Afrique: Wagner - Quelle stratégie en Afrique après la tentative de rébellion du week-end ?

Depuis des années, le groupe paramilitaire Wagner est considéré comme le bras armé de Moscou à l'étranger, notamment en Syrie et dans plusieurs pays africains. Un statut aujourd'hui remis en question ?

Au terme d'une mutinerie qui l'a amené à moins de 400 kilomètres de Moscou avant de renoncer, Evguéni Prigojine, chef du groupe para-militaire Wagner, devait en principe s'exiler au Bélarus, allié de Moscou, et redessiner de nouvelles relations avec le président Vladimir Poutine, le Kremlin ayant promis dimanche qu'il échapperait à toute poursuite judiciaire.

Rappel des faits. Après une équipée de 24 heures qui a mené ses milices à moins de 400 km de Moscou, Evguéni Prigojine a soudainement ordonné à ses hommes de regagner leurs bases, au terme, selon la version officielle, d'une médiation du dirigeant bélarusse, Alexandre Loukachenko, allié européen du Kremlin.

Signe que l'urgence de la crise était passée, les combattants de Wagner ont quitté dimanche les régions de Voronej et de Lipetsk, au Sud de Moscou, selon les autorités locales. La veille, ils avaient quitté le Quartier général militaire dont ils s'étaient emparés à Rostov (Sud-Ouest), centre névralgique des opérations russes en Ukraine, entamant leur retrait pour éviter de faire couler du "sang russe", selon les mots d'Evguéni Prigojine.

%

Pour autant, dans la capitale russe comme dans sa région, le "régime d'opération antiterroriste" est resté en vigueur depuis samedi. D'importantes patrouilles de police étaient déployées le long de la route menant à la sortie de Moscou, dans le Sud de la capitale, et la journée de lundi déclarée journée chômée à Moscou.

L'avenir de Wagner en question

Une opération qui laisse cependant nombre de questions en suspens. Que deviendront en particulier les opérations dans les théâtres extérieurs, notamment en Syrie et en Afrique ? "Les plus grands effets de cet événement pourraient se faire sentir au Moyen-Orient et en Afrique", estime Rob Lee, du Foreign Policy research Institute, soulignant qu'un "compromis à court terme" est différent d'une "solution à long terme". Mais "Wagner a une forte présence à travers l'Afrique (...). Est-ce que le Kremlin autorisera la même dynamique si Prigojine et Wagner sont basés au Bélarus ?", s'interroge-t-il.

Une question à laquelle personne ne répond avec certitude. Pourtant, le sujet aura certainement été étudié par les deux protagonistes car le groupe Wagner dépend du ministère de la Défense russe qui lui livre troupes, matériels et armes sur ses théâtres d'activité. Et Moscou a besoin de Wagner pour garder une emprise dans ces zones troublées.

En Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les troupes de Wagner -Russes, de l'ex-URSS et Syriens - ont agi comme des forces spéciales sur le terrain aux côtés de l'armée du Kremlin à partir de 2015. Elles sont aujourd'hui présentes, en plus petits nombres, près des puits de pétrole ainsi que dans les provinces de Hama et Lattaquié (centre-Ouest).

En Afrique, les troupes de Wagner ont été identifiées notamment au Mali, en Centrafrique, en Libye, au Soudan ou encore au Mozambique et sont régulièrement soupçonnées d'exactions.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.