Afrique: Fespam - Les artistes kinois invités à s'inscrire au Musaf

Hormis les quelques noms déjà associés pour servir de boute-en-train, question de drainer le public, tous les autres musiciens désireux de prendre part à la onzième édition du Festival panafricain de musique (Fespam) à Brazzaville sont tenus d'envoyer des vidéos via un numéro WhatSapp repris sur l'affiche ou par mail.

« Jusqu'aux éditions précédentes, le Fespam se tenait à la manière de tout ce qui se fait ici et là, un peu comme une kermesse. Une manifestation où étaient érigés des stands de buvette et restauration où se vendait un peu tout », a affirmé Ange Pongault. L'opérateur culturel a dit au Courrier de Kinshasa qu'avec le Marché de la musique africaine (Musaf), l'événement met un point d'honneur à se donner plus de prestige. Ce marché a été présenté comme la grande innovation de cette onzième édition par le commissaire général, Geravis Hugues Ondaye, lors de sa conférence de presse à Kinshasa.

Consultant au Musaf, Ange Pongault a annoncé la couleur. « Pour cette fois, nous avons voulu faire différemment dans l'esprit du Midem à Cannes ». Le Musaf a l'ambition de se tenir à la façon de ce grand rassemblement en France, en marge du Festival de Cannes, entendu comme le plus grand au monde des entreprises travaillant dans le secteur de la musique. Il a indiqué : « Le Masa en Afrique de l'Ouest se tient dans ce même esprit. Il est bien temps que l'industrie musicale soit professionnalisée aussi en Afrique centrale, et que le Fespam, dans son organisation, se positionne comme les événements d'envergure du monde ».

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Avec le Musaf, il est prévu qu'à cette onzième édition, du 15 au 22 juillet, les experts de la musique en matière des droits d'auteurs et droits voisins, du streaming, débattent de la nouvelle façon de commercialiser la musique, aussi bien l'édition que la diffusion musicale en ligne, la vente des spectacles, etc. Pour cela, a indiqué Ange Pongault, « Le Musaf recevra des tourneurs, toutes sortes d'experts et tous les acteurs de la chaîne de l'industrie musicale, notamment des fabricants d'instruments de musique, d'accessoires et des réalisateurs en informatique musicale. Nous aurons différents représentants de divers secteurs de l'écosystème musical en général ».

En outre, a-t-il souligné, « le Musaf ne se limite pas à l'Afrique, il s'ouvre à tous les continents car le but c'est de faire aussi en sorte que les Africains puissent vendre au-delà de l'Afrique ». D'autant plus que, a-t-il poursuivi, « la musique africaine est consommée quasiment partout. Les sons de nos artistes sont repris partout dans le monde. Maintenant, il faut trouver comment capitaliser tout cela, faire en sorte que le musicien ne soit pas toujours le parent pauvre de l'industrie musicale ».

Scène tremplin

L'autre avantage offert par le Fespam, à travers le Musaf cette année, est l'ouverture d'une scène qui devrait servir de tremplin aux jeunes talents mais pas que. « Les artistes en herbe et confirmés qui veulent rencontrer des tourneurs auront l'occasion de se produire et seront jugés sur pièces », a prévenu Ange Pongault. Ce, dans la perspective qu'il « s'ensuive des signatures de contrats », insistant sur le but poursuivi par le Musaf « d'emmener les musiciens du continent à s'exporter ».

Il a renchéri que « l'innovation c'est aussi qu'en considérant bien l'histoire de tous les groupes reconnus lancés par des jeunes, que ce soit Wenge, Extra Musica ou d'autres encore, ils ont toujours commencé en système "d'orchestres manzanza". A savoir qu'ils avaient pour batterie les traditionnels balais de palmier associés éventuellement à un bout de tôle ou de tonneau et d'autres objets comme instruments rudimentaires ». Ainsi, « le Musaf entend créer une émulation des "orchestres manzanza" d'enfants de 10 à 16 ans ». En leur faisant de la place sur son podium, « ils vont se produire pour acquérir l'expérience d'une première vraie scène, mais par-delà aussi peut-être avoir l'opportunité de passer à de vrais instruments grâce à des producteurs qui pourront les suivre », a dit le chevronné opérateur culturel. Ce qui est à ses yeux « une manière de nourrir de nouvelles vocations et emmener les artistes de tous bords à se développer ».

Pour les artistes kinois, groupes musicaux ou chanteurs en solo, Ange Pongault précise que malgré l'emphase mise sur la rumba à l'actuelle édition, quitte à célébrer son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, « tout le festival ne va pas être centré sur elle au risque d'être monotone ». Et qui plus est, a-t-il rappelé encore, « Le Musaf a pour but de vendre des artistes et de développer l'écosystème musical africain, l'on ne peut se cantonner à la rumba ». Dès lors, a-t-il martelé, « L'événement est ouvert à toutes sortes d'expressions musicales, musique urbaine, slam, rap, etc., sinon ce ne serait pas véritablement le Festival panafricain de la musique ».

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