Burkina Faso: Procès Vincent Dabilgou - Les témoins se succèdent à la barre

Débuté ce lundi 26 juin, l'audition des témoins dans le procès de l'ancien ministre des transports Vincent Dabilgou accusé de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux avec plusieurs coaccusés se poursuit.

Hier mardi 27 juin, au Tribunal de grand Instance (TGI) de Ouagadougou plusieurs témoins dont les Directeurs régionaux des transports (DRT) signataires de faux bordereaux devant servir de pièces justificatives dans les présumés détournements de fonds du ministre Dabilgou et ses complices ont été entendu par le juge.

Le DRT de la Boucle du Mouhoun , Aristide Medah est le premier témoin à passer à la barre pour s'expliquer sur la fourniture des faux Bordereaux.

Face au tribunal il a indiqué qu'au moment des faits il avait été contacté par l'ex comptable du ministère en charge du Transport Sigué Ousmane qui lui aurait fait savoir que « le ministère avait des difficultés pour justifier le carburant et que les Directeurs régionaux devaient émarger pour justifier ce manque ».

Selon le témoin habituellement la dotation en carburant à la Direction régionale des transports s'élève à 2 500 000 FCFA. Cependant pour "justifier les prétendus difficultés du ministère » le comptable lui aurait fait signer d'abord « un bordereau de 9 315 000 FCFA en 2020, puis en 2021, deux autres bordereaux de 2 500 000 FCFA et 5 millions FCFA ont suivi. »

%

Pour comprendre d'avantage son témoignage le représentant du ministère public lui pose alors la question de savoir s'il était censé recevoir des ordres du comptable. Dans un premier temps le DRT témoin du jour, explique à la barre qu'en prince M. Sigué, le comptable n'a pas d'ordre à lui donner et que son supérieur hiérarchique direct est le Secrétaire Générale du ministère.

« M. Sigué m'a fait comprendre que l'ordre venait du patron et moi je pensais qu'il faisait allusion au ministre » a-t-il expliqué.

« Personnellement je n'ai pas pris langue avec le ministre aussi pour en savoir davantage, mais j'ai contacté M. Séré qui était DAF. Il m'a dit qu'il était au courant, qu'il n'y avait pas de problème et que je pouvais signer », a ajouté Aristide Medah.

A sa suite, du DRT de la Boucle du Mouhoun trois autres DRT ont comparus, ces DRT accuseront presque le même comptable d'avoir procédé quasiment de la même manière, en évoquant l'ordre donnée par le patron pour les pousser à signer les bordereaux en causes.

Afin d'identifier clairement ledit patron M. Sigué est appéllé à la barre ou il explique que les DRT ont tout faux d'avoir fait allusion au ministre quand il expliquait que l'ordre venait du patron. Car dit-il quand je « disais le patron moi je faisais allusion au DAF Jean Gabriel Séré qui est mon patron ».

Pour les avocats de la défense avec ces différents témoignages jusqu'ici rien ne prouve réellement que le patron dont parlaient les DRT soit leur client et ce bien qu'il soit le premier responsable du département.

« Les DRT ont dit qu'ils répondent directement du secrétaire général du ministère. M. Sigué qui n'est pas leur supérieur leur dit de signer de faux documents sous prétexte que c'est le patron qui en a donné l'ordre et non seulement ils ne rendent pas compte à leur supérieur direct, mais ils pensent directement que c'est le ministre qui est à l'origine de cette irrégularité. Ce qui veut dire que quand il s'agit de la livraison de carburant, leur patron c'est le secrétaire général. Mais quand il s'agit de faire des choses louches, noires, sombres, bizarrement leurs patrons devient le ministre. Je précise que peu importe ce que les DRT ont pu penser du terme patron, celui qui a utilisé le terme est là et c'est M. Sigué. Il a clairement précisé qu'il faisait allusion à M. Séré. C'est de lui qu'il a reçu l'ordre de leur faire signer et non de M. Dabilgou » ont-ils déclaré.

Pour établir la vérité sur les présumés détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux de l'ancien ministre des transports Vincent Dabilgou et ses complices.

Les responsables de Ildo Oil et Green Energie ont été également entendu par le juge ce mardi sur des contrats de livraison de carburant à hauteur de plusieurs centaines de millions.

L'administrateur général de Ildo Oil Ilboudo Salfo Souleymane convoqué à la barre pour donner sa part de vérité a expliqué aux juges qu'il ne s'occupait pas des marchés en raison du fait qu'il a délégué ce pouvoir à son DAF , Alhoussaïni Ouédraogo.

En effet le ministère des Transports sous le magistère du ministre Dabilgou a signé des contrats de marchés avec la société Ildo Oil à hauteur de 117 millions pour la livraison de carburant .Cependant au lieu du carburant c'est plutôt de l'argent en espèce qui a été livré à hauteur de 25 millions.

« Vous avez suivi les débats, vous avez vu que 25 millions en espèces ont été livrés au ministère en lieu et place du carburant. Est-ce que vous, en tant qu'administrateur, vous avez eu connaissance de bordereaux de livraisons ? », A interrogé l'avocat du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

A cette question le témoin Ilboudo Salfo a répondu par la négative, « Non! ».

Il a également précisé que dans le cadre de ce contrat, il n'a jamais été question d'un certain pourcentage à prendre.

Par ailleurs Ilboudo Salfo a avoué qu'il connaissait le ministre Vincent Dabilgou depuis qu'il exerçait au Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA) précisant que cette aspect n'a pas jouer dans l'obtention du marché de livraison de carburant.

Il a soutenu d'ailleurs que Ildo Oil a des contrats avec presque tous les ministères sans pour autant avoir une affinité avec les ministres de ces départements.

Le deuxième témoin , Mahamadi Sawadogo, le Directeur général de Green Energie a déclaré également ne rien savoir sur "le contrat à problème" car selon lui ils ont été signé en 2020 bien avant son arrivé à ce poste de DG.

« C'est Minata Coulibaly la responsable commerciale et le président du conseil d'administration, qui se sont occupée de la négociation et de la signature du contrat avec les clients. Je ne sais ni comment ils ont été négociés ni comment ils ont été formés » a-t-il expliqué.

A la fin de ces deux témoignages le juge a mis fin à l'audience tout en annonçant qu'elle reprendra le jeudi 29 juin 2023 à 9h.

 

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.