Le procès Vincent Dabilgou s'est poursuivi, hier jeudi 29 juin 2023, au Tribunal de grande instance de Ouagadougou avec l'audition d'une dizaine de témoins dont les opérateurs économiques burkinabè, Apollinaire Compaoré, président du patronat burkinabè et Mahamadou Bonkoungou, Président-directeur général du Groupe EBOMAF.
Le procès dit Vincent Dabilgou continue de faire défiler des témoins à la barre. Hier jeudi 29 juin 2023 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou, plusieurs témoins ont donné leurs versions des faits reprochés aux prévenus, question de donner des clarifications précises sur les supposées implications dans le dossier afin de favoriser la manifestation de la vérité. Parmi eux, Théophile Degtouma, le directeur du siège du parti politique « Nouveau temps pour la démocratie (NTD) », Apollinaire Compaoré, président du patronat burkinabè et Mahamadou Bonkoungou, Président-directeur général (P-DG) du Groupe EBOMAF. Ces derniers se sont prêtés aux questions du Tribunal. « Avez-vous reçu des motos de la part du NTD que vous avez emmagasinées au siège du parti ? », a demandé le procureur au premier témoin en la personne de Théophile Degtouma. Le témoin s'est empressé de répondre : « Je ne sais pas si ce sont toutes les motos acquises par le NTD qui étaient entreposées au siège, mais je sais que j'ai reçu des motos venues de Watam Kaizer, Mégamonde et New horizon international. Pour certaines motos, le président m'appelait pour me donner instruction de les recevoir. Mais pour ce qui est de New horizon international appartenant à un Indien, la première fois que leur livreur, Seydou Compaoré, est arrivé avec les motos au siège, il m'a dit qu'on lui a dit de venir déposer des motos ici. Et j'ai posé la question qui l'a orienté ?
Il m'a dit que c'est le Directeur administratif et financier (DAF), en la personne de Jean Gabriel Séré. Il nous a livré par deux fois des chargements de 15 motos. Et une troisième fois, une livraison de 6 motos. Ce qui fait un total de 36 engins à deux roues », a relaté le témoin. A la question de savoir à quoi étaient destinées ces motos, le comparant précise que tout cela se passait avant la campagne. Chaque candidat avait du matériel entreposé du côté du siège. Toutefois, pour ce qui est des motos, elles étaient données aux secrétaires généraux des provinces pour la campagne. Pour le procureur, cette déposition du témoin est truffée de faux car l'acquisition des motos n'a jamais été au profit des secrétaires généraux mais plutôt pour corrompre l'électorat. « Nous ne faisons pas la politique mais on sait ce qui s'y passe. Les motos ont été utilisées pour la corruption électorale. Nous sommes tous des habitants de ce pays. Tout le monde dans la salle sait que c'était pour ça », a insisté le procureur. Une observation vivement soutenue par le prévenu Jean Gabriel Séré, soutenant fermement que le témoignage est « archi-faux ».
Qui est le responsable du décaissement ?
Le tribunal a été également étonné de voir que l'ensemble de ses acquisitions de matériel roulant pour la campagne du NTD l'ont été via le compte bancaire du ministère en charge des transports ouvert dans les cahiers de Ecobank. L'audition s'est poursuivie plus tard avec Apollinaire Compaoré, président du patronat burkinabè. A la barre, le président du tribunal voyant l'âge de l'homme d'affaires a demandé qu'il témoigne en position assise. Le témoin a dit connaître le prévenu Vincent Dabilgou. Toutefois, les faits remontent à plus de trois ans et le comparant ne se souvient pas avoir soutenu la campagne du NTD. « L'ASCE-LC m'a demandé si j'ai soutenu la campagne du candidat Vincent Dabilgou à hauteur de 2 millions FCFA. J'ai dit que c'est possible que je l'aie fait, mais je ne me rappelle pas l'avoir fait », a déclaré le patron de Wendkuni Bank. A sa suite, c'est le président du groupe EBOMAF qui a apporté sa part de vérité au tribunal. « Reconnaissez-vous avoir soutenu financièrement ou matériellement M. Vincent Dabilgou lors de la campagne électorale de 2020 ? A cette question du procureur, le témoin est resté formel et catégorique. « Je n'ai jamais soutenu Dabilgou pour sa campagne, sauf si je l'ai fait à un moment où j'étais inconscient. Le groupe EBOMAF que j'ai l'insigne honneur de représenter ne soutient pas de candidature politique. On peut me poser la question plusieurs fois, mais je répondrai toujours pareillement. Je n'ai jamais donné 20 millions à Vincent Dabilgou pour sa campagne, ni offert des motos à l'ex-ministre en charge des transports comme vous voulez le faire croire. J'investis dans l'humanitaire, je fais des dons.
Je me souviens donc avoir aidé des populations de son village mais pas l'homme politique qu'il est », a clarifié l'opérateur économique qui a pris le soin de se faire accompagner par un de ses avocats en la personne de Me Matthieu Somé. Les témoignages suivants ont été ceux des responsables de Mégamonde, Watam Kaizer et autres témoins ayant livré des imprimés (posters à l'effigie des candidats, spécimens électoraux, affiches, dépliants, entre autres). Là également, le constat du tribunal est resté le même, la plupart des paiements se sont effectués via le même compte bancaire du ministère des Transport ouvert à Ecobank. Mais qui de Dabilgou et de son DAF Jean Gabriel Séré est responsable du décaissement de ces deniers publics au profit de la campagne électorale du NTD ? L'audience se poursuit ce matin avec la déposition des derniers témoins puis certainement les réquisitions du parquet et les plaidoiries des différents conseils.