Consternés. Un groupe de visiteurs arrivé récemment dans la cité du soleil a été refroidi en voyant la scène du côté de Mahavatse. Des hommes et des femmes font leurs besoins sur le bord de la mer profitant de la marrée basse. Les visiteurs étaient à bord des véhicules les menant vers les vedettes rapides pour les conduire à Anakao.
Il faut en effet traverser quelque 200m avant d'atteindre les vedettes qui ne peuvent se poser que sur de l'eau. « Avez-vous vu ce que j'ai vu », s'écrie un des membres du groupe en voyant des personnes déféquer en plein jour sur les eaux de la station de pirogues de Mahavatse. Le groupe de quinze personnes a été ahuri. D'autres se sont vite lancé dans des blagues sur les poissons qui sont alors « bien nourris » afin de réduire un tant soit peu le dégoût des autres membres du groupe.
La scène est pourtant quotidienne sans parler des ordures entassées non loin de la station des vedettes rapides. Le stationnement des pirogues à destination du littoral sud se trouve non loin et abrite à la fois le stationnement des charrettes à zébus. La saleté est ainsi à son comble avec la dizaine de zébus, les détritus laissés par les passagers et les défécations à l'air libre. Les mangroves derrière le beau jardin de la mer deviennent également des toilettes publiques à ciel ouvert, au vu et au su des commerces riverains, de la police municipale et des autorités locales.
Mentalité
Pas plus tard qu'à la célébration de la fête nationale du 26 juin, le grand bar à ciel ouvert de « Filongoa » au bord de la mer, n'arrivait pas à contenir la foule, pressée d'aller aux toilettes. Les trottoirs de devant devenaient alors des pissoirs géants. Le front de mer du fokontany d'Ankiembe sert aussi de toilettes le matin.
Sans parler des bords menant jusqu'à Ambohitsabo, l'odeur devient invivable dans ces quartiers longeant la mer. Faute de canaux d'évacuation aux normes, les habitants des divers quartiers de Don Bosco, Motombe, Tsienengea, Ambalanombikamoa entre autres, jettent les eaux usées soit dans les ruelles, soit sur la chaussée. Les ordures dans ces quartiers ne sont pas collectées et s'entassent près des habitations.
« C'est une question de mentalité », répond l'adjoint au maire, Patrick Manasoa, en charge de la voirie au sein de la commune urbaine de Toliara. « Pour de nombreux habitants, la défécation à l'air libre et au bord de la mer est tout à fait normale car pour eux, la mer emporte les saletés », explique-t-il. A lui d'ajouter que son équipe fait souvent face à de la résistance car pour nombreux individus de Toliara, « ce n'est pas au maire actuel de changer les choses ».