Burkina Faso: Contrôle de présence et de rémuneration des agents publics - Le gouvernement à eu le nez creux

L'opération de contrôle de présence et des éléments de rémunération des fonctionnaires, qui s'est déroulée durant les mois d'avril et de mai, a permis à l'Etat d'économiser plus de 8 milliards de F CFA.

C'est du moins ce qu'a déclaré le ministre en charge de l'économie, Aboubakar Nacanabo qui, tout en se félicitant du succès de cette première phase, a laissé entendre ceci : « Cela veut dire que c'était des rémunérations indues qui étaient payées et qui ont été corrigées (...) Après cette première phase, il y aura une deuxième qui va concerner les agents de la santé et une troisième qui concernera l'armée ».

Pour ma part, je traduis tout mon soutien aux autorités de la transition qui ont eu le nez creux en initiant une telle opération de contrôle qui, au regard des premiers résultats obtenus, avait toute sa raison d'être. Je me demande même s'il ne faut pas instaurer le principe du contrôle au bout de chaque deux ans. Car, comme on le sait, l'Etat est, pour certains, une vache à lait qu'ils n'hésitent pas à traire au maximum quand ils en ont l'occasion.

Ce n'est pas moi qui le dis ; tant les faits parlent d'eux-mêmes. En effet, on sait qu'il y a souvent des gens qui ne sont plus de ce monde et qui continuent d'émarger au budget de l'Etat. Cela paraît pour le moins invraisemblable. Et pourtant, c'est la triste réalité. Il y a aussi des gens qui sont en disponibilité ou qui ont démissionné mais qui continuent de percevoir leurs salaires à chaque fin de mois. Et ce n'est pas tout. Il y a, en effet, des agents publics qui percevaient des rémunérations indues pendant des mois ou des années et qui jouent à cache- cache.

Il n'est pas question que les uns se saignent pour soutenir l'Etat pendant que les autres se sucrent sur son dos

Cela n'a rien d'étonnant dans un pays où l'honnêteté est perçue comme un délit ; tant la vertu est moquée et ridiculisée. Voyez-vous ? Il faut que cessent de telles pratiques si tant est que l'on veuille mériter notre appellation pour le moins honorable de « pays des Hommes intègres ». Je suis conscient que le changement que j'appelle de tous mes voeux, sera difficile mais je pense qu'à force de persévérer, on va y arriver.

C'est pourquoi j'encourage les autorités de la transition à mettre un point d'honneur à nettoyer les écuries d'Augias. Cela provoquera certes des grincements de dents, mais si c'est le prix à payer pour aller vers une bonne gouvernance, il ne faut même pas hésiter. Car, les mauvaises pratiques ont tellement poussé des racines dans l'Administration publique qu'il est difficile de les combattre sans recevoir en retour des peaux de bananes.

C'est pourquoi je suis très impatient de voir ce que donneront les phases 2 et 3 de l'opération de contrôle dans les secteurs de la santé et de la défense. Je ne devance pas l'iguane dans l'eau mais je me laisse convaincre que là aussi, la moisson sera bonne. Même si ce sont des centimes de F CFA que l'Etat arrive à économiser, c'est toujours bon à prendre, surtout dans ce contexte où le pays, financièrement, est à bout de souffle.

La preuve est que les plus hautes autorités, conscientes de la situation, ont dû lancer un appel à contribution volontaire pour soutenir l'effort de guerre. Il n'est donc pas question que les uns se saignent pour soutenir l'Etat pendant que les autres se sucrent sur son dos. D'où la nécessité d'accentuer les contrôles de tous genres pour minimiser les risques de pillages de nos maigres deniers publics.

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