Ile Maurice: Alliances - Tendances et positionnements

Face à un gouvernement répressif, qui peine à voir la peur qui s'est installée au sein de la société eu égard aux écarts des policiers qui ne veulent plus collaborer avec le Directeur des poursuites publiques (ce qui débouche sur une grave crise constitutionnelle), il y a des signes d'impatience pour finaliser et officialiser l'alliance de l'opposition. Même si la victoire de celle-ci n'est pas acquise, sa formation pourrait cristalliser les agents éparpillés dans les différentes circonscriptions.

L'état de santé de Paul Bérenger, qui était admis en clinique la semaine dernière, est mis en avant dans les milieux concernés pour expliquer la non-concrétisation de cette plate-forme élargie (composée du PTr-PMSD, soit l'ex-Alliance Nationale de 2019, plus le MMM). La question posée parmi les faiseurs d'alliance : Paul Bérenger pourra-t-il rempiler pour les prochaines législatives ? Son absence éventuelle va fragiliser le MMM dans la laborieuse négociation du nombre de tickets, même si quelques moyens sont déployés pour monter sa fille Joanna en grade (ce qui n'est pas forcément au goût des quatre leaders adjoints des mauves ou autres 'office bearers').

Seul avec le PTr, les Bleus étaient satisfaits d'obtenir 12 tickets à Maurice et deux tickets à Rodrigues en 2019. L'accord entre Ramgoolam et Duval prévoyait aussi pour le PMSD «cinq ministères, dont le poste de 'Deputy Prime minister' et ministre des Finances et de l'Économie à Xavier-Luc Duval». Mais la victoire de l'Alliance Morisien a déjoué les plans de l'opposition menée par Ramgoolam. Qui, après deux défaites électorales consécutives, est plus déterminé que jamais à reprendre le PMO, en brassant le plus large possible.

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L'opposition toujours menée par Ramgoolam (qui a su s'imposer sur les deux autres chefs ou propriétaires de parti) estime donc que ses chances seront augmentées par l'addition du MMM au bloc et l'usure du pouvoir du régime Jugnauth. Sauf que pour faire la place aux Mauves, il faudra diminuer la part allouée en 2019 au PMSD mais aussi dans celle - forcément la part du lion - réservée aux travaillistes pur sucre. Plusieurs combinaisons circulent dans les cercles proches des différents partis, mais l'on retient surtout le chiffre arrondi (comme pour faire plus lisse) : 30-20-10, même si dans les quartiers les plus conservateurs des Rouges, l'on pousse pour 34-16-10, afin, dit-on, de ne pas froisser les alliés traditionnels du PMSD.

Au sein du MSM et de son trio d'ex-MMM (Collendavelloo-Ganoo-Obeegadoo), l'on redoute plus que tout d'être de l'autre côté de la barrière du pouvoir. La campagne pour déstabiliser l'opposition a commencé depuis longtemps. Surtout au parlement avec un speaker qui expulse à tour de bras toute l'opposition.

Au sein du MSM et de son trio d'ex-MMM (Collendavelloo-Ganoo-Obeegadoo), l'on redoute plus que tout d'être de l'autre côté de la barrière du pouvoir. La campagne pour déstabiliser l'opposition a commencé depuis longtemps. Surtout au Parlement avec un speaker qui expulse à tour de bras toute l'opposition. Même le respectueux Osman Mahomed est mis à la porte, alors qu'il ne fait rien qui puisse justifier une telle sanction. Avec des fonds perdus, le faiseur de merveilles achète les pions faibles des partis de l'opposition et leur demande ensuite d'animer une conférence de presse pour féliciter le gouvernement et critiquer l'opposition. Hier, avant le BP des travaillistes, des photos d'un agent qui a démissionné du PTr en compagnie de Navin Ramgoolam circulait sur la Toile. Le but est de démontrer que l'hémorragie est dans le camp de l'opposition, ce qui empêcherait la concrétisation de leur alliance.

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Jusqu'aux prochaines législatives, beaucoup vont se transformer en analystes politiques, agents des services de renseignement, pronostiqueurs, devins, conseillers en com. Dans la rue, on pose déjà la question : alors, qui va gagner ? Quand l'on m'interroge, je tends à répondre : «C'est serré, on peut difficilement prédire, tout peut arriver.» Mais, insatisfaits de cette réponse, l'on revient, encore une fois, assez vite à la charge, certains même avec des résultats détaillés, des explications simples, des scénarios tout faits, sortis du studio de leur imagination. Pourtant, il y a la perception et la réalité - surtout la réalité de cette masse silencieuse (elle-même un bloc qui n'est pas du tout monolithique), celle qui ne se rend pas aux meetings, congrès, réunions : celle qui n'interpelle pas dans la rue ou qui n'anime pas des conférences publiques dans des tabagies, autobus ou salons de coiffure...

La perception et la réalité peuvent, parfois, se rejoindre mais, à la base, elles ne reposent pas sur la même chose. La première est fondée sur ce que l'on voit (par exemple sur la MBC) et ce que l'on croit savoir (via l'anecdotique, au hasard de nos rencontres et lectures). La réalité, elle, est considérée comme un critère de vérité (et l'on sait qu'il n'existe pas une, mais plusieurs vérités qui s'opposent). La réalité repose sur des faits concrets, peut-être pas exacts mais mesurables, tangibles et vérifiables ; c'est en somme l'adéquation de la pensée et des faits ou chiffres. En sciences sociales, l'on fait souvent ressortir que «la vérité est une approximation, par 'rectifications' successives, d'une réalité qui se construit progressivement». Un sondage sérieux pourrait, peut-être, mieux nous informer sur les tendances des uns et les positionnements des autres. Ce ne serait, à n'en point douter, que la photographie d'un moment. Une photographie qui peut changer à la dernière heure, comme en 2019.

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