Madagascar: Fête nationale - Dans le calme et l'allégresse

La population a été en fête durant les deux jours de célébrations populaires et officielles de la fête d'indépendance. Une joie affirmée bien que la situation politique, sociale et économique soit relativement pesante.

Dans la joie et la dignité. C'est ainsi qu'ont été célébrés les 63 ans de l'indépendance. Bien que la conjoncture soit pesante, la population a fait la part des choses. Finalement, les festivités se sont déroulées dans le calme et dans l'allégresse. Ni le délestage infernal, ni la dureté de la vie, ou encore les multiples appels au boycot d'une frange de la classe politique, soutenue par des une partie de l'opinion publique sur les réseaux n'ont eu raison des festivités d'indépendance.

Le drapeau national a flotté quasiment partout. Que ce soit durant la traditionnelle sortie en famille ou entre amis du 25 juin, jusqu'à la parade militaire au stade de Mahamasina, suivi d'un show gratuit, il y avait foule dans les rues et les différents lieux où étaient organisés des événements populaires. L'engouement populaire a été particulièrement remarqué à Antananarivo.

L'affluence au stade Barea, pour prendre part aux louanges afin de demander la bénédiction divine pour la nation, dimanche après-midi a donné le ton. Un enthousiasme exacerbé par le double spectacle pyrotechnique, en simultanée, d'environ une heure au stade et au-dessus du lac Anosy. Comme chaque année, plusieurs familles ont squatté les meilleurs spots pour voir les feux d'artifice dès le début d'après-midi. Comme chaque année, le centre-ville d'Antananarivo a été obstrué par les piétons et automobilistes, en famille ou entre amis. Il y a eu ceux qui rentraient de leur sortie avec les lampions et ceux qui allaient rejoindre des soirées jusqu'au bout de la nuit.

Dans plusieurs quartiers, les fameux bals populaires improvisés, sous les basses et grosses caisses des haut-parleurs sortis par des voisins sur le pas de leur porte ou leur balcon, étaient bel et bien au rendez-vous. Cette année, par ailleurs, aucun drame majeur n'est recensé. Comme chaque année toujours, la parade militaire est le point d'orgue des célébrations officielles de la fête d'indépendance. Pour ceux qui n'avaient pas d'invitation ou de pass pour la tribune, il fallait se réveiller tôt pour avoir les meilleures places dans les gradins du stade Barea. La queue était dense à chacune des entrées du stade. Les dizaines de milliers de sièges n'ont pas suffi pour accueillir les personnes venues voir le défilé militaire, dans la matinée et s'enjailler, ensuite, durant le show de l'après-midi jusqu'en milieu de soirée.

Chef suprême

À s'en tenir aux informations émanant des différentes circonscriptions du pays, cette liesse et allégresse populaire a conquis tout le pays durant cette fête d'indépendance. Aux yeux d'une partie des observateurs, cependant, le jeu était loin d'être gagné. Une faction de la classe politique et leurs partisans ont, effectivement, appelé à bouder les festivités pour les 63 ans de l'indépendance qui coïncident également avec le 63e anniversaire de la création de l'armée. Un appel au boycott matraqué sur les réseaux sociaux, avec comme symbole, la levée du drapeau blanc, à la place de la bannière nationale.

Au motif de dénoncer une conjoncture socio-économique compliquée. Une situation, qui pour beaucoup, est matérialisée par un fait, les coupures de courant. En parallèle, il y a la politique. L'approche de l'élection présidentielle fait que la tension politique monte en crescendo. Chaque camp use de chaque munition disponible pour pilonner se pilonner sans ménagement. Aussi, ces deux dernières semaines, c'est la question de la double nationalité du chef de l'État qui est l'artillerie privilégiée par ses détracteurs. Une frange de l'opposition conteste la légalité de son élection et pestent qu'il ne devait plus présider la parade militaire.

"Plusieurs choses ont été dites à ce sujet. Nous l'avons tous vu. Il a présidé la parade militaire et effectué une revue des troupes dans le calme et sans accroc", réagit Norbert Lala Ratsirahonana, ancien chef d'État, à l'issue du défilé militaire, à Mahamasina. "Il faut que nous assimilions les valeurs républicaines dans notre pratique politique. Il faut que nous, politiciens sachions faire la part des choses. C'est une fête nationale et non pas politique. Il y a un temps pour les actions politiques ou juridiques (...)", ajoute Roger Kolo, ancien Premier ministre, toujours à Mahamasina, hier.

C'est en Chef suprême des Forces armées, effectivement, que Andry Rajoelina, président de la République, a fait son entrée au stade Barea. Inscrit dans l'ordre protocolaire du défilé militaire depuis quelques années, il a adressé un bref discours pour s'assurer de la détermination des Forces de défense et de sécurité (FDS), à servir et protéger la nation. Ceci, avant d'entamer la revue des troupes. Une revue qu'il a faite à pied, bien que le command-car était déjà prêt. "(...) Êtes-vous prêtes à effectuer le défilé, à défendre la souveraineté nationale, l'État et la dignité de la population ? La solidarité et la cohésion sont nécessaires pour développer le pays. Nous ne céderons pas au schisme. Aussi, êtes-vous prêts à défendre notre patrie, la fierté nationale et la solidarité nationale?", déclare ainsi le président de la République.

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