aux artistes c'est de ne pas griller les étapes et de véritablement préparer son projet dans tous les segments et sur son chemin de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Ce n'est pas du tout facile mais ce n'est pas non plus impossible. Quand Lornoar commençait tout petit son projet à Escale Bantoo, ce n'était pas évident mais c'est une fierté de l'avoir sur des festivals en Europe et ça va grimper.
Le directeur d'Escale Bantoo, Tony Mefe, n'a de cesse parlé de la structuration et de la professionnalisation. Comment comprendre ces deux terminologies dans le développement artistique en Afrique noire?
Tony fais bien de maintenir le curseur sur ces deux aspects. C'est la voie royale pour avoir des bons résultats. Je le disais dans un panel qu'on a de bons créateurs, de bons chanteurs ; mais des soucis de ressource humaine dans le segment d'accompagnement de plan de carrière des artistes. Il nous faut impérativement des managers, des tourneurs, des community managers, des bookeurs et même les entreprises de ICC. Le secteur de la musique évolue très vite. Il est important que les acteurs soient aussi outillés pour les défis qui nous attendent.
Par exemple la problématique du numérique qui a été abordée par Michele Beltan lors d'une conférence du Salon, contribue aux artistes et managers et autres acteurs de comprendre ce nouveau outil qui est devenu le plus prolifique en matière de gains et revenus. Autant les artistes doivent évoluer autant toutes compétences qui gravitent autour de lui doivent être professionnelles. Une bonne structuration petite que ce soit donne de bons résultats. Tony et Nathalie contribuent à cela à travers ce salon.
Comparée aux éditions passées, qu'est-ce qui peut expliquer cette montée en puissance?
Cette 6e sixième revient après cette période post Covid où beaucoup d'événements se repositionnent. Escale Bantoo s'est fait un nom. Les éditions tournantes du Masa et de Kinshasa ont été des opportunités à d'autres acteurs de bénéficier du réseau du Salon. Il faut dire aussi que Tony et Nathalie ont aussi participé à pas mal d'activités culturelles. La qualité du panel a rehaussé le niveau des débats.
C'est vrai encore qu'on aimerait que les artistes viennent avec leur propre musicien mais on est encore sur ce problème de mobilité des artistes qui est crucial. Et par l'entremise de Tony on a vu cette belle réflexion des sociétés de droits d'auteur camerounais pour qu'ensemble qu'ils trouvent les bonnes résolutions et mécanismes pour que les artistes puissent vivre de leur art. Cela avec la contribution de Samuel Sangwa du Sisac et Okio de la Sacem pendant trois jours au Centre culturel camerounais.
Vous êtes promoteur culturel et d'une radio qui promeut les festivals en Afrique. Comment capitaliser ces atouts pour les prochaines éditions d'Escale Bantoo?
Radio Afrika est toujours dans son rôle entant qu'un média de service public. Personne ne mettra notre culture debout si ce n'est pas nous-même. Radio Afrika est partenaire avec Escale Bantoo. C'est ensemble que nous pouvons faire bouger les lignes. Je me greffe à d'autres confrères camerounais pour apporter mon expertise dans le plan communicationnel avant et pendant le festival. Nous devons être complémentaires. Quand je viens au festival, l'on me voit tantôt présentateur, modérateur ou même régisseur. C'est aussi cela que nous transmettons à travers nos expériences vécues au cours d'autres festivals et salons dans le monde.
Je remercie Tony et Nathalie Mefe pour la confiance toujours renouvelée dans cette tâche d'accompagnement des artistes. C'est toujours un plaisir pour moi de revenir au Cameroun ; car ce pays est un volcan de richesse artistique inestimable. A chaque fois je le découvre et c'est avec un plaisir que nous puissions dans notre démarche préparer la nouvelle génération de la scène musicale africaine. C'est avec un grand plaisir que je reviendrai à la 7e édition car nous sommes des soldats au service de la musique.