Cameroun: Refondation du Gicam - La reprogrammation du patronat camerounais s'enracine à la vallée de Bana

Des rapports de complémentarité et d'interdépendance entre les mastodontes de l'industrie et les petites et moyennes entreprises comme « le moteur d'une croissance soutenue de l'économie » pour un développement équitable et responsable.

«Le décor a été planté. Notre économie a besoin d'un nouveau souffle. Nous pensons trouver ce nouveau souffle dans une économie plus collaborative, plus altruiste. Nous avons besoin de nouveaux champions. Il y a lieu de penser que l'avenir sera plus meilleur. » Telle est la conviction de Jacques Jonathan Nyemb, avocat d'affaires et président de The Okwelians et promoteur du concept Think to Tank en vue de la refondation du patronat camerounais. Elle a été soutenue le samedi 24 juin dernier à Bana dans le cadre la deuxième phase des ateliers programmés en vue de la refondation du patronat camerounais.

Un exercice qui a mobilisé de nombreux experts qui, en majorité, veulent replacer les petites et moyennes entreprises au centre de la relance de l'économie nationale. Ils ont remué leurs méninges et échangé sur le thème « refonder le patronat » avec pour axe principal, « repenser la représentativité des organisations patronales au coeur de l'économie camerounaise ». Suivant cette logique, Jean-Marie Biada, expert Certifié ONUDI en Diagnostic et Mise à Niveau des Entreprises chez New Generation Firm, questionne « la représentativité du patronat » comme moteur de la relance économique. Il identifie la petite et moyenne entreprise comme « le moteur d'une croissance soutenue de l'économie ». Il plaide pour la mise sur pied d'un partenariat « tandémiste » et non « bicéphaliste ». Ce qui implique que le capital doit être au service de l'humain et non le contraire.

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Des Pme liquides et compétitives

Selon cet expert, pour « une économie de performance, croissance et partage équitable des richesses », l'entreprise doit être décongestionnée et segmentée au plan horizontal comme vertical. Il prône pour l'existence des mastodontes industriels adossés sur des petites et moyennes entreprises avec lesquelles, ils entretiennent des rapports de complémentarité et d'interdépendance. Plus simplement, il fait savoir que la « grande entreprise » fiable et crédible du banquier devrait pouvoir payer les biens et les services auprès de la petite et moyenne entreprise, question de la rendre liquide et compétitive pour jouer à plein son rôle dans la croissance. Une option que partage le Fo'o Happi Sikam, Roi des Bana. Invité à cet atelier, l'autorité traditionnelle souhaite que la refonte annoncée du patronat camerounais soit ressentie concrètement dans le panier de la ménagère, au-delà des formules savantes des calculs des économistes.

Répondant à cette préoccupation du Roi des Bana, Jacques Jonathan Nyemb, fait savoir qu'après la phase des ateliers débutés à Yaoundé le 30 mai 2023, avec en prévision les étapes de Ngaounderé, Limbé et la boucle de Douala courant le mise septembre prochain, les promoteurs du concept Think to Tank vont passer à la phase opérationnelle. Ce qui selon Aïcha Noucti Kadji, fondatrice et Ceo du Keuni Foods et Manuella Njankouo, deux jeunes promotrices des Pme dans le domaine de l'agroalimentaire et panelistes à cet atelier de Think to Tank modéré par le journaliste Aloys Onana, demandent plus de visibilité pour les petites entités de production des biens et des services.

Elles plaident pour la mise en réseaux de tous les entraineurs, indépendamment des critères liés à la taille de leur organisation ou du montant de leur capacité à payer des « fortes sommes d'argent » pour leur affiliation et cotisation périodique à l'organisation faitière et inter patronale à l'instar du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Martin Toko, cadre à la Chambre de commerce, de l'industrie, des mines et de l'artisanat(Ccima) apporte des réserves au discours rénovateur et refondateur des acteurs de Think to Tank. Il prévient de tenir compte de l'existant avant d'envisager une refonte totale du patronat camerounais.

Priorité au marché local ou africain

Valère Mboutcho, promoteur de l'entreprise opérant dans le digital, se demande comment organiser la relance et la croissance des entreprises camerounaises faces à la corruption généralisée orchestrée et actée par les fonctionnaires de la police, de la gendarmerie, de l'administration fiscale et de la douane camerounaise. Yannick Nanseu, fonctionnaire de ministère de la Décentralisation et du développement local trouve que l'Etat dans le cadre de la loi du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées a institué des mécanismes de transparence et redevabilité de gestion de la chose publique.

En qualité d'acteur de la société civile, les organisations patronales devraient participer au processus décisionnel en matière de développement local, en étant moins à la solde des fonctionnaires véreux et corrompus. Une participation efficiente à « l'accélération de la transformation de l'économie camerounaise » qui, selon Aicha Kéou demande au chef d'entreprise de comprendre que « le premier capital, c'est le mental ».

Tout comme, d'après Joël Sikam , président directeur général de Fiasco Sarl et membre de Think to Tank , « le capital doit être eu service de l'homme. Il plaide pour que production soit d'abord pour le marché local ou africain. Et conseille d'éviter des solutions écologiques importés d'ailleurs au nom de la préservation de la biodiversité et de la séquestration du potentiel économique des africains. Pour lui, « le nouveau model doit replacer l'entreprise au centre de cette démarche ». Loin des schémas d'une économie extravertie.

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