Madagascar: Le Rova de Madagascar dans les années 1950

Sur la plus haute des « Douze Collines sacrées »(1468m) de l'Imerina, appelée Analamanga, se dresse Manjakamiadana qui domine le Rova d'Antananarivo, devenu Rova de Madagascar. « Par-delà quelques degrés, une sorte d'arc de triomphe, porte monumentale que l'étiquette ancienne voulait que l'on franchît du pied droit, en commande seule l'entrée. Un aigle de bronze aux ailes déployées, emblème de la dynastie hova (merina), la survole » (Urbain-Faurec). Au début du XVIIe siècle, Andrianjaka, fils et successeur de Ralambo, qui règne sur Alasora et sur Ambohidrabiby, entreprend la conquête d'Analamanga vers 1610, et défait son roi, Andriampirokana, et les Vazimba, ses premiers habitants.

Aussitôt, il fait déboiser et dénuder le plateau et l'entoure de pieux. Il fait construire deux grandes cases, dont les traces de l'une, « Besakana », subsistent encore dans les années 1950. Puis cédant à « l'impérieux devoir du culte des ancêtres », il désigne l'emplacement des « Fitomiandalana ». En 1952, le Rova est constitué « d'un ensemble de petits palais, de pavillons et de monuments disparates». Car chaque souverain semble avoir eu à coeur de laisser trace de son règne par au moins une construction nouvelle. A cette époque, le mur d'enceinte érigé par Ranavalona Ire lors de son avènement, écroulé par endroits, encore surmonté d'énormes pieux de défense à d'autres, entoure le Rova. De plus, la grande cour d'honneur, jadis plantée d'arbres et ornée de parterres, est vide et nue. Seul le côté ouest qui surplombe la ville, est alors longé d'une allée de ficus au feuillage toujours verdoyant.

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À gauche, les tombeaux des Rois et des Reines qui assurent la dynastie merina, surélevés sur un socle de maçonnerie dominent la cour. Urbain-Faurec en fait la description. L'un de ces tombeaux, d'architecture fantaisiste, mi-hindoue mi-chinoise, protège l'entrée du caveau où sont cachés Andrianampoinimerina, Radama Ier et Radama II. Le deuxième, de style nettement plus malgache et rappelant les cases primitives, abrite les tombes de Ranavalona Ire, de Rasoherina, de Ranavalona II et de Ranavalona III. « Les restes de ces souverains furent déposés, le 15 mars 1897, sur les ordres du général Gallieni qui les fit transférer, en grande pompe, des tombeaux d'Ambohimanga, la ville sainte située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, berceau de la dynastie et Saint-Denis malgache des souverains défunts. » Toutefois, les restes mortels de Radama II sont ramenés d'Ilafy où il a été « caché ». Et ceux de Ranavalona III sont translatés directement d'Algérie en 1938. Derrière ces tombeaux, dans le calme du jardin fleuri, s'alignent les « Fitomiandalana », surmontés de modestes pavillons de bois. Ces sept tombeaux contiennent les restes d'Andrianjaka et de ces descendants.

Ces monuments funéraires se trouvaient avant l'occupation française plus rapprochés qu'ils ne le sont, du centre du Rova. Ils sont aussi déplacés par le gouverneur général Gallieni. Et au fond de la cour d'honneur, se dresse la monumentale construction du Grand Palais. A droite, près de la nécropole royale, s'élève la Tranovola , Maison d'argent. Le premier édifice qui porte ce nom, bâti au même emplacement, est l'oeuvre du maitre-charpentier, Louis Gros ou Legros, un Français que Radama Ier emploie à Antananarivo pendant six années et à qui il commande ce Palais pour sa femme sakalava du Menabe, la princesse Rasalimo. L'intérieur est tapissé de nattes. Les incrustations d'argent qui l'ornent, une rangée de clochettes d'argent sur le toit, lui donne son nom. Dans les années 1950, il n'y a plus trace de ces décorations. En fait, il y a eu deux Tranovola édifiés au même endroit. L'édifice, reconstruit en 1845 par Ranavalona Ire pour son fils Rakoto, est également en bois, en forme de case. Il ne comporte que trois pièces superposées, mais de vastes dimensions, autour d'un pilier central. Un entourage en bois formant véranda, remplace l'entourage de pierre du Grand Palais. « La salle du rez-de-chaussée est curieusement décorée de fresques naïves qui représentent des Rois et des Reines en somptueux uniformes de l'époque et le défilé amusant des divers éléments de l'ancienne armée malgache. » Ces décorations sont nettement inspirées de « l'imagerie d'Épinal ».

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