Plusieurs militants et ONG ont lancé mardi 27 juin un nouveau combat judiciaire contre la multinationale française pour demander « réparation » concernant les « violations des droits humains », causées selon eux, par son mégaprojet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie. Ce mégaprojet prévoit la construction d'un énorme oléoduc reliant le lac Albert à l'océan Indien et un forage de 400 puits de pétrole.
Cette nouvelle action en justice intervient quatre mois après que le tribunal à Paris a jugé « irrecevable » un premier recours des opposants aux chantiers de TotalEnergies. Cette fois, l'enjeu est de montrer que le groupe français a manqué à son devoir de vigilance, c'est-à-dire qu'il n'a pas suffisamment identifié les risques liés à ses activités.
Expropriations abusives, compensations insuffisantes, harcèlement... voilà les préjudices que reprochent les demandeurs à TotalEnergies. Ils sont 26 Ougandais et cinq associations ougandaises et françaises. Pour Juliette Renaud, responsable de campagne aux Amis de la Terre, ces préjudices auraient pu être évités si Total avait mis en place un plan de vigilance.
« Ce qu'il faut savoir, c'est que même si ces pressions et intimidations sont le fait souvent des autorités ougandaises, eh bien Total avait ce devoir de vigilance d'identifier ces risques de violation de la liberté d'opinion, d'expression et de manifestation des membres des communautés ou des défenseurs des droits humains. »
La réussite de cette nouvelle action en justice dépend de la capacité à collecter des preuves, une tâche difficile selon Maxwell Atuhura, défenseur des droits humains. « Aujourd'hui, il est devenu difficile d'avoir accès aux personnes affectées par les projets de Total, car il faut demander une autorisation auprès du gouvernement. La plus grande violation des droits humains à laquelle on assiste en Ouganda, c'est de voir les communautés privées de la libre utilisation de leurs terres, or, ils dépendent de leurs terres pour tout. Mais, étant empêchés de rencontrer des témoins, nous sommes privés de leurs témoignages. »
TotalEnergies maintient que son mégaprojet apportera des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux aux populations locales. La première audience dans cette affaire aura lieu en décembre prochain.