Congo-Brazzaville: Ben Moukasha - « Les autres musiciens doivent emboîter le pas à Roga-Roga »

interview

Le concert de Roga-Roga de l'orchestre Extra Musica Zangul, au stade Alphonse-Massamba-Débat de Brazzaville, le 24 juin, avait mobilisé plus de monde que prévu. Pour la réussite de cette prestation, il a recouru aux leaders d'opinion comme Krish Ndjora, Filizioni et Ben Mukasha. Président de la Sapologie à vie, membre de la diaspora congolaise résidant en France, Ben Moukasha nous a livré, à coeur ouvert, le secret du succès de ce grand événement. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : M. Ben Moukasha, vous êtes Congolais résidant en France mais vous avez effectué le déplacement à Brazzaville pour assister au concert de Roga-Roga. Quel a été votre apport dans la réussite de cet événement ?

Ben Moukasha (B.M.) : Depuis Paris, nous avons fait ce qu'on appelle "la campagne à la Rogacienne". Nous avons parlé de cela tous les jours. Ce qui a fait que quand nous sommes arrivés 24h avant le concert, nous avons fait un carnaval. En tant que leaders d'opinion avec Filizioni, nous avons fait le tour de Brazzaville pour dire à tout le monde que c'est un grand jour, un grand moment. Parce que dans l'histoire de la musique congolaise, depuis la proclamation de la République du Congo le 28 novembre 1958, c'est pour la première fois qu'un musicien de Brazzaville a joué avec son orchestre au stade Massamba-Débat, draînant une telle affluence. Ce n'est pas une mince affaire. Comme nous sommes de la diaspora congolaise, nous accompagnons cela pour dire que le Congo ne tombera pas. Ce, peu importe les divergences. Quand il s'agit du Congo, il faut qu'on soit là tous, il faut que l'on soit un.

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L.D.B.C. : Votre appréciation de cette prestation ?

B.M. : Il faut dire que le stade était archiplein. Je dirai que c'est cela le Congo que nous voulons, celui qui est à même de relever le défi. Il faut donc aller de l'avant. Roga-Roga a joué, il faut que les autres musiciens emboîtent le pas et que le peuple les soutienne.

L.D.B.C. : Quels liens faites-vous entre la sape et la musique ?

B.M. : La sape est la jumelle de la musique. D'ailleurs, nous l'avons même accompagnée lorsque la rumba entrait au patrimoine immatériel de l'Unesco avec le Bachelor et le ministre Henri Ossebi qui est un monsieur de haute culture. Nous voulons aussi que la Sapologie, étant sa soeur jumelle, entre à l'Unesco. Nous l'avons demandé. Nous nous battons et nous gardons foi que nous allons y arriver. J'en suis convaincu.

L.D.B.C. : Pour finir ?

B.M : Je dirai que je reviendrai ici pour aller à Kinshasa où il y aura un grand festival de la Sape qui va se démarquer des autres. Nous n'irons pas pour faire la "diatance" comme nous savons le faire, mais il va réunir les stylistes modélistes et les designers de toute l'Afrique. Parce que Batcheli nous a dit que nous devons arrêter l'hégémonie occidentale. L'objectif est d'amener le monde à comprendre qu'un Africain peut librement vendre ses vêtements aux Champs Elysées. Nous devons affronter ces habilleurs de grande marque sur la place de Paris, en exportant nos propres griffes. Il y aura à cette rencontre les sapeurs de renom comme Koko Waya, Djo Balard, moi-même et bien d'autres dont je garde encore la surprise. Il est donc temps d'arrêter avec les griffes occidentales. Après ce festival, nous ferons le tour de l'Afrique pour appeler cette jeunesse au ressaisissement face à cette hégémonie occidentale. Pour votre information, Batcheli a une grande maison de couture au Sénégal avec des machines modernes toutes neuves. Cela sera inauguré le jour du festival. Il faut surtout retenir que dans le cadre de cette perspective, Djo Balard est déjà en tournée pour sensibiliser la communauté de la Sape dans d'autres pays.

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