Des milliers de fidèles se sont rassemblés ce mardi autour du Mont Arafat, près de La Mecque, marquant l'étape la plus importante du grand pèlerinage.
Cette année, le Hajj a drainé plus de monde que l'année dernière. Et pourtant, le nombre de pèlerins reste en deçà de ce qu'espéraient les autorités saoudiennes.
L'autorité des statistiques d'Arabie saoudite a en effet communiqué aujourd'hui (27.06.2023), le nombre de 1,8 million de fidèles pour le Hajj de cette année. Un chiffre loin du record espéré.
Riyad espérait dépasser les 2,5 millions de visiteurs atteint en 2019, pour en faire le pèlerinage "le plus grand de l'Histoire". La levée des restrictions imposées en raison de la pandémie de Covid-19 aurait permis cela.
Car c'est un objectif de vie pour de nombreux musulmans d'accomplir le Hajj - le pèlerinage jusqu'à La Mecque en Arabie Saoudite. Or, il ne suffit pas de le vouloir pour être à ce pèlerinage.
Dans les pays musulmans, en moyenne seul un pèlerin sur 1.000 peut participer chaque année à ce pèlerinage.
C'est le pays d'accueil, l'Arabie saoudite, qui détermine les quotas pendant que les pays choisissent comment attribuer les visas saoudiens pour le Hajj.
Conséquence : souvent, de nombreux musulmans attendent des années, voire des décennies, pour effectuer ce pèlerinage d'une durée de six jours. Dans certains pays, la distribution des places se fait par loterie, liste d'attente ou encore sur la base de l'âge avancé des fidèles.
Dans certains cas, la distribution des places donne lieu à la corruption et la politique s'en mêle, ce qui prive le processus de toute transparence.
En Inde, par exemple, des hauts fonctionnaires ont été accusés d'avoir attribué plus de visas à des organisateurs de voyages contre des pots-de-vin.
Au Pakistan, des hommes politiques ont été impliqués dans une enquête de corruption en 2014, liée à la gestion d'un fond destiné au Hajj.
L'Arabie Saoudite, le pays organisateur est aussi critiqué.
Selon Turan Kayaoglu, professeur des relations internationales à l'Université de Washington, l'Arabie Saoudite fait en sorte que le système de quota reste le plus opaque possible, pour en faire un outil politique.
C'est par exemple sous le blocus saoudien que des nombreux pèlerins du Qatar ont eu des problèmes pour obtenir des visas.
Kayaoglu plaide pour que le système de quota et la gestion de la logistique soit confiés à un organisme international et indépendant. Pour lui, c'est un rituel important qui devrait être accessible à tous les musulmans.
Enfin, l'organisation du Hajj servirait aussi comme un outil idéologique pour l'Arabie Saoudite.
Pour Ihsan Yilmaz, professeur d'études islamiques à l'Université de Deakin à Melbourne, en Australie, c'est un instrument de "soft power" pour convaincre davantage de musulmans à adopter la version saoudienne de l'islam.