Sénégal: Moustapha Dieng, SG du SNAPS - « Il faut mettre un terme à l'interdiction de la pêche nocturne »

Le Secrétaire général du Syndicat national autonome des pécheurs du Sénégal (Snaps), Moustapha Dieng considère comme principal obstacle à la pêche artisanale l'arrêté ministériel interdisant seulement la pêche artisanale nocturne pour des raisons qu'il considère "fallacieuses". A l'en croire, pour justifier cette interdiction, « le gouvernement a brandi l'argument selon lequel les productions des pêcheurs de Mbour, Joal et Saint-Louis sont déversées à la même heure et du coup créent la mévente ». Ce qui, à ses yeux, ne saurait justifier cette décision.

Parce que, en réponse à ces déversements, « le gouvernement doit mettre en place des infrastructures de qualité telles que des camions frigorifiques pour la conservation et l'alimentation des populations ». Ainsi pour lui : « Cette interdiction aurait eu plus de sens et de valeur si elle concernait aussi bien la pêche artisanale que la pêche industrielle ». Convaincu que cet arrêt ministériel a plus créé de problèmes que de solutions, il dira: « On a interdit la pêche artisanale nocturne et autoriser la pêche industrielle, mais la situation a empiré».

Donc, la mesure perd de facto toute sa « portée ». Ce qui lui fait dire qu'il est incompréhensible d'interdire la pêche artisanale nocturne aux pêcheurs artisanaux et autoriser la pêche industrielle aux bateaux étrangers. Pour s'en convaincre, il part du principe que la pêche artisanale est triplement utile aux Sénégalais en termes « de création d'emplois, d'apports nutritionnels du poisson dans l'alimentation et la création de richesse ». Tout le contraire de la pêche industrielle qui ne rapporte que des devises. Lesquelles d'ailleurs, sont "peu signifiantes" par rapport « au tonnage brut journalier, mensuel et annuel » des navires de pêche par les bateaux étrangers dans les eaux sénégalaises.

En soi, cette décision qu'il qualifie de « malheureuse » serait à l'origine de toutes ces difficultés que connait la pêche artisanale. Donc, pour lui : « Il faut mettre en terme à l'interdiction de la pêche artisanale nocturne ». Certes les côtes sénégalaises sont poissonneuses mais surexploitées, du fait que bateaux d'acteurs (industriels et artisanaux) y interviennent. Et de faire savoir : « Face à ce surnombre d'acteurs, les pécheurs se rabattent en eaux Mauritaniennes, Gambiennes et Bissau-guinéennes.

Parce que dans ces pays, il y a de la ressource mais moins de pécheurs. Là-bas, ils tiennent l'économie de la pêche ». Le Sg du Snaps a, dans l'optique de solutions viables et durables demandé au gouvernement de mettre un terme aux accords de pêche avec l'Union européenne, la Chine, de réserver les 6 000 marins nautiques à la pêche artisanale. Il considère que ces accords sont dangereux pour la pêche artisanale.

Surexploitation des ressources halieutiques

Pour ce qui concerne la gestion de la pêche artisanale, le gouvernement a du pain sur la planche. Car, le nombre d'acteurs ne cesse de croître. Aujourd'hui, « on dénombre plus de 25 000 pirogues immatriculées », a dit Moustapha Dieng, Sg du Snaps. A côté de celles-ci, s'y ajoutent quelques « 10 000 embarcations sénégalaises non immatriculées » qui s'activent dans le secteur. Ceci, du fait que le gouvernement a pris la décision d'arrêter les immatriculations. Et pendant ce temps, les pêcheurs ont continué à construire des pirogues.

Parce que « leur famille a grandi et donc, une seule pirogue ne pouvant plus faire vivre la famille, ils ont mis en place une deuxième pirogue », a-t-il expliqué. Au même moment, « la pêche industrielle a flambé soit environ une centaine de bateaux sénégalais dans la pêche industrielle sans compter les bateaux Chinois, Turcs qui sont souvent des prêts noms », a affirmé le Sg.

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