Congo-Brazzaville: Le Dr Hervé Ntsourankoua - ' Les conséquences les plus visibles de la Conférence de Berlin ont été la division du royaume téké en micro États'

interview

La rencontre sur le thème d'actualité mémorielle " Colloque sur les traités : Pierre Savorgnan de Brazza explorateur agissant pour la France et Ilo, roi des Téké (Batéké)" a été initiée, le 24 juin dernier, à la paroisse Église Saint-Hippolyte de l'avenue de Choisy, à Paris treizième, par l'organisation caritative des Tékés de France, réunie au sein du Collectif des amis du royaume Téké (CART). Entretien avec son président, le Dr Hervé Ntsourankoua.

Dr Hervé Ntsourankoua, pourquoi avoir organisé ce colloque ?

Le CART a organisé ce colloque en tenant compte de l'aspect mémoriel qui demeure, jusqu'à ce jour, sujet à discussion susceptible de mettre en discorde plusieurs protagonistes. Jusqu'alors, nous constatons qu'il existe une majorité de personnes qui est convaincue à tort ou à raison qu'il s'agissait d'une énième escroquerie de la France coloniale d'antan. Des suspicions nées parce que le royaume, tel qu'il était organisé à cette époque, n'avait pas besoin d'un De Brazza pour continuer à exister. Est-il besoin de le rappeler, ce royaume semble-t-il existait déjà au XVe siècle d'après la concordance des recherches des historiens ayant travaillé sur ce pan de l'Histoire ?

A vous entendre, le traité de Mbé est mis en cause ?

En réalité, les travaux de notre colloque ont démontré qu'il existe six traités signés à Nduo par les vassaux. Le Makoko n'en a signé aucun et le parlement français, de son côté, avait « ratifié » un. L'histoire attribue la dénomination du traité de Mbé parce qu'à l'époque Mbé était bien la capitale du royaume téké.

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Quelles sont les conséquences après la conférence de Berlin de 1884 ?

Effectivement, les conséquences les plus visibles ont été de permettre aux décideurs de cette conférence, d'une manière unilatérale, de diviser le royaume téké en micro États dénués de leur influence d'antan ; de séparer les familles et de saborder, par la même occasion, le royaume téké, l'un des mieux organisés en Afrique subsaharienne.

Comment comptez-vous capitaliser sur les actes de ce colloque ?

Sur le plan associatif, ce colloque a amélioré la visibilité du CART. Nous avons augmenté le nombre d'adhérents d'une manière significative. Il nous a permis également de formuler certaines recommandations pour lesquelles nous souhaitons être entendus par nos gouvernants. À l'issue de nos travaux, les objectifs du CART sont connus de tous, à savoir mener les actions de valorisation du royaume téké telles que la rédaction du code royal, de la charte des dignitaires et surtout la construction d'un musée royal à Mbé, capitale du royaume téké.

Connaissez-vous la cartographie actuelle des ressortissants issus du royaume Téké ?

Oui, cartographier les sites actuels des ressortissants de ce royaume était également une préoccupation de nos travaux. Nous avons pu établir que le royaume téké avait cinq entités distinctes : l'État de Mbé qui va de Mikolé (République démocratique du Congo (RDC) à Mbouambé ; l'État de Mfoa qui part de Mikolé, Loufoulakari jusqu'au nord du Kassai ; l'État de Nko, qui part de Mayama, Mouyondzi, Sibiti et Komono ; l'État de Mboon qui part de la Léfini jusqu'à Lékana et l'État de Nguégwel qui va de la Nkéni à la zone Tégué (actuel Gabon).

En un mot, on retrouve les ressortissants tékés dans espaces allant de l'Ouest de la RDC en passant par le centre et le Sud du Congo jusqu'au Sud-Est du Gabon.

Nous comptons réunir les représentants au sein du CART afin de mieux travailler sur le devoir mémoriel et construire un avenir radieux en mémoire de nos prédécesseurs.

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