Congo-Brazzaville: Musique - Roga-Roga brise le mythe du stade Massamba-Débat

Cinquante-huit ans après son inauguration lors des premiers Jeux africains (du 18 au 25 juillet 1965), aucun artiste musicien n'avait jamais rempli le stade Alphonse-Massamba-Débat. Le mythe a été brisé le 24 juin à travers un concert événementiel donné par l'artiste musicien Roga-Roga et son groupe, Extra Musica.

Lorsque le 24 mai Roga-Roga annonçait sa production scénique au stade Alphonse-Massamba-Débat, le 24 juin, soit un mois après, nombreux étaient ceux qui qualifiaient cette initiative d'insensée pour ne pas dire qu'il jouait avec le feu. Ce stade, avec ses 33 000 places assises, pas trop vaste, restait tout de même mythique. Tous ceux qui sont passés avant lui se sont soit fracassés la figure, soit ont fait l'essentiel. Au regard de ce constat, nombreux des mélomanes étaient sceptiques et n'accordaient pas de crédit à Roga-Roga Missile. Pourtant, la légende nationale y croyait. La preuve, il l'a montré le 24 juin : le stade Alphonse-Massamba-Débat était rempli des gradins jusqu'à la pelouse. Une véritable démonstration de force.

Il était 15h 00 lorsque la première partie du concert a commencé avec le premier des 45 artistes musiciens qui ont joué en lever de rideau. C'est finalement à 19h10 que la légende Roga-Roga, en complet veste noir assorti de couleur jaune dorée et chaussure "Alden" dorée, est monté sur scène sous l'ovation populaire. Avec sa guitare en main, balayant la foule, Roga-Roga suprême, parfois taquin comme il sait le faire, a mis son public en ébullition avec les mélopées de l'animation "Batumoli Roga-Roga ". Une sortie spectaculaire qui a suscité l'euphorie générale, avant d'enchaîner avec "Moyini mboté". L'artiste, sous les appaudissements nourris de ses fans, a déclaré avec fierté tout en brandissant le drapeau national : "Ici c'est le Congo Brazzaville. Je suis fier d'être Congolais." Tout de suite, le public a pris le relais. "Mutu fua", par-ci ? "Lulendo lulendo, lulendo lua tata...," par-là.

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La liesse était tellement énorme et générale que l'artiste a passé plusieurs minutes sans entamer sa première chanson laissant le public s'exprimer. La finition dans tout cela a été l'entame de l'hymne national, "La Congolaise". Plus qu'un concert, l'événement du 24 juin au stade Alphonse-Massamba-Débat a été une véritable révolution culturelle en général et musicale en particulier. Bravo l'artiste, bravo le public congolais pour cette ambiance sans pareille.

Après cette partie spectaculaire, Roga-Roga a débuté son concert par la chanson "Polémique générale" entourée de ses danseuses Grâce, Brenda, Nupcia, Falonne et Chada la cheftaine. S'en est suivie la chanson "Problème sur problème" où les chanteurs Juventus de Turin, Eclipse, Yeloman et Doberman ont fait des choeurs. Roga-Roga a profité de l'occasion pour faire appel à Koffi de Brazza qui a fait une petite prestation. « Impossible n'est pas 242 », a déclaré Koffi de Brazza.

Un concert d'unité nationale

Avant d'entamer avec les shows, Roga-Roga a tenu à lancer un appel allant dans le sens de l'unification des artistes musiciens congolais. "Si on a l'habitude de se chamailler entre nous, c'est dans la maison où chacun a sa chambre. Mais lorsque ça devient la cause nationale, soutenons-nous. Si Kevin Mbouandé joue au stade, soutenez-le. Si Doudou Copa joue au stade, soutenez-le. Si mes cadets Sonor et autres d'Extra musica nouvel horizon jouent au stade, soutenez-les", a-t-il lancé aux mélomanes.

Après le message de l'unité de tous les artistes, Roga-Roga a débuté le show avec la chanson "Jules Mashua", suivie de "Losambo" et "Racines". C'est pendant cette dernière chanson qu'il a appelé les anciens "Bébés noirs" dits "Américains et Arabes" à fumer le calumet de la paix devant le public et devant le directeur général de la police, le général Jean François Ndenguet, présent au concert. GDG, l'un des bébés noirs, a demandé une minute de silence pour tous ceux qui sont morts durant cette période macabre et pour le président Alphonse Massamba Débat.

C'est après ce passage pathétique des deux anciens bébés noirs que Roga-Roga a chanté "Bokoko", prisée par les mélomanes. Le concert a pris fin par la parade des sapeurs dont Ben Moukacha et Fuluzioni (venus tous deux de France) ainsi que le passage de Grâce Mbizi, chroniqueuse venue elle aussi de France. A travers ce concert, Roga-Roga a écrit une nouvelle page de l'histoire de la musique congolaise.

Notons que ce méga concert a connu la présence de quelques membres du gouvernement, notamment les ministres Hugues Ngouélondélé, Inès Nefer Ingani, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, Juste Désiré Mondélé; des parlementaires ; des directeurs généraux dont le général Jean François Ndenguet de la police et Bélinda Ayessa du mémorial Pierre-savorgnan-de-Brazza.

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