La perpétuité pour Philippe Manier. Au terme de sept semaines de procès, la cour d'assises de paris a reconnu l'ex-adjudant chef de la gendarmerie de Nyanza, au sud du Rwanda, coupable de génocide et crime contre l'humanité, notamment pour son implication dans trois massacres sur les collines de Nyabubare, Nyamure et à l'institut d'agronomie Isar Songa. Il a été condamné à la peine maximale.
La cour a suivi les réquisitions du parquet qui avait décrit Philippe Manier comme « un maillon fondamental de la mise en oeuvre du génocide ». C'est effectivement en « agent zélé » des massacres que le président a décrit Philippe Manier à l'énoncé du verdict, soulignant que l'ancien gendarme avait non seulement trahi sa fonction de protection des populations, mais joué un « rôle déterminant » dans « l'extermination d'un nombre vertigineux de victimes ».
Ainsi, « vous n'avez pas hésité à utiliser des armes de guerre » et « à user de votre autorité auprès des civils pour en faire des exécutants efficaces d'un plan haineux visant à ne laisser aucun survivant » a asséné le président. Dans le box, Philippe Manier, comme durant le procès, est resté sans réaction, tout juste a-t-il baissé la tête, à mesure que tombaient les décisions de culpabilité pour la quasi-totalité des chefs d'accusation.
Or cette attitude distanciée a pesé dans la sentence. Car pour expliquer la peine maximale, outre la gravité des faits et le rôle moteur joué par l'accusé, le président a mis en avant son comportement durant l'audience. Aux yeux du magistrat, Philippe Manier est apparu comme « une personnalité complexe et manipulatrice », « enfermée dans ses mensonges », « incapable d'assumer sa responsabilité face à l'énormité des crimes commis » comme de « manifester des remords sincères » envers les victimes.
Déjà, on avait à faire à un gendarme, donc à une autorité, et surtout pas à n'importe quel gendarme. Le président l'a rappelé dans son délibéré, en disant qu'il avait un rôle d'autorité au sein de la gendarmerie parce qu'il était gradé. C'était un des sous-officiers. Mais il avait aussi une autorité morale de facto auprès de la population en sa qualité de gendarme et du fait de sa personnalité. Parce que c'était quelqu'un de connu et reconnu dans la région avant le génocide. Donc je pense qu'on est pas sur le petit poisson que la défense a voulu nous présenter.
Du côté des parties civiles justement, le verdict a été synonyme de soulagement et de joie, manifestés par des chants de victoire entonnés sur les marches du palais.
Je dirais : "mission accomplie". Je ne peux pas dire qu'on se réjouisse d'une telle décision parce qu'envoyer quelqu'un en prison pour le restant de ses jours c'est quand même une décision gravissime. Mais dans la mesure où notre combat est pour les victimes (...) le fait que leur bourreau est reconnu coupable, ça va être pour eux une immense satisfaction.