Sénégal: Thiès - L'immolation du bélier, une symbolique pour »tuer nos défauts », selon l'imam Ndiour

Thiès — L'imam de la grande Mosquée de Moussanté de Thiès, Tafsir Babacar Ndiour a décrit jeudi l'immolation du bélier à l'occasion de la fête musulmane de l'aïd-el-adha, appelée Tabaski, comme une symbolique visant à amener le croyant à »tuer », par la même occasion, ses propres défauts.

Tiré de la tradition abrahamique, le sacrifice du bélier commandé à tout musulman qui en a les moyens, au 10-ème jour du mois Zoul-Hijja du calendrier, symbolise la nécessité pour tout croyant de se séparer de défauts comme l'idolâtrie, l'indiscipline, la désobéissance à ses parents, la paresse, l'ignorance, etc., a dit l'imam Ndiour dans son sermon suivant la prière de la Tabaski.

»En tuant le mouton, nous devons tuer en nous tout défaut, parmi lesquels l'ignorance qui caractérise la bête qui a été immolée », a expliqué l'imam Tafsir Babacar Ndiour.

Le musulman doit dès lors chercher le savoir par lequel il évite le péché, mais aussi qui le pousse au travail, base de tout développement. »Le travail nous écarte du vice, nous rapproche de la vertu, augmente notre compétence et notre détermination, tout en nous rendant utile à notre société », a-t-il dit. »Le travail nous épargne aussi de la dépendance que nous avons tuée en tuant le mouton », a-t-il poursuivi.

»(...) le mouton suit son instinct et fait tout ce qu'il veut. Ce que le musulman ne peut se permettre », a-t-il dit, relevant qu'il doit être réfléchi, dans un contexte où »l'esprit partisan détruit le monde ».

L'imam a profité de l'occasion pour fustiger les dégâts constatés lors des manifestations violentes qui avaient secoué le pays en début juin, suite à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Evoquant, par exemple, les archives qui ont été brûlées à l'université, il a déploré des actes d'indiscipline qui nuisent à leurs auteurs et à la société.

S'y ajoute la destruction de moyens de transport en commun, préjudiciable aux personnes à faibles revenus, qui vont encore supporter les frais de leur reconstitution à travers les taxes qui seront encore prélevés sur leurs maigres économies.

»Ceci n'est la victoire de personne et personne n'ose la revendiquer", a dit l'imam Tafsir Babcar Ndiour. »C'est la victoire de l'ignorance sur la sagesse, de l'insouciance sur la raison », s'est-il indigné, estimant que de tels actes n'ont rien à voir ni avec la politique ni avec Dieu.

Fustigeant certains usages des réseaux sociaux qui, selon lui, »rendent les gens impatients, intolérants », il a invité les patrons de presse à recruter des journalistes professionnels qui sont responsables, en lieu et place de personnes sans formation qui profitent des moments de crise pour se faire de l'argent.

Il a rappelé cette vision islamique du pouvoir selon laquelle, c'est Dieu qui »donne le pouvoir qui Il veut et l'arrache à qui Il veut ». »Quand ton règne est fini, personne ne peut t'y maintenir, de la même façon ni les plans, ni la popularité ne donnent le pouvoir », a-t-il dit.

Soulignant l'importance de la paix comme préalable à tout développement, l'imam a invité les musulmans à la cultiver, dans un contexte où "la guerre civile est possible dans tous les Etats du monde".

Idrissa Seck qui a prié à la mosquée de Moussanté auprès d'autres personnalités politiques, a souscrit au message de l'imam, le résumant en deux volets : »repousser tout méfait et attirer tout bienfait à la société ».

Le maire Babacar Diop a retenu, entre autres, cet appel au travail, estimant qu'en devenant maire de Thiès, il a compris que le principal problème du pays est que »les gens ne travaillent pas assez ». Pour lui, l'envol du pays est freiné par des détournements de deniers publics, des gens qui gèrent des intérêts personnels ou de groupe, qui s'occupent de politique politicienne et de clientélisme.

»Ce ne sont ni les ressources économiques, ni les ressources humaines qui nous manquent, notre problème c'est nous », a-t-il dit. Il a noté que sans paix, aucun développement n'est possible. Le maire n'a pas manqué toutefois de relever que la paix repose sur la justice sociale.

Le directeur général de l'AIBD Abdoulaye Dièye s'est lui appesanti sur l'éducation des enfants à la droiture, qui peut épargner le pays de certains actes indignes d'un pays de croyants comme le Sénégal.

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