La pêche sénégalaise est bien mal en point pour des raisons liées à la surpêche industrielle et artisanale, aux changements climatiques, à la pollution marine, au surnombre de pêcheurs, au manque d'organisation du secteur, au manque d'infrastructures frigorifiques et d'absence de politique de développement de l'aquaculture. En réponse à toutes ces difficultés, les acteurs réclament la tenue d'un conseil présidentiel sur la pêche.
Aujourd'hui, on dénombre un surnombre d'acteurs, soit 26 000 pirogues immatriculées qui opèrent dans un secteur complétement désorganisé. Autrement dit, « pas de régulation du secteur, pas d'application des textes, pas de contrôle encore moins de surveillance, bref l'inaction de l'Etat est réelle », a pointé du doigt Mamadou Diop Thioune, coordonnateur national du comité tripartite du dialogue social, de la pêche et de l'aquaculture. Pour s'en convaincre, il arguera : « Aujourd'hui, tout le monde pêche, on pêche quand comme on veut où on veut sans risque d'être sanctionné ».
Et cela participe grandement à « l'effondrement des stocks », s'en désole-t-il. Dans le cadre de l'organisation intergouvernementale de coopération halieutique instituée par la Convention du 29 mars 1985, amendée le 14 juillet 1993 à Praia (Cap Vert), regroupant entre autres Etats le Cap Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone), la bonne gestion fait défaut à cause de l'inapplication des textes de la Commission sous régionale des pêches (Csrp).
« Cette convention d'accès à minima à la ressource n'est pas d'application », s'en désole Mr Thioune. Autrement dit, chaque Etat peut signer des accords de pêche avec la Chine, la Turquie...« Ce qui ne milite pas en faveur du mandat encore moins aux objectifs de la Csrp) », déplore-t-il.
Priorité à la production des farines de poisson
Selon Mr Thioune, le gouvernement donne priorité à la production des farines de poisson. Ce qui lui fera dire qu'aujourd'hui, « il y a priorité à fabriquer de la farine de poisson pour les animaux que de nourrir les hommes ». Or, le besoin de consommation en poisson par personne et par an est actuellement à moins de « 20 kg contre une norme de 28 kg par personne et par an », a protesté Mr Thioune. Ce n'est pas bon pour notre santé. Car, « c'est un manque notoire en protéine à notre organisme », rappelle-t-il aux gouvernants.
Le manque d'infrastructures, un handicap
Le manque d'infrastructures de conservation de poissons dans les départements respectifs du pays est une réalité et un réel manque à gagner tant pour les acteurs que pour l'alimentation des populations. Avec ce manque d'unités de conservation dans les 45 départements du pays, le Sénégal n'est pas en mesure d'assurer le besoin des consommateurs surtout de l'intérieur du pays. Pour preuve, Saint-Louis ne dispose même pas d'un marché central au poisson. « Ce qui est une aberration », dit-il, qui conforte le manque criard d'infrastructures.
Par rapport à la surpêche industrielle, il soutient qu'aujourd'hui, il est quasiment impossible de dire avec exactitude le nombre de bateaux dans les eaux sénégalaises. Corroboré à l'exploitation pétrolière et gazière, Mr Thioune est d'avis que le secteur va tout droit vers l'effondrement des stocks, parce que dit-il ; « le poisson est renouvelable mais pas inépuisable ».