Congo-Kinshasa: Mgr Donatien Nshole - « Je crois que le Président de la République n'a pas lu l'entièreté du message de la CENCO »

Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) a réagi lundi 26 juin, au cours d'une intervention à l'émission Dialogue inter congolais de Radio Okapi, au discours du Président Félix-Antoine Tshisekedi le 25 juin à Mbuji-Mayi. Dans ce discours prononcé à l'occasion de la célébration du jubilé d'argent de l'ordination épiscopale de Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda, le Chef de l'Etat avait déploré une certaine dérive constatée au sein de l'église catholique. Il avait appelé l'Eglise à demeurer au milieu du village et à accompagner, de façon égale, tous les acteurs politiques.

Le secrétaire général estime que le Président de la République n'a pas lu l'intégralité du message de la CENCO, consacré au processus électoral et intitulé : « pour des élections crédibles peuple congolais, réveille-toi de ton sommeil ! ».

« Je crois que le Président de la République n'a pas lu l'entièreté du message. Il se serait contenté d'une sorte de pêche à la ligne que les siens lui ont rapporté. Je pense que s'il avait lu froidement le message, il ne parlerait pas de dérive. Parce que l'unique référence pour parler des dérives, c'est la doctrine sociale de l'Eglise. Et à lire ce message, on est vraiment dans la doctrine sociale de l'église catholique », a expliqué Mgr Dinatien Nshole.

Ne pas se ranger d'un côté

Le directeur adjoint de la Cellule de communication de la Présidence de la République, Giscard Kusema, qui est intervenu dans cette émission, tout en rappelant que le chef de l'Etat a beaucoup de respect à l'égard de l'Eglise Catholique, évoque néanmoins l'attitude de cette église face notamment à l'agression du pays dans sa partie Est.

« Aujourd'hui, grâce à cette diplomatie du chef de l'Etat, il a été démontré par tout le monde même par les Nations unies que, c'est le Rwanda qui agresse la RDC. Au niveau de l'église, on ne sent pas. Cette question-là, concerne seule, le président Tshisekedi », a déclaré Giscard Kusema.

Le secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo rejette cette déclaration et rappelle quelques actions entreprises par l'église catholique pour entre autres dénoncer cette guerre qui touche la partie orientale de la RDC.

« Au mois de novembre 2022, dans leur assemblée pépinière, les évêques ont sorti un message "le pays est en danger, mobilisons-nous". Dans ce message, ils ont cité explicitement le Rwanda. Le 4 décembre 2022, ils ont invité le peuple Congolais à marcher pour protester contre l'agression. Est-ce qu'il y a meilleur soutien que ça ? De deux, nous venons d'une mission de plaidoyer parce que, dans ce message-là, la CENCO a dénoncé l'hypocrite de la communauté internationale. N'est-ce pas parler le même langage que le Chef de l'Etat ? N'est-ce pas accompagner le pouvoir ? », a argumenté Mgr Donatien Nshole.

« On sent dans certaines prises de parole qu'il y a la partialité »

Giscard Kusema a notamment déploré la position de l'église concernant le débat sur la proposition de la loi sur la nationalité, communément appelée loi Tshiani. Mais pas que :

« On sent dans certaines prises de parole, dans certaines postures publiques, qu'il y a la partialité, alors que le rôle de l'église est celui d'être au milieu du village. Dans un contexte électoral, certaines prises de parole sont ouvertement comprises comme des partis pris ».

M. Kusema ajoute :

« On a vu un débat, ce n'est pas un débat institutionnel parce que cette question sur la loi de la nationalité, n'a jamais été prise par une institution comme la Présidence de la République. C'est un débat public, mais, on a senti, dans le chef de certains princes de l'église, carrément un parti pris. Ils ont pris faits et causes pour certaines personnes. L'église se range d'un côté ».

Mais pour le secrétaire général de la CENCO, l'église s'est référée à la constitution :

« Concernant la proposition de la loi Tshiani, il a parlé de la nationalité. Il a considéré que les prises de position de l'église sont allées d'un côté. Or la prise de position de l'église s'est référée d'abord à la constitution. Ça signifie que la constitution devient à coté ? L'église justifie sa position par rapport au respect de la constitution, par rapport à la cohésion nationale et à l'unité», a réagi Mgr Donatien Nshole.

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