Une réfugiée soudanaise avait saisi la justice française après la destruction des passeports de ses filles lors de l'évacuation de l'ambassade de France à Khartoum, en avril dernier. Le tribunal administratif de Nantes lui avait donné raison et ordonné aux autorités de délivrer des documents de voyage. Or, depuis, rien n'a été fait. Son avocate a donc de nouveau saisi la justice.
L'avocate de Ranya, la mère des deux filles, ne comprend pas. Après la décision du Tribunal administratif de Nantes, le 15 juin, lui donnant raison, elle a plusieurs fois tenté de s'informer auprès du ministère des Affaires étrangères sur les suites que ce dernier entendait donner à son affaire.
L'ordonnance rendue reconnaissait en effet, dans la destruction des passeports des deux enfants de Ranya à Khartoum, « une atteinte grave et manifestement illégale au droit » de leur mère à « mener une vie familiale normale », ainsi qu'à l'« intérêt supérieur » des jeunes filles. Un laissez-passer devait, selon l'ordonnance, leur être remis « dans un délai de 72 heures ».
Or les quatre sollicitations de Me Héloïse Cabot, les 16, 20, 26 et 27 juin, n'ont obtenu aucune réponse. Pas plus, à cette heure, que les sollicitations de RFI auprès du ministère de l'Intérieur, auquel a renvoyé le porte-parolat du Quai d'Orsay.
L'avocate, ce jeudi 29 juin, a donc de nouveau saisi le tribunal administratif en « référé-liberté », comme la première fois. Elle demande des « mesures immédiates » pour que l'ordonnance soit exécutée. « Et qu'au moins, dit-elle, le gouvernement français prenne attache avec les filles, leur mère ou moi ».
De leur côté, les jeunes filles, veillées par leur grand-mère et deux tantes, sont toujours coincées à Wadi Halfa, à la frontière soudano-égyptienne. Ranya, de son côté, ne peut même pas se rendre en Égypte pour se rapprocher d'elles, faute d'avoir pu encore obtenir un document de voyage permettant aux réfugiés de circuler à l'étranger.