Ile Maurice: À l'ordre du jour - «Let's have a party!»

C'est la grande mode. Finies les «surprises-parties» innocentes. De nos jours, surtout pour les plus hauts placés, le mot de passe est : let's have a party, ce que le défunt leader italien avait baptisé bunga bunga*. Pas besoin de traduction. L'échevelé Boris Johnson en a fait les frais, puisque le Parlement britannique a sévi. L'Italien a multiplié les frasques, mais le Parlement italien n'a jamais pu le mettre au pas. Quant à l'ancien président américain Donald Trump, malgré les multiples inculpations, il s'en sort, grâce à une armada d'avocats coûteux; mais le Congrès américain ne semble pas vouloir lâcher le morceau. Quel enseignement tirer de toutes ces affaires ? Il y a Parlement et... Parlement. Seule le Royaume Uni, dont le modèle parlementaire reste un exemple de probité, se tient droit dans ses bottes. Péna badinaz ! Ailleurs, c'est une autre paire de manches dans des Parlements, dits démocratiques.

Boris aux cheveux hirsutes. Un cas au pays de Sa Majesté. Tel un poêle en téflon, il résiste à tous les scandales qui écornent l'image de l'Angleterre. Il tient des propos choquants. Lui, un cas contact, refuse de porter un masque en visitant un hôpital. Sa déclaration sur la pandémie de Covid-19 : «Plus de put*** de confinements. Laissons les corps s'empiler par milliers.» Au Parlement et, pour le peuple, il passe pour un clown. Sa grande erreur, c'est d'avoir organisé au 10, Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre, des «parties» et fêtes à l'heure même où les Anglais subissent le confinement. «Bring your own booze», sans oublier fromages et vins.

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Il en organise même à la veille des funérailles du prince Philip, consort de la reine. Cheveux blond platine ébouriffés, Boris Johnson, Premier ministre aujourd'hui déchu, apparaît à l'écran en tant que cantinier, boxeur, contrôleur de brocoli, fermier, testeur de bière, gardien de but. Il finit par scandaliser son propre parti, les Conservateurs. Il claquera la porte et démissionnera du Parlement. Il traitera son remplaçant, son ex-ministre Rishi Sunak, de «traître». Il a dû s'expliquer officiellement devant la commission d'enquête de ce même Parlement. Ce dernier a réagi promptement et il en a pris pour son grade. Ça, c'est un Parlement démocratique. Pena katakata. Et le nôtre ?

Silvio Berlusconi, «il Cavaliere», c'est-à-dire le chevalier, décédé le 12 juin dernier, avait une fortune estimée à 6,8 milliards d'euros. Il fait fortune dans l'immobilier, en achetant un réseau de chaînes de télévision et en rachetant le club de football AC Milan. Il fonde son propre parti politique, Forza Italia. Son sourire carnassier cache la chirurgie esthétique sur son visage toujours bronzé. Berlusconi multiplie ses déclarations racistes, sexistes et malpolies. On ne compte plus ses abus de pouvoir à la tête du gouvernement italien, ses fraudes fiscales, ses incitations à la prostitution. Il sera même poursuivi pour relations sexuelles avec une mineure. Il aime les très jeunes femmes, et achète le silence des tribunaux et l'expertise de ses avocats. Il multiplie les gaffes. À un sommet européen, il fait le signe des cornes (cocu) au ministre espagnol des Affaires étrangères. Lors de la visite de Tony Blair, il se déguise en pirate avec un bandana. Il fait des sorties racistes contre Obama. Au Conseil européen, il propose le rôle de kapo (gardien et tortionnaire allemand dans les camps nazis) au président allemand. En visite aux États-Unis, il détaille de la tête aux pieds Michelle Obama. Après une victoire de l'AC Milan, il promet un car de prostituées aux joueurs de son équipe...

Le sulfureux Italien devient célèbre dans le monde pour ses partouzes dans ses villas privées. Autour des piscines, des jeunes filles en mini-bikini, des escort girls, un homme nu passant devant les caméras des paparazzi (chasseurs d'images à scandale). Au programme, le sexe, et le menu s'intitule bunga bunga. Grâce à ses contacts et contrats, il fournit même des prostituées à ses amis. Ce qui n'empêche pas des millions d'Italiens de voter pour lui alors qu'il est au zénith. Le Parlement italien n'aura vraiment pas pu le combattre. Faites la comparaison avec le Parlement britannique.

Trump accusé d'espionnage. Plus les chefs d'accusation s'accumulent (37) contre lui, sans oublier ses multiples affaires compromettantes, plus la cote de popularité de l'ex-président à la houppe blanche monte. Il veut se représenter aux présidentielles sous prétexte que Joe Biden a triché au dernier scrutin. Il est très populaire au sein du parti républicain, où ses adversaires, tels que De Santis et Pence, ne pèsent pas lourd face au poids lourd Trump. Entre autres délits, il manipule ses partisans d'extrême droite pour qu'ils aillent carrément prendre possession du Capitole, siège du pouvoir aux États-Unis.

Il ne cache pas sa misogynie. Contre les attaques d'une ancienne actrice porno, il dégaine son armée d'avocats grassement payés. À la présidence, il traite certains pays pauvres de «pays de merde». Ses agressions sexuelles s'étalent dans toute la presse, même dans le monde. Le soir du concours de Miss USA, il fait irruption dans les vestiaires des candidates. Nouvelle accusation de harcèlement. Sa grande erreur, qui va peut-être lui coûter cher, c'est d'avoir emporté à son départ de la Maison Blanche des cartons pleins de documents classifiés secrets dans sa villa. On en a retrouvé même dans ses toilettes. Une affaire d'État puisque ces documents top secret concernent des sujets très sensibles, tels que le nucléaire en Iran. C'est une première aux ÉtatsUnis qu'un président soit poursuivi pour infraction à l'Espionage Act. Il aura beau hurler à la chasse aux sorcières, mais, cette fois-ci, Donald Trump risque très gros. Adieu les parties fines !

Nos «parties» locales

Notre île n'aura pas échappé à cette mode. Les médias ont accordé une large place aux «parties» où l'on aurait noté la présence de notre ancien Premier ministre. Il s'est même excusé auprès de son épouse pour ses écarts qui ne seraient pas passés inaperçus. Notre pays abrite aussi des paparazzi et les smartphones sont des armes redoutables utilisées avec discrétion. Que des fêtes entre amis ? Mais, actuellement, c'est la Black Label and Stag Party, qui intrigue à la fois les autorités et les médias. Tout en tenant compte de la présomption d'innocence, des accusations ont été proférées ou, si vous préférez, alléguées, à l'encontre de personnalités politiques, dont un ministre et un PPS. Ils auraient participé à une soirée qui agrémentait une partie de chasse aux cerfs. Ils seraient venus sur place participer au gueuleton pendant que leurs sbires auraient touché un gros pot-de-vin concernant le bail sur ce terrain de chasse. Ils vont certainement... bramer leur innocence, mais la différence avec le Parlement britannique est que cette affaire, comme d'autres, traîne en longueur. «Delay, delay, delay.» Une telle party outre-Manche aurait très rapidement été saisi par le House of Commons pour enquête. Pasians géri lagal.

Comme ailleurs, le phénomène des rave parties bat son plein chez nous. Celle au pied du Morne en plein air est connue. Seuls les initiés sont avertis le jour même vers 17 heures, du lieu de libation et de danse en transe. Rien à signaler, sauf que, dans ces rave parties circulent certaines drogues qui décuplent l'ambiance et les musiques en pleine nuit. Exemples: le MDMA qui stimule la dopamine, la cocaïne, le LSD, l'ecstasy avec un DJ étranger pour faire vibrer tout le corps. L'ADSU est sûrement au courant et on repère assez facilement leur présence par leurs vêtements qui font tache. C'est visible.

Certains jeunes plus riches, et souvent d'une même communauté, préfèrent louer un campement dans le sud (Riambel ?) pour leurs «private parties» où l'on retrouve les mêmes produits. Les mêmes avec d'autres jeunes d'autres communautés se retrouvent le samedi soir dans une boîte de nuit à Grand-Baie pour les mêmes trips. Il n'y a qu'à voir les grosses cylindrées sur le parking pour déduire leur statut social. D'ailleurs, tout le monde ne peut pas entrer facilement pour goûter au plaisir défendu.

Et ceux qui sont sans le sou ou que l'on n'admet pas dans certaines boîtes de nuit, comme à Flic-en-Flac ? Ils sont venus pour s'amuser, danser, rire pendant toute la nuit. Ils n'hésitent pas à envahir carrément la route côtière, du moins une partie. Des jeunes filles en mini-mini et leurs amis, bouteille de bière à la main, organisent une party spontanée, alimentée par de bruyantes sonos issues des voitures aux portes ouvertes. On peut comprendre que les trois ou quatre policiers du commissariat situé non loin se contentent d'éviter les débordements.

Met lafaya : c'est bien... party !

*https://www.huffingtonpost. fr/international/article/ les-soirees-bunga-bunga-et-lerubygate-de-berlusconi-cesaffaires-qui-auront-terni-sesdernieres-annees_219102.html

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