Le programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d'alarme. L'exportation de céréales ukrainiennes est vitale pour l'Afrique de l'Est. Si l'initiative céréalière de la mer Noire, du nom de cet accord signé l'an passé entre l'Ukraine, la Russie, la Turquie et les Nations unies, n'est pas renouvelé mi-juillet, la région sera très durement touchée, alerte le PAM. Or, mi-juin, Moscou a menacé de se retirer de cet accord estimant que certaines clauses sur l'exportation des engrais russes n'étaient pas respectées.
Un certain nombre de pays dépendent du blé ukrainien, explique Dominique Ferretti, spécialiste des urgences au bureau régional pour l'Afrique du Programme alimentaire mondial. C'est notamment le cas de la Somalie, du Kenya, de l'Égypte... « Sans ce blé, ajoute-t-il, les prix des denrées alimentaires augmenteraient de manière significative ». Les populations des pays d'Afrique de l'Est seraient alors durement impactées. D'autant que l'Ukraine est l'un des principaux fournisseurs du PAM.
L'initiative céréalière de la mer Noire, signée en juillet 2022, a permis notamment de faire sortir d'Ukraine par bateaux des centaines de milliers de tonnes de blé à destination de la Corne de l'Afrique. Si cet accord a été renouvelé à trois reprises, la Russie menace une nouvelle fois de le quitter. Moscou demande que soit respecté un deuxième accord destiné à faciliter ses propres exportations de produits alimentaires et d'engrais. La partie s'annonce cette fois très serrée.
Antonio Guterres s'est dit inquiet pour l'avenir de l'accord, alors que l'Ukraine dit ne pas être très optimiste quant à son renouvellement. Ce sujet a été mis sur la table par la médiation africaine qui s'est rendue à Kiev et Moscou mi-juin. Aucun engagement n'a été pris mais visiblement, la discussion se poursuit entre Africains, Russes et Ukrainiens. La Russie acceptera-t-elle de lâcher du lest ? L'hypothèse n'est peut-être pas à exclure alors qu'un sommet Russie/Afrique se profile dans un mois.